Les 10 épisodes de la saison 18 de South Park ont été diffusés entre le mois de septembre et le mois de décembre 2014. Rien de tel qu’un petit bilan critique pour finir l’année !

Épisode 1 : Go Fund Yourself
Stan, Kyle, Cartman, Kenny et Butters décident de monter une startup en utilisant Kickstarter pour la financer. Le plus dur est-il de trouver une idée en or pour faire fortune ? Non bien sûr ! Le plus dur sera de trouver un nom à cette startup, car même les noms les plus débiles sont déjà pris.
Cartman aura, une fois n’est pas coutume, une idée en or : l’équipe de football américain des Redskins de Washington ne dispose plus des droits de son nom (on se doute pourquoi…), il suggère donc de l’utiliser pour leur entreprise.
L’entreprise gagne en popularité pour sa politique mettant en exergue la volonté de ses dirigeants de ne rien faire. Très vite les promesses de dons explosent et la petite startup devient un phénomène de société. Les gens se pressent à leurs conférences qui ressemblent fort à des keynotes d’Apple où le vide intergalactique du discours est comblé par le charisme des dirigeants (Cartman et consorts).
La saison 18 démarre sur de bons rails avec cet épisode très très inspiré !

Épisode 2 : Gluten Free Ebola
Suite à l’épisode précédent, Stan, Kyle, Cartman et Kenny retournent à l’école, pour se retrouver mis à l’écart et ridiculisés après avoir dit à tout le monde « Go Fuck yourself ». C’est un élément assez sympa de l’épisode car d’habitude les événements passés (à part certains gros événements type mort ou épisodes en plusieurs parties…) n’interfèrent jamais dans les épisodes suivants. Ici, il y a une sorte de continuité qui déroute les personnages : ils ne comprennent pas pourquoi leurs amis les snobent.
Hormis cela, l’épisode fait la part belle à l’espèce d’intégrisme autour du régime alimentaire sans gluten. Tout le monde semble persuadé que manger du gluten est mortel (d’ailleurs, dans l’épisode c’est vrai !).
Un épisode drôle mais qui manque de rebondissements.

Épisode 3 : The Cissy
L’épisode 3 poursuit, pour notre plus grand bonheur, l’arc narratif entamé dans les épisodes précédents. Comme dit précédemment, South Park avait pour habitude de ne pas lier les intrigues entre les épisodes, ce qui fait que les actes des personnages n’avaient pas de conséquences. Cela générait une certaine inconsistance dans l’évolution des caractères malgré les évidents efforts des auteurs en la matière.
Ici, on en apprend davantage sur une intrigue secondaire des épisodes précédents (attention spoiler) : Lorde est en fait un homme de 45 ans vivant dans le Colorado dont les chansons sont reconditionnées pour être vendues sous l’identité de celle d’une fille de 17 ans originaire de la Nouvelle-Zélande. Cet homme n’est autre que Randy Marsh.
Malgré cette histoire assez tordante et l’évocation du transgenre dans South Park, cet épisode est un peu inférieur au 1er épisode de la saison.

Épisode 4 : Handicar
Timmy crée un nouveau service de transport destiné à recueillir des fonds pour le camp d’été lui fait beaucoup d’ennemis.
Cet épisode traite du sujet d’actualité des VTC et autres solutions smartphone de taxis. Les épisodes traitant de faits de société sont des classiques pour les auteurs de South Park. D’ailleurs, on peut dire que Trey Parker et Matt Stone ont toujours vu leur série comme un miroir de la société américaine. Grâce au mode de production de la série, un « sujet chaud » de l’actualité peut être traité dans un épisode lui-même diffusé dans la foulée. Il me semble qu’on peut voir South Park comme une série où les auteurs donnent leur avis sur des sujets qui font débat. Par exemple : le footballeur américain ayant été pris en flagrant délit en frappant violemment sa femme dans un ascenseur.
Du coup, ces épisodes peuvent souffrir de certains défauts : ils vieillissent parfois mal, ils sont pas assez drôles ou ont un parti-pris…
Dans le cas de cet épisode, l’humour n’est, à mon sens, pas assez au rendez-vous.

Épisode 5 : The Magic Bush
Cartman, Kenny et Butters utilisent le drone du père de ce dernier pour espionner les habitants de South Park. Ils filment la mère de Craig en train de se déshabiller. Cartman met ensuite la vidéo sur Internet et tout le monde se moquent des poils pubiens de la mère de Craig.
Encore un sujet d’actualité qui va sans doute prendre de l’ampleur dans les mois à venir : les drones et l’atteinte à la vie privée causée par les images volées par ces petits avions furtifs, sans pilote.
L’épisode est moyennement drôle mais un peu meilleur que le précédent, notamment pour la lourdeur des commentaires sur le « bush » de la mère de Craig qui a l’air d’être la seule à assumer.

