Note de la rédaction :
Wùlu, traduction chien, c’est du Bambara langue parlée par la moitié du peuple malien, la langue officielle étant le Français. Ce mot à deux significations l’une spirituelle et l’autre est une insulte… Critique.
Synopsis :
Ladji travaille depuis plusieurs années comme employé dans un taxi à Bamako. Intelligent, il sélectionne les clients afin que le voyage soit le plus rentable possible. Malgré cela, il attend une promotion qu’il ne parvient pas à obtenir : chauffeur. Ne supportant pas cette injustice, il emprunte un autre chemin et devient passeur de drogue.
Critique :
Dès les premières minutes, on prend de plein fouet la puissance des images filmées par Daouda Coulibaly. Ayant vécu dans cette région, j’ai eu l’impression d’être retourné dans cette partie du continent, l’Afrique de l’ouest. Le film à été réalisé en grande partie au Mali et dans un pays voisin pour des raisons de sécurité, suite à un attentat.
Premier long métrage du réalisateur, Wùlu peut nous laisser espérer que d’autres projets cinématographiques se concrétiseront pour lui, car il s’agit d’un film que nous voyons trop peu, à la foi simple et complexe.
Simple, par sa « pédagogie » du transit de la cocaïne au Mali vers les pays voisins : Daouda Coulibaly a effectué un véritable travail d’investigation qui se ressent à l’écran, ce qui nous permet de mieux comprendre les enjeux : corruption, rôle des groupes terroristes, le tout en intégrant au récit des scènes s’inspirant d’un fait réel, le désormais fameux « air cocaïne »…
Complexe, car le réalisateur ne nous livre pas un documentaire mais bien un récit avec des personnages bien écrits interprétés par des acteurs dont on peut saluer la prestation.
L’un des principaux enjeux de Wùlu est de suivre le basculement d’un jeune dans le banditisme et de percevoir comment il parvient à s’adapter à des codes qu’il ne maîtrise pas. De ce point de vue, les aspects psychologiques sont remarquablement retranscrits : le manque de communication entre Ladji et sa sœur, l’amour qu’il éprouve pour celle-ci, cette manière de filmer les visages qui en disent long sur la part d’ombre des personnages…
Sur le plan de la mise en scène, Wùlu propose une immersion intéressante dans l’imaginaire des contes maliens et propose des plans extrêmement intéressants, parfois même glaçants.
La jeunesse malienne décrite dans Wùlu, à qui on n’offre pas de perspectives, permet également de faire le parallèle avec d’autres pays occidentaux où l’on retrouve cette même jeunesse désœuvrée. Tant de potentiels perdus, gâchés.
Cette œuvre engagée, mais jamais moralisatrice, est sans concessions et nous permet de nous interroger sur cette jeunesse sacrifiée en Afrique comme de ce côté de la Méditerranée…