Comme une façon d’exorciser des évènements, en lumière avec Metoo et l’affaire Weinstein, l’affaire de Fox News et l’histoire de son fondateur Roger Ailes semblent être l’histoire parfaite. La série The loudest voice et le film Scandale s’emparent du sujet pour parler d’un sujet important par son actualité et le mutisme qui a accompagné l’affaire.
A Fox News, le fondateur de la chaine Roger Ailes est accusé par plusieurs femmes d’harcèlement sexuel.
En plus d’être un sujet épineux, le film décide d’être politique et de s’attaquer frontalement au parti républicain. Amusant dans un premier temps, on a l’impression au fur et à mesure de voir un enchainement de clichés avec comme point central Fox News qui est connue pour être la chaîne d’information du parti. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas ou ne portent pas d’intérêt à la politique américaine et son peuple, ces clichés semblent être surréalistes. On se demande alors si ce n’est pas une description d’une réalité ou bien une attaque amusée contre les conservateurs. La scène où une des présentatrices fait son émission sans maquillage pour en quelque sorte expliquer qu’elle est plus qu’un visage est fort de sens. Un acte aussi minime reflète tout les comportements infantilisant des hommes et des spectateurs attaquent en criant au féministe dès lors qu’une femme répond.
Le choix de l’affiche était un pari risqué. D’abord jugée de mauvais goût, il nous suffit de comprendre son sujet pour voir à quel point l’apparence photoshopée et lissée transforme les actrices en copie conforme. C’est en quelque sorte ce que souhaite creuser le réalisateur dans la volonté d’uniformisation de ses présentatrices. En plus du harcèlement sexuel du fondateur de la chaîne, Scandale se permet de dénoncer le harcèlement du personnage de Charlize Theron qui a décidé de tenir tête à Trump, et qui en guise de représailles s’est vu attaquée virtuellement et parfois physiquement. Donc mettre à l’affiche trois blondes qui ont l’air d’être identiques alors que chacune est une actrice mondialement connue a une explication. Elles sont les produits d’un système qui va se déliter de l’intérieur. Ces trois blondes représentent toutes ces femmes qui décident de faire partie du système et qui en deviendront des victimes.
Scandale nous fait sans cesse penser formellement à The Big Short de Adam Mckay. Ce n’est pas un hasard, puisqu’il y a la même personne au scénario. Charles Randolph est doué pour s’attaquer aux systèmes pourris. Une intrigue montée sous acide avec des zooms à l’arraché, une multitude de personnages racontant la même histoire pour s’unir contre un système… Le scénariste ne s’est pas embêté mais tout fonctionne car le film ne part pas dans le spectaculaire ou dans la démonstration rendant finalement le harcèlement réaliste.
La dénonciation d’un système masculin en place passe dans la mise en valeur des trois interprétations féminines et des trois intrigues qui finissent par se croiser pour réussir à venir à bout de Roger Ailes. Deux personnages sur trois ont existé. Gretchen Carlson interprétée par Nicole Kidman est l’instigatrice de la plainte après son renvoie. En se rendant compte qu’elle est trop vieille pour la chaine et pour son fondateur qui préfère lui donner une émission en heure creuse. Megyn Kelly interprétée par Charlize Theron est en plus de cela victime d’un harcèlement massif en ayant tenue tête à Trump. Et Kayla Pospisil jouée par Margot Robbie est un personnage fictif qui représente toutes les femmes harcelées. C’est la nouvelle, qui a vécu avdansec une famille où Fox News était à la même place que l’église. Elle comprend malgré sa naïveté les sacrifices qu’elle doit faire pour être présentatrice. Toutes les trois saisissent la complexité de leurs personnages qui se rendent compte tardivement de la gravité des actes de Roger Railes qui sous la manipulation a réussi à créer une complicité factice avec elles.
Malgré une attaque politique manquant de subtilité, Jay Roach peut remercier ses actrices qui saisissent l’importance de leur rôle pour dénoncer la violence réelle et universelle du harcèlement sexuel au travail. Le style emprunté à Adam Mckay confère au film un dynamisme parfois prenant.