Tandis que Tyler Durden s’était rappelé à nous l’an dernière avec un Fight Club 2 des plus pertinents, voici que ses cousins britons viennent nous donner des nouvelles toujours devant la caméra de Danny Boyle. 20 ans ont passé pour Renton, Sick Boy, Begbie et Spud mais le temps ne les a pas assagi.
Passé imparfait
Ce gap de 20 ans, le scénariste John Hodge (déjà auteur du script du 1er film) l’illustre habilement à travers des séquences nous présentant les trajectoires de chacun des personnages. Ces flashbacks donnent des réponse aux questions laissées en suspend à la fin du premier Trainspotting dès le premier acte. Dans le reste du récit, le film se refuse à nous offrir une réunion formelle des protagonistes. Un immense doigt d’honneur tendu à ceux qui espéraient revoir le groupe commettre leurs méfaits comme à l’époque. Malgré tout, c’est bordélique et très corrosif. L’humour fonctionne très bien et rattrape quelques longueurs.
Lust for life
Cependant, le film déborde légèrement le seuil du fan service. Sans gâcher la surprise, le passé revient hanter certains personnages. Des petits shoots, qui, prennent de plus en plus de place dans l’intrigue. De même, quelques lieux et scènes clés du premier réapparaissent tels des fantômes d’un passé qui ronge nos héros. Ce choix n’est pour autant pas gratuit. A la différence des remakes et autres revivals de longs-métrages cultes, Transpotting 2 joue à fond la carte du méta et de son statut de suite inattendue.
Une écriture punk qui fonctionne pleinement dans l’exploration de ses personnages. Un essai sur le concept de suite et surtout comment les personnages peuvent évoluer avec le temps et les rancœurs. Employant le passage de flambeau comme métaphore, il se vautre royalement à donner de l’importance à son message. Les personnages secondaires restant trop en retrait pour complètement toucher du doigt le sens du film.
Picture in picture
La réalisation de Danny Boyle est complètement électrisante. Sur-découpée à l’extrême, elle ne s’attarde jamais sur le superflue, célébrant un esprit fonceur. Boyle s’amuse à utiliser différents types de caméras (GoPro, Canon5D, Arri…) pour montrer l’esprit virevoltant de nos héros. Dans la direction artistique, ce choix apporte une magnifique palette d’images aux définitions inégales. Des défauts apparaissent, donnant une esthétique White Trash baveuse. Ce choix de caméras (proche de la DV) rend la lumière semblable à celle du sitcom. Totalement à contre-pied des péripéties vécues par nos personnages. Le film contient également de nombreux effets textuels. Ces ajouts rendent l’objet beaucoup plus physique qu’il en a l’air et aboutit à une plus forte immersion.
Trainspotting 2 ou T2, c’est l’invitation à des retrouvailles entre potes. Un mail sorti de nul part ou une sonnette qui retenti un bon matin comme si 20 ans n’étaient pas passés. Et même si la réunion d’anciens combattants fonctionne pleinement au regard du jeu d’une sincérité hors normes de tous les comédiens, le film s’entête à vouloir aussi parler à la jeunesse d’aujourd’hui. Le film a une cible prédéfinie de par son statut de suite. Les spectateurs qui ont grandi en même temps que les personnages se retrouveront forcément plus dans ce second opus. Les plus jeunes y verront seulement un film irrévérencieux, jubilatoire à la réalisation furieuse.