Après son arrivée tonitruante dans Civil War, remportant l’adhésion quasi unanime du public, Spider-Man doit passer le cap de sa première aventure en solo. Ah, Iron Man est dans le film ?! C’est vrai, le reboot se passe désormais du côté de Marvel Studios.
Le film prend place quelques mois après l’affrontement entre Captain America et Iron Man sur le tarmac Berlinois. On découvre la précieuse petite vie de Peter Parker aka Spider-Man. Coincé entre son activité d’apprenti super-héros et son quotidien de lycéen looser.
Spider-Man, star du Web
Accueilli par un vlog « directed by Peter Parker », Homecoming nous dévoile d’emblée son identité. Le film adopte un ton et un univers où Youtube a remplacé la télévision et où chacun peut accéder à la fame en postant une vidéo. Pour sa 3ème itération au cinéma, Spidey prend donc un virage 2.0 , parvenant à se démarquer de ses prédécesseurs. Les boiteux Amazing, essayant tant bien que mal de marcher dans le sillage tracé par la trilogie de Sam Raimi.
Au lieu d’en faire un élément moteur de son intrigue, toute cette culture internet reste un outil. Elle sert au ton et contribue à décrire un monde à notre hauteur. Et c’est essentiel pour un héros aussi adolescent que Spider-Man. Un ton résolument World Wide Web qui, hormis quelques écarts, affiche un humour très lisse. Une représentation du lycée passée à la moulinette Disney Channel très artificielle. Le seul moment « foufou » du film , un training montage sur Blitzkrieg Bop des Ramones. Une track déjà mise en images de manière plus subversive dans Jimmy Neutron. En 2001!!
Toile de fond
L’autre nouveauté de ce reboot, l’implantation dans le Marvel Cinematic Universe. Peter, tout comme nous, a vu de loin la formation des Vengeurs et leurs pérégrinations. Sa connexion avec les plus grands héros terrestre sert de terreau aux scénaristes pour faciliter notre identification. Iron Man se place en père adoptif de Peter. Tout comme pour nous, Tony Stark fait figure de taulier de MCU. Le personnage central qui relie l’ensemble des points depuis 2008. Si cet angle est plutôt bien vu, la métaphore méta est bien filée et dissimulée, les fans hardcores de Spider-Man resteront sur leur faim. Ce renouveau d’écriture prend la place d’éléments à la base de la spider-mythologie. De ce fait, le film perd en gravité et donc en humanité.
Spider sens des responsabilités
Le long-métrage s’attarde beaucoup plus sur Peter et toute sa sphère proche. Véritable incarnation de la version Ultimate du héros, Tom Holland se révèle encore plus parfait dans le rôle qu’il ne l’était dans Civil War. Drôle, candide, et juste ce qu’il faut de lunaire, c’est un sans faute.
Pour sa bande de potes, on ne peut pas dire la même chose. Les camarades de Parker manquent de consistance. Résultat d’une écriture accompagnée de beaucoup trop de zones d’ombres. À commencer par l’identité de certains personnages. Les acteurs tentent malgré tout de leurs donner vie, et c’est dans l’ensemble laborieux.
Bien qu’il soit omniprésent dans les trailers, Tony Stark n’apparaît qu’à de brefs moments. Robert Downey Jr, içi moins cabotin qu’à l’accoutumé, montre un Stark plus paternel et vieillissant, mais toujours plus control freak. Servant de mentor pour Pedro, ses enseignements marquent le début d’une transition au sein du MCU. Le plan étant de faire de Spider-Man la tête d’affiche de l’univers partagé après le quatrième Avengers.
Avec tous ces personnages à gérer, le film laisse finalement que peu de place à son vilain principal. Michael Keaton, plus Julien Lepers que jamais, reste pendant très longtemps sur le banc. Et pour cause, le scénario se retrouve empêtré dans des sous-intrigues mettant en scène des vilains de 2ème et 3ème zones, mal adapté qui plus est. Cela cause un immense problème de rythme dans la seconde partie. Tout se ralentit et s’imbrique péniblement. Heureusement, la scène servant de pivot vers le 3ème acte offre une bouffée d’air pour l’ensemble du métrage. Le rythme retrouve ainsi sa fluidité en resserrant son étau autour de quelques personnages.
Cela laisse enfin le champ libre à Keaton pour s’amuser avec son ersatz de Birdman. Trop méta, c’est rigolo. Un personnage à la morale très différentes des vilains habituels du MCU. Animé par une motivation une nouvelle fois très terre à terre. Grâce au Vautour, le studio de Kevin Feige déblaye un chemin post Civil War très mature.
Spider-Cam
Niveau réalisation, Jon Watts ne parvient pas à se démarquer. Il montre sans en faire trop. Sans jamais en faire tout court en vérité. Une réalisation qui manque cruellement de spectaculaire. Les scènes en costume ne trouvent jamais de moments de grâce comme on a pu le voir chez Raimi. On reste dans le carcan des films Marvel, faisant le job mais sans réel investissement. Aussi, les maigres clins d’oeils à John Hugues (unique influence rabâchée à toutes les sauces depuis l’annonce du script) ne suffisent pas à donner du cachet au long-métrage. Filmer des horloges qui avancent et des gens qui glissent dans les couloirs d’un lycée ne suffisent pas à faire l’équivalent super-héroïque de The Breakfast Club.
Pour ce qui est de la photographie, elle souffre également de ce manque d’ambition. Très propre et commune, elle est empruntée à des séries pour teenagers diffusées sur la CW.
La direction artistique quant à elle, explore un peu plus l’artillerie laissée par les Chitauris, envahisseurs déchus du premier Avengers. Inspirée, pour ne pas dire volée, sur les designs de Half-Life et Portal, elle permet de donner de jolies effets de réalisation et des séquences plutôt fun. Enfin, l’aspect général de Spider-Man est beaucoup plus réussi que dans Civil War. La frontière entre réel et CGI est beaucoup plus difficile à distinguer. Et les émotions retranscrites par les yeux mobiles rendent encore plus justice aux interventions de notre héros.
Spider-Man Homcoming est un reboot total. Prenant des choix d’écritures radicaux, il inscrit pour la première fois le personnage dans une logique d’univers partagé. Pour autant, ces choix laisseront nombre de fans sur le carreau tant ils délaissent ce qui fait généralement le sel du Spider-Verse. Le retour du fils prodigue n’est pas aussi salvateur que promis, la faute également à une réalisation dans les clous. Une semi réussite et un semi échec.
Un film de super-héros de plus en somme.