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Alors que le Festival Lumière 2016 lui offrait une masterclass avant son grand retour sur les écrans avec son long-métrage, (re)Assignement, penchons-nous sur la filmographie de Walter Hill.


Walter Hill est un réalisateur, scénariste et producteur américain. Il est notamment connu pour avoir produit tous les épisodes de la saga Alien.

Il débute sa carrière au milieu des années 70 et c’est avec son 3ème long-métrage qu’il connaît un rayonnement internationale.

Lancé sur les écrans en 1979, The Warriors, ou Les Guerriers de la Nuit en France, raconte la cavale du gang des Warriors accusé à tort du meurtre de Cyrus, leader du plus puissant clan de New-York. Ce meurtre a lieu durant une réunion visant à unifier tous les gangs de la grande pomme.

Le long-métrage était initialement prévu comme un comic-book movie allant jusqu’à intégrer des planches crayonnées en guise de transitions. Jugeant l’idée trop déroutante pour le public, les producteurs se sont tournés vers de simple fondu au noir. Et c’est cette simple modification qui est en grande partie responsable de l’impact du film dans la pop culture. Plus précisément, dans l’univers du jeu video. Un genre qui a fait la gloire de l’arcade : le beat them all.

Au début du film, les Warriors nous sont exposés un à un, montrant leurs qualités et les faiblesses durant de courtes scènes. Ils arborent tous une excentricité vestimentaire créant une sympathie pour un ou plusieurs personnages. Cette séquence d’exposition sera réemployée dans le beat them all lors de l’écran de sélection de personnage. Permettant aux joueurs et aux spectateurs de trouver son personnage fétiche parmi les membres du gang. Ensuite c’est au tour des autres gangs de nous êtres présentés : des joueurs de baseball, des motards et même des mimes ! Une troupe d’ennemis prête à en découdre avec nos Warriors déambule alors sous nos yeux.

En outre, la mise en scène du premier acte rappelle les prologues vaguement animés des jeux d’arcades au postulat plus que minime. Cette similitude est encore plus troublante lorsque l’on analyse le découpage. Le film de Hill enchaîne une suite de plans ressemblant à des cases provenant d’un comic-book, tout comme les séquences d’introduction des bornes étaient une succession de vignettes. Cette similitude est accentuée grâce à un montage clipesque, à la bande sonore électronique, ne laissant la place qu’à quelques punchlines.
De ce fait, lorsqu’en 1987 sort Double Dragon, les joueurs remarquent des similitudes avec le long-métrage de Hill sorti une décennie plus tôt. Le jeu se déroule dans les quartiers d’une ville Américaine où plusieurs gangs viennent attaquer le joueur durant sa progression.

Yoshihisa Kishimoto, le créateur de Double Dragon, cite bien évidemment The Warriors comme inspiration première. Même si c’est le jeu de 1987 qui restera comme l’adaptation non officiel du classique de Hill, Kishimoto n’a fait qu’améliorer un système de jeu pré-existant.

Sorti en 1986 sur Arcade, Nekketsu Koha Kunio-Kun ou Renegade en occident est le beat them all qui a défini les bases du genre. Le joueur doit se balader dans différents tableaux: le métro, les rues, le bar, les quais. On trouve l’utilisation d’armes ou d’objets trouvés sur le sol. Mais aussi la segmentation en « tableaux » rappelle bien sur Les Guerriers de la Nuit. Dernier élément, le titre présent sur la jaquette américaine du jeu utilise le même design que le titre du film.

titres

Malgré tout, une différence majeure demeure entre Renegade et Double Dragon. La quête du personnage principale. Dans Double Dragon, le personnage doit retrouver sa petite amie, souvent kidnappée par le parrain de la pègre locale. Étonnamment, cette quête chevaleresque est aussi issu d’un film de Walter Hill.


Streets of Fire, sort sur les écrans en 1982. Échec au box-office, le film brille cependant par son casting : Willem Dafoe en grand méchant, Diane Lane en demoiselle en détresse ou encore Rick Moranis dans un rôle à l’opposé de son registre habituel. Le film reste culte pour son ambiance typiquement 80’s et sa direction artistique unique. L’histoire est simpliste, un héros doit retrouver sa petite amie kidnappée par un gang de motard.

Le film fut un énorme puits d’inspiration pour les développeurs de Capcom dans la création du jeu Final Fight. Les noms et apparences de certains personnages, la direction artistique chatoyante. Si vous voulez vous en rendre compte, je vous conseille le visionnage du film disponible chez Wild Side.

A l’heure où les grandes majors commencent à nous bombarder d’adaptation de jeu vidéo considérant ce genre comme la relève, capable de terrasser les péloches super-héroiques, la subtilité dont à fait preuve Kishimoto n’est-elle pas le choix le plus judicieux à faire ?
Aujourd’hui, le jeu vidéo est le médium culturel le plus consommé à travers le monde. Ses codes, ses gimmicks et ses figures font partie intégrante dans notre mémoire collective.

Hors la passivité d’interaction du cinéma n’offre que la frustration lorsqu’il s’agit d’adapter des univers vidéoludiques. Le spectateur n’aura cesse de comparer sa propre expérience de jeu à celle qu’il voit en face de lui.

Cependant, certains auteurs commencent à utiliser ces outils de narration vidéoludique dans leurs production.

Scott Pilgrim VS The World a une trame similaire a celle d’un story mode de jeu de combat.

Guillermo Del Toro, qui entretient des liens étroits avec le jeu vidéo, a utilisé des éléments de point’n’click dans Crimson Peak. Le personnage principale faisant avancer l’intrigue grâce à la découverte et l’utilisation d’objets à des moments clés de l’histoire.

Encore plus récemment, la série Westworld de Jonathan Nolan et Lisa Joy questionne notre rapport au jeu vidéo. La série est la première à porter à l’écran la réflexion sur le statut du spectateur/joueur.

Les producteurs sont aujourd’hui frileux à l’idée d’insérer de la narration vidéoludique. Préférant se rabattre sur l’achat et l’exploitation de licences pour amener le public en salle. Comme à l’époque de Hill, et son intention de film hybride en définitive.

Keyser Swayze

Biberonné à la Pop Culture. Je tente d'avoir une alimentation culturel saine et variée, généralement composée de films qui ne prennent pas leurs spectateurs pour des cons. Carpenter, Wright et Fincher sont mes maîtres.

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