C’est une nouvelle cuvée des studios Blumhouse et Universal qui arrive dans les salles, The Invisible man de Leigh Whannell. Initialement scénariste de James Wan pour Saw, Insidious et plus récemment réalisateur pour Upgrade et Insidious: Chapitre 3. Il y a quelques années, Universal s’est lancé dans un projet raté qu’est celui de faire revivre la série de films de monstre Universal. Dans les années 30 le studio enchaîne les succès avec ces films où apparaissent le Monstre de Frankenstein, L’homme invisible, Dr Jekill & Mr Hyde. Le destin de ces monstres ces dernières années auraient été différent s’il avait été entrepris de la même manière que The Invisible Man.
Synopsis: Cecilia Kass est en couple avec un brillant et riche scientifique. Ne supportant plus son comportement violent et tyrannique, elle prend la fuite une nuit et se réfugie auprès de sa sœur, leur ami d’enfance et sa fille adolescente. Mais quand l’homme se suicide en laissant à Cecilia une part importante de son immense fortune, celle-ci commence à se demander s’il est réellement mort. Tandis qu’une série de coïncidences inquiétantes menace la vie des êtres qu’elle aime, Cecilia cherche désespérément à prouver qu’elle est traquée par un homme que nul ne peut voir. Peu à peu, elle a le sentiment que sa raison vacille…
La qualité d’un film d’épouvante s’exprime dans la pertinence de la métaphore utilisée. La puissance évocatrice permet alors de cloisonner le spectateur avec ses frayeurs. The Invisible man saisit ce travail de fond souvent bâclé par des Jumpscare à la pelle. Leigh Whannell mêle alors l’invisibilité et les violences conjugales et modernise ainsi l’iconographie de l’homme invisible. Dès l’ouverture, alors que Cecilia décide de s’enfuir de la villa de son mari, elle essaie constamment de l’avoir en visuel via des caméras de surveillance afin de se rassurer. Cette scène explore et exacerbe le travail du hors-champ qui est présenté comme une arme redoutable, le pouvoir d’invisibilité du cinéma. A aucun moment le film nous préserve de ce monstrueux antagoniste.
Elisabeth Moss expose ses talents de comédienne dans un jeu d’acteur qui maintient une ambiguïté constante dans la santé mentale du personnage de Cecilia. Elle apporte une véritable profondeur au long-métrage. Il n’est plus question de la simple blonde ingénue fuyant le monstre. Le film s’attarde davantage dans une lutte, un affrontement. Cette fois contre l’invisible, c’est à dire les violences conjugales. Elle est en plus de cela plutôt bien accompagnée, avec par exemple l’ami policier et sa fille qui l’héberge le temps que son traumatisme suite à sa fuite se tarisse. Ils apportent une certaine légèreté et détend le rythme du film.
Bien qu’ingénieux dans ses effets horrifiques liés à l’homme invisible, le scénario semble parfois manquer de cohérence, des attentes d’explication restent en suspens. The Invisible man souffre également par moment d’une esthétique et d’une lumière ennuyante et terne. il est dommage de ressentir une économie de moyen dans ce domaine qui aurait sublimé une proposition de cinéma qui ferait pâlir La Momie (2017). Une proposition qui va même jusqu’à jouer avec la balance morale, une idée fabuleuse et coup de poing qui saura surprendre le spectateur.
Le film a su nous surprendre là où on ne l’attendait pas. Un divertissement d’une efficacité parfois redoutable, on apprécie l’inventivité proposée et on serait même tenté d’en redemander.