Épisode 6 : Freemium Isn’t Free
Stan devient accros à un nouveau jeu sur smartphone. Ce jeu est produit par le Canada, une occasion en or pour retrouver nos amis Terence et Philip, délire !
Encore un sujet d’actualité. Or celui-ci peut dérouter, car autant les épisodes sur Uber (les taxis qui n’en sont pas vraiment) et sur Kickstarter (l’équivalent américain de Kiss Kiss Bang Bang) traitent de grandes évolutions de notre société, autant le sujet évoquant les ados idiots qui dépensent tout l’argent de papa et maman dans des jeux freemium qui s’avèrent être payants, me parait moins essentiel voire dispensable. Après tout, on s’en fout un peu, non ?
Bref, un épisode dispensable avec quelques gags sympas mais sans plus.

Épisode 7 : Grounded Vindaloop
Cartman a acheté l’Oculus Rift et les enfants ne savent plus s’il sont dans le monde réel ou dans le monde virtuel.
Quelques moments tordants grâce à la candeur de Butters. Puis une critique évidente du scénario alambiqué de Inception et de Total Recall.
Ce qui est vraiment bon dans cet épisode est la relation Cartman/Butters qui est une nouvelle fois extrêmement bien traitée. Sur l’ensemble de la série, la relation bourreau/victime entre ces 2 personnages met en exergue la raison pour laquelle South Park est pour moi l’une des plus intéressantes, complexes, innovantes et sociologiquement abouties, série tous supports confondus.
Un épisode réussi mais qui se noie dans les circonvolutions de l’Inception…

Épisode 8 : Cock Magic
Ah ! Il y a des épisodes qui sont des ovnis ! Ces épisodes-là ne traitent pas de sujets de société, comme je le disais précédemment, ils n’apportent rien de spécial à l’évolution générale de la série (comme l’explication des morts de Kenny dans Le Coon – saison 13), mais ils s’invitent chez vous un soir d’hiver sans que vous vous y attendiez. À eux seuls, ils vous rappellent pourquoi vous ne rater pas un épisode de South Park depuis 18 ans, ils vous font vous tordre de rire et de bonheur, ils vous donnent envie d’appeler tous vos amis pour exiger qu’ils regardent à leur tour ce chef-d’oeuvre d’absurdité.
Il est là, il est sale, il est impossible à regarder avec votre belle-mère et pourtant c’est la meilleure chose que vous ayez vue depuis des lustres : Cock Magic.
Cet épisode évoque, certes, les jeux de cartes Magic, mais à la limite cela n’a pas d’importance. Dans cet épisode, on voit le grand Tuong Lu Kim/Dr. William Janus (notre « héros » aux nombreuses personnalités, propriétaire du City Wok), mais surtout on admire Randy Marsh dans un rôle qui lui sied à merveille : celui du génie burlesque, incompréhensible et absurde alors qu’il garde une certaine contenance rassurante.
De loin le meilleur épisode de la saison et l’un des meilleurs épisodes depuis longtemps !

Épisode 9 : #Rehash
Un épisode traitant des chaînes Youtube et de l’importance des commentaires dans notre société. Les commentaires ? Oui, les tweets, les posts, les commentaires faits à la va-vite sur Youtube. Tout cela prend une place prépondérante dans la vie médiatique mais aussi dans nos vies de tous les jours. Une illustration de ce phénomène : Ike préférant regarder des vidéos de youtubeurs faisant des commentaires en jouant aux jeux vidéos plutôt que de jouer lui-même. Le pire, c’est que tout cela est à peine exagéré…
D’autres péripéties viennent agrémenter cet épisode poursuivant dans la même direction des autres épisodes de la saison en évoquant quelques thèmes récurants : Lorde/Randy Marsh, le Cock Magic…
Cet épisode est très bon et s’achève sur un cliffhanger comme on les aime.

Épisode 10 : #HappyHolograms
Suite et fin de l’épisode précédent : les hologrammes vont-ils prendre le pouvoir ? Cartman deviendra-t-il une sorte de Big Brother du commentaire Youtube ?
Un épisode foutraque mais avec quelques fulgurances assez géniales : les flics qui croient qu’on leur raconte une blague dès qu’on parle de noirs, PewDiePie faisant un caméo qui plaira à tous les jeunes gamers, les chansons de l’hologramme de Kurt Cobain et surtout le duo dérangeant Bill Cosby – Taylor Swift et surtout :
“It’s a black guy!” “Shoot him!” “Choke him!” “Shoot him, and then choke him!”
Ce final est très drôle par moments, très intéressant sur le fond mais il contient trop d’éléments qui auraient mérité d’être approfondis beaucoup plus pour être réellement pertinents.