Une collègue de boulot m’a dit « On est allés voir The Rocky Horror Picture Show, on connaissait pas du tout. » Et ben je peux vous dire qu’ils ont pas été déçus du voyage, ni la maman qui y avait emmené sa fille de 10 ans à l’aveuglette. En effet, le RHPS a 40 ans cette année. Et peut-être que vous voulez savoir ce que c’est sans oser le demander. Pas de souci, je vous fais un topo. Flashback sur un film culte, témoin d’une époque révolue et sacrément rock n’ roll.
Le pitch
Brad et Janet viennent de se marier, tout plein d’amour, de jeunesse et d’illusions. Ils se perdent sur la route lors d’un orage et atterrissent au château du Dr Frank n’ Furter, personnage charismatique en porte-jarretelle, de tout sexe et toute orientation. Puis alors, ça tombe rudement bien : ils arrivent en pleine fiesta, et en pleine création de Rocky Horror…
Mais qu’est ce c’est ?
Premièrement, le RHPS est un sacré bordel. L’histoire est racontée par un criminologue, il y a des chansons, il y a du Frankenstein revisité, des tenues légères et du maquillage lourd. Deuxièmement, le film, sorti en 1975 aux Etats-Unis, est adapté d’une pièce anglaise par son propre auteur Richard O’Brien (qui joue Riff Faff) a révélé un certain nombre d’acteurs qui ont fait une bonne petite carrière par la suite : Susan Sarandon, Barry Bostwick (aussi appelé le « Maire dans Spin City »), Meat Loaf (mais ouiii le chanteur ! Ou alors Robert Paulsen dans Fight Club), et enfin Tim Curry qui, au-delà d’interpréter le Dr Frank n’ Furter, possède le film de bout en bout.
Subversion quand tu nous tiens
Le RHPS est un film ouvertement pro-LGBT (comme on dit maintenant). Frank n’ Furter, pastiche sur talons du Dr Frankestein, se créé un mec tout mignon qu’il aura sous le coude à tout moment. Il incite aussi fortement Janet et Brad à coucher avec lui… Non en fait, ça n’est pas pro-LGBT. Le RHPS prône la liberté, quelle qu’elle soit. Il donne un énorme coup de pied dans l’Amérique puritaine et traditionaliste des années 70 qui vient de découvrir, quelques années auparavant, qu’il existait des gays, des lesbiennes, des bi et que oh surprise, ils étaient des humains comme eux ! Ce dont se moque ouvertement le RHPS sur la condition des gays puisqu’à la fin, ils… Non je ne vais pas vous raconter la fin, juste que c’est une sacrée métaphore de la vision qu’avaient les gens « normaux » des gays (et que certains ont encore, coucou le Moyen-Âge revival).
Quelques années après les émeutes de Stonewall, dans une Amérique encore en quête d’identité, le RHPS devient culte. Par sa mise en lumière pro-gay, mais aussi par son ton libertaire, subversif, absurde et drôle. Cependant, le film n’a pas un succès fou. Il est alors programmé aux séances de minuit à New York. Au fur et à mesure, les séances deviennent participatives : les spectateurs viennent déguisés, intercalent des répliques pendant le film, balancent du riz, etc…Puis des comédiens viennent jouer le film pendant le film, et se multiplient un peu partout des « séances spéciales » qui contribuent à la cultitude du RHPS. D’ailleurs, le studio Galande à Paris propose depuis 36 ans ses midnight shows : testé et approuvé !
On ne dit jamais non à une bonne histoire de culte
Pourquoi faut-il voir le RHPS ? Déjà parce que c’est un sacré divertissement. Aussi parce que ce film a inspiré par la suite de nombreux autres films et séries. Cet objet cinématographique non identifié mêlant humour, chant, comédie musicale et travestis reste à ce jour unique et inégalé. Alerte cependant : un remake télé est en préparation avec Laverne Cox qui reprend le rôle de Tim Curry. Alors avant de céder aux sirènes du remake, je t’en prie, doc cinéphile, je t’en conjure, assure toi d’avoir vu l’original. Last but not least : merci papa, merci maman, de m’avoir montré le RHPS dans ma prime jeunesse, ce qui a contribué à faire de moi, j’en suis sûre, quelqu’un d’ouvert, de drôle…et de complètement taré.
« The Rocky Horror Picture Show », un film (voire LE film) qui appartient à la catégorie bien peu fournie, hélas, des films qui disent « On en a rien à foutre ».
