Le Festival Hallucinations Collectives nous propose toujours de belles surprises, y compris en sélection officielle. Pour ses débuts à la réalisation David Freyne a choisi un sujet hautement original, non on déconne, ceci étant il propose avec The Cured une variation intéressante du film de zombie.
Sur une idée de départ passionnante et très originale, David Freyne délivre un film pleins de bonnes intentions.
The Cured traite d’un sujet peu exploité jusqu’à présent ou du moins pas avec cette volonté de coller au sujet : des années après que l’Europe ait été ravagée par le virus Maze qui transforme les humains en monstres cannibales, un antidote est enfin trouvé. Le film s’intéresse non pas à la contamination, ni à la lutte entre les zombies et le reste de la population. Non, l’histoire débute après cette bataille fratricide.
Les zombies guéris tentent de retrouver une vie normale en se retournant parmi le reste de la population… qu’ils ont tenté de bouffer quelques années auparavant. On peut comprendre que cela pose d’énormes cas de consciences d’un côté comme de l’autre. Car le plus fort dans cette histoire est que les anciens zombies (les « guéris ») se souviennent de ce qu’ils ont vécu pendant cette période.
Bien que des tas de films d’horreur aient exploité cette idée que des proches soient transformés en zombies mangeurs de chair, The Cured propose une vision, certes, un peu plus terre à terre en expliquant qu’un virus (sans entrer dans plus de détails) soit la cause de ce désastre, mais qui s’avérera bien plus intéressante à exploiter tant cela ouvre de possibilités narratives (ce sera d’ailleurs la principale faiblesse du film).
On suit la réinsertion de Senan, très bien interprété par Sam Keeley, qui tente de retrouver une vie normale malgré les flashbacks de son ancien moi qui viennent le hanter (l’occasion de voir de trop nombreux jumpscares à notre goût).
Senan est hébergé chez sa belle-soeur Abbie (Ellen Page), une journaliste américaine et la veuve (on comprendra peu à peu l’horrible fin liant Senan et son frère). Abbie et son petit garçon accueillent Senan, mais la plupart des guéris ne sont pas aussi chanceux. Certaines d’entre-eux, les « résistants » choisiront de se rebeller contre la manière dont ils sont traités, quitte à en venir à l’irrémédiable.
Tout comme dans les films de George A. Romero, on comprend que les zombies développent une forme d’intelligence et d’instinct particulier faisant qu’un lien fort semble nouer tous les anciens zombies.
Il en résulte un film palpitant et plein de suspens qui est aussi une étude de caractères assez convaincante. Tourné en Irlande, ce qui lui confère une ambiance particulière, The Cured est une vraie découverte qui mérite toute votre attention si vous aimez les films de zombies réflexifs. Car évidemment, le propos du film pose les bases d’une réflexion plus générale sur la condition des minorités, sur les pouvoirs de la rédemption et la question de la double peine. Au final, le noeud narratif, sans doute un brin trop ambitieux pour un premier film, se conclue malheureusement de manière un peu plus conventionnelle. Mais David Freyne est à coup sûr un cinéaste à surveiller.