Quelque part en France… Deux Britanniques vivent comme des bêtes sauvages dans un trou creusé à même le sol d’une forêt. Moins d’un an auparavant, ils ont tout perdu dans un terrible incendie. En état de choc depuis le drame, le couple se terre, en rupture totale avec la société…
Le film commence vraiment bien : on entre dans le milieu de vie des personnages avec aisance grâce à une mise en scène qui illustre leurs rituels quotidiens sans que l’on ai vraiment besoin de dialogues (environs 5 répliques dans les 15 premières minutes). Cependant, le film n’utilise pas cette idée de mise en scène uniquement comme exposition, puisque tout le reste du film comble ses moments de vide avec ce même type de séquences. Ces instants de survie, même s’ils sont un peu plus dialogués que l’exposition, lassent rapidement tant ils sont répétitifs et sans enjeux vraiment différents de la situation initiale. Quand arrivent des enjeux, qui viennent ponctuer ces instants de survie se suivent sans mal mais sont parfois assez superficiels puisqu’il se résolvent, malheureusement, assez vite. Toutefois, la relation entre les personnages de John et André est plutôt intéressante et permet de maintenir un certain intérêt pour l’histoire. Pour un film basé sur des enjeux aussi humain, on peut regretter cette absence d’implication émotionnelle pour le spectateur qui passe les 45 premières minutes à se demander ce que le couple fait dans ce trou avec un regard assez extérieur au récit.
Les personnages masculins sont plutôt bien développés et l’on finit quand même par s’attacher à eux, cependant j’ai un problème avec la caractérisation des personnages féminins. En effet, les deux seules femmes du film sont présentées comme étant castratrices, ce qui est, certes, plus ou moins justifié par l’histoire, mais assez douteux si l’on prend en considération le fait que le film parle du mariage et de la nature profonde de l’Homme. Le film ne clame haut et fort ce propos sexiste et je pense que c’est plutôt de la maladresse, mais ça reste dommageable. Malgré ça, tous les acteurs s’en sortent plutôt bien, Paul Higgins en tête.
Malgré tous ses défauts, le film présente des qualités indéniables en terme de mise en scène. On est plongé à l’intérieur de l’intimité du couple, la caméra sait se fondre dans les mouvements des personnages. On ressent aussi l’influence du 3e art dans la composition et l’éclairage de certains plans. D’ailleurs, la photo de Sam Care est assez simple mais vraiment jolie : les couleurs de la nature sont assez féerique mais crédible, l’utilisation du clair-obscur chatouille la rétine tout en appuyant la dimension sacrée du film. L’ensemble est ponctué par des scènes assez contemplatives très agréable à regarder et qui, bizarrement, ne sont pas celles qui m’ont vraiment ennuyée. Car là réside un autre problème du film : c’est beaucoup trop étendu, on a l’impression de voir un film d’une quarantaine de minute rallongé pour bénéficier d’une exploitation relativement correcte en salle. D’autant que je pense vraiment que le film m’aurait plutôt plu s’il avait été un moyen métrage (et s’il avait été débarrassé de son propos assez sexiste).
FICHE TECHNIQUE :
Réalisateur : Tom Geens
Scénariste : Tom Geens
Acteurs principaux : Paul Higgins, Kate Dickie,
Chef opérateur : Sam Care
Production : 011 Productions, Les Enragés, A private view
Genre : Drame
Pays d’origine : Grande-Bretagne, Belgique, France
Durée : 1h45
Sortie : 6 Avril 2016