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Wonder woman -film
Note de la rédaction :

39 ans après l’apparition des justiciers en collant dans nos salles obscures, les vieux décideurs d’Hollywood estiment que le public est enfin prêt à tolérer un film de super-héros avec un premier rôle féminin. Parmi toutes les options, le choix ne pouvait que se porter sur la princesse des amazones, la première super-héroïne de l’Histoire : Wonder Woman. Icône féministe et anti-thèse d’un faire-valoir depuis sa création par William Moulton Marston, il y a 76 ans. Le film a donc la lourde responsabilité d’être le pionnier en la matière. L’écriture, la réalisation et la direction artistique seront des modèles à calquer ou non pour les studios désirant mettre sur pied un film de super-héros humaniste et féministe.

En plus de cette ambition affirmée, est venue se greffer une attente conséquente pour tous les spectateurs friands de comic books. Le film s’inscrit dans l’univers partagé de la Distingués Concurrence, le DCEU. Un extended universe constitué d’un film qui ne cesse de diviser, d’une abomination de studio et d’une vaste supercherie (dans l’ordre chronologique des sorties). Le concurrent du MCU ne parvenant pas à trouver son rythme de croisière, Wonder Woman porte donc sur ses épaules l’espoir de renouveau. Une lueur éclatante qui ravivera un DCEU pour l’instant malade et frêle.

Et c’est avec beaucoup de difficultés que le film parvient à atteindre ces glorieuses ambitions.

Première incursion de l’amazone au cinéma, le film devait poser les bases de sa mythologie unique. Et pour y parvenir, on nous sert l’énième origin story débordante de passages obligés. Prenant par la main de la première à la dernière frame, le film ne s’accorde jamais de détour. Et c’est dommage tant on souhaiterait connaître beaucoup plus le fonctionnement et la philosophie du monde des amazones, Themyscira. La phase d’exposition d’une heure se concentre uniquement à passer les paliers d’une structure narrative usée, d’un genre qui n’a que peu de fois osé remanier sa formule.

Il fait au moins l’effort d’être d’une efficacité redoutable. Alpaguant beaucoup mieux son spectateur que le consternant Doctor Strange, le premier tiers du film contient des scènes de dialogue réussies parvenant à développer son propos. Jonglant aisément avec plusieurs figures de style pour délivrer son message, les dialogues tapent la plupart du temps dans le mille. Ils parviennent à s’extirper des pompeuses tirades et des dialogues nécessaires à l’avancée de l’intrigue. On voudrait cependant que le message soit encore plus appuyé car un spectateur distrait passera à côté de certaines idées.

Il n’évitera malheureusement pas les trop nombreuses scènes comiques. Abusant du postulat que Wonder Woman (une guerrière aux pouvoirs divins) ne comprend absolument rien au monde des humains, le film s’enfonce dans de trop longues séquences d’action/réaction dans le but de souligner l’inadéquation du personnage. Avec de-ci de-là quelques hochements de sourcils venant étaler la farce. De plus, Gal Gadot est sur le fil du surjeu à de trop nombreuses reprises lors de ces échanges à la différence des scènes d’action. Là où Chris Pine s’en sort honorablement malgré un texte au ras des pâquerettes. Pour ce qui est du reste du cast, aucun personnage n’arrive réellement à  se démarquer. Le temps d’écran et leurs interactions étant trop légers pour pleinement les apprécier. Frustrant lorsque des acteurs de la trempe de Robin Wright et Ewen Bremmer sont au cast. Et rageant de laisser encore moins de place à l’ami Saïd Tahgmaoui.

Visuellement, le film emploie une photographie à deux faces. Très lumineuse aux couleurs saturées pour Themyscira et du monochrome à la lumière très diffuse pour l’Europe en conflit. Un contraste hélas sans prise de risque. N’importe quel proto film de guerre tend à éclairer le champ de bataille de cette façon. En termes de couleurs, il émane ce qui est devenu depuis Mad Max Fury Road une norme, à savoir la cohabitation orange/bleu.

 

Réalisatrice moins expérimentée que David Ayer ou Zack Snyder sur des scènes de fights, Patty Jenkins nous laissait espérer une vision rafraîchissante. Un regard neuf s’éloignant du combo binaire tir/mort. C’est pourtant ce qu’on trouve dans la plupart des scènes d’affrontement du film. Et lorsqu’elle s’attelle à filmer les amazones, l’ombre de Snyder n’est jamais très loin. Ralentis avec CGI volontairement reconnaissables, travellings circulaires frénétiques. Toute la palette d’effets du réalisateur de 300 est employée. Jenkins marque tout de même le film de son empreinte sur les mouvements des corps lors des combats. A la fois très fluide et déstructurée, elle a définit la gestuelle de Wonder Woman.

La réalisatrice de Monster trouve aussi une fenêtre pour s’exprimer lors de la première apparition de Diana en costume. Moment de grâce porté par un découpage franc et efficace, certains plans semblent être la reconstitution de concepts arts. Cette séquence est aussi marquante par l’interprétation de Gal Gadot à mi-chemin entre l’hésitation et le plaisir d’utiliser ses pouvoirs. La séquence est nappée d’une musique particulièrement épique et reconnaissable. Une partition mature, totalement à l’opposé du riff de guitare ridicule qui introduisait l’héroïne dans BvS.

Par ailleurs, la musique sert dignement le long-métrage en lui apportant une profondeur supplémentaire. Cette séquence reste la plus marquante, en comparaison des autres scènes de combat, des gros soucis de montage venant affaiblir leur fluidité. Faux raccords vestimentaires, erreurs de placement, coupes trop frénétiques : le bricolage pour faire emboîter les plans est trop perceptible.

Wonder Woman n’est pas une réussite, il n’est pas pour autant un fiasco. Il est un divertissement honnête, qui souffre des mêmes défauts que ses camarades de la concurrence. Plus sincère qu’un Doctor Strange, il est une origin story carrée qui marque tout de même par l’audace des messages féministes mais également religieux qu’il transmet. Un long métrage à deux vitesses toutefois agréable tant l’amour porté à son héroïne titre est grand.

Keyser Swayze

Biberonné à la Pop Culture. Je tente d'avoir une alimentation culturel saine et variée, généralement composée de films qui ne prennent pas leurs spectateurs pour des cons. Carpenter, Wright et Fincher sont mes maîtres.

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