10 ans après leurs premiers méfaits, The Strangers de Bryan Bertino reviennent s’attaquer à une petite famille qui n’avait rien demandé. Exit la petite maison de campagne, et place à un parc de mobile-home, laissant espérer un home invasion innovant.
Comment est-il possible en 2018 d’écrire, financer et réaliser un film aussi vide ?
The Strangers 2 (sous titré Prey at Night) trouve par un miracle encore inexplicable le chemin des salles. Pourtant le film réalisé (le mot est trop grand) par Johannes Roberts, ne mérite ni votre argent, ni votre inestimable temps.
Une petite famille bien propre sur elle quitte sa banlieue pour déménager Kinsey, la fille rebelle, dans un pensionnat. Cette dernière est le vilain petit canard. Elle a séché les cours pendant un an, obtenue des mauvaises notes et crapote des Marlboro light dès qu’une petite difficulté apparaît dans son existence. Ce qui a vraiment fait déborder le vase pour Cindy, la maman, c’est ce T-Shirt ultra provocateur des Ramones acheté au H&M du Mall le plus proche. Bref, rien ne va plus pour cette famille ultra artificielle, et les ennuis ne font que commencer. Pour eux et pour le spectateurs.
The Strangers : Prey at Night a 35 ans de retard. De sa première à sa dernière image, le film éructe tous les clichés du slasher au visage d’un spectateur proche de la léthargie.
De prime abord, le groupe de protagonistes semble inédit. On remplace une troupe d’ados bouillonnants d’hormones par une famille. Pourtant il en conserve les mêmes archétypes. La goth mal dans sa peau (Kinsey), la reine du bal (la maman un peu milf), le nerd (le père ringard) et le sportif (le grand frère). Le breakfast club dans le train fantôme. Une distance se crée immédiatement avec ses personnages qui bénéficient d’une caractérisation sommaire (via leurs téléphones) et d’un caractère idiot(ils les laissent dans la caravane).
Et si les scénaristes avaient l’humilité de trouver leur script faible, et d’enrober tous les éléments d’un zeste d’ironie à la manière de Scream, la pilule serait passée plus facilement. Mais le film reste dans un première degrés à toute épreuve. Ne s’octroyant aucun moment d’humour ou de légèreté. Recalquant aux nœuds scénaristiques près le cavenas d’un Halloween ou Vendredi 13. Sortis respectivement en 1978 et 1980. Le film échoue dans sa tentative de créer une sensation de terreur. Le montage devient frénétique au moment des attaques et les quelques plans d’ambiance n’ont aucun cachet. Un ton qui offre au film quelques séquences nanardesques. Comme la raison qui pousse les tueurs à agir de la sorte ou la mort d’un des personnages complètement hallucinante.
D’ordinaire, le public pardonne les éléments tarte à la crème du script grâce des mise à mort inventives et gores. Elles sont içi à l’image du script : anti-spectaculaire. Les meurtres sont filmés en plan large, dans l’obscurité, voir en hors champ. La direction artistique ne vient pas sauver le film du naufrage. Mis à part les masques des tueurs et des jolis néons, rien n’est travaillé ou réfléchi. La menace que représente les tueurs est suggérée par de grosses notes de synthé surmixés et des jump-scares prévisibles et ratés.
Pour ce qui est du reste de la réalisation, c’est la même paresse. Grande focale pour la majeure partie du film, plans serrés pour les dialogues. Deux petites excentricités à pointer tout de même. Des zooms très lent, allongeant la durée du film de quelques secondes. Économisant aussi du temps et de l’argent à l’équipe qui n’a pas à faire un master shot et un plan serré. Et la seconde, c’est des plans à la double bonnette. Pour schématiser simplement, c’est quand un plan comporte deux échelles de plans différentes avec le point fait sur elles. De Palma excelle dans ce type de plan, tout comme Tarantino ou Scorsese. Et dans The Strangers, il y deux bons plans réalisés à l’aide d’une double bonnette.
Autre point positif, le film, basé sur des faits réels, ne dure qu’1h25. Ca lui laisse malgré tout le temps de vriller dans un climax final tocard. Les vilains du film survivent à des tirs de fusil à pompe à bout portant et à des explosions. Basé sur des faits réels qu’on vous dit. Un changement de ton brutal, qui témoigne de la paresse des scénaristes pour boucler une histoire insignifiante à leurs yeux. Et comme l’originalité n’était pas dans le cahier des charges, la conclusion se veut une resucée d’hommages tous plus fainéants les uns que les autres. Christine, Massacre à la Tronçonneuse, les Dents de la Mer et même Hurlements sont invoqués.
The Strangers : Prey at Night est une incompréhension. Un film qui se permet de prendre son audience pour des demeurés avec le sourire. Artificiel, inutile et poussiéreux, il entretient une licence qui n’a plus sa place. Plus largement, il perpétue un genre ringard et régressif.