Alain Chabat, le génialissime membre des Nuls, le réalisateur du film générationnel Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, livre en cette fin d’année 2017 son film de Noël, qu’il a écrit et réalisé, et dans lequel il interprète Santa Claus himself, l’occasion pour le Pathé La Vilette d’inaugurer sa salle môme, avec entre autres fat boys, banquettes, legos et toboggan. Tout l’attirail pour un entertainment maximal.
Un constat tombe rapidement, ce nouveau film se place dans la droite lignée de la comédie française actuelle. Sans être mauvais, le film ne s’inscrit pas dans la mémoire. Visuellement bien sûr, Santa & Cie reste très sobre, sans réelle audace, mais quelques images largement numérique – et étonnamment bonnes pour une production française – parviennent faire naître une ambiance qui parviendra certainement à créer la magie dans des yeux enfantins. Le scénario est on ne peut plus classique, suivant le sempiternel canevas de la « montagne russe émotionnelle », avec sa crise des deux tiers, et sa résolution finale enclenchée par une impulsion sentimentale. Cet écueil est malgré tout évité pendant une bonne partie du film, soit absent, soit désamorcé par l’humour.
L’humour justement, fonctionne par décalage, avec le postulat déclinable à l’envie de plonger un personnage dans notre monde : Comment le Père Noël se débrouillerai à Paris en 2017 ? Bien sûr, on le prend pour un fou, on cherche à voir si n’est pas sous l’emprise de stupéfiants, on lui explique qu’on vend plus qu’on ne donne, etc etc. Le personnage même est réactualisé, va voir ses lutins en snowboard, verrouille son traineau comme on verrouille une voiture, mais le jeu est parfois poussé dans des retranchements presque maladroit. Un exemple parmi d’autre, le film aime beaucoup le terme « overreact », détail parmi d’autre qui tient plus de l’envie de faire jeune que de faire rire.
Mais dans la salle les rires se font entendre malgré tout. Le comique fonctionne parfois, pour les adultes, qui ont droit à leur blagues d’adultes, et pour les enfants, gratifiés de slapstick et de loufoque. Dans l’ensemble cependant l’écriture n’est pas à la hauteur, et ne parvient malheureusement pas au niveau auquel l’auteur nous avait habitué dans les années 1990/2000. Alain Chabat en tant qu’acteur reste pourtant très bon, agréable à voir, jamais faux ni excessif. Il conserve ses expressions, ses intonations, son timing comique toujours juste. Cette marque de fabrique Chabat/ Les Nuls se retrouve dans le point positif majeur du film, son personnage de Père Noël pantouflard et parfois cynique, qui n’aime pas les vrais enfants, ceux qui pleurent et qui crient.
Santa & Cie est donc un sympathique divertissement de fin d’année, un film qui cherche à émerveiller les enfants et à plaire aux parents en offrant ponctuellement un certain recul amusé. Dommage pourtant que Chabat ne hisse pas son film sur les hauteurs de son Astérix ou de La Cité de la Peur. On peut d’ailleurs apercevoir dans le film, sur la façade d’un cinéma, une affiche de Red Is Dead, le film dans le film de La Cité de la Peur, une référence qui fonctionne malheureusement plus comme un rappel de ce qu’on pu être les films de ce comique adoré. Si la parodie cannoise n’est certes pas destinée aux enfants, Astérix et Obélix : Mission Cléôpatre articulait brillamment le comique enfantin et l’humour plus propre à Chabat et à son ancienne bande de Canal +, offrant aux personnages de Goscinny et Uderzo une adaptation adorée, au comique plus fin, plus référencé, plus absurde.