Red Sparrow ou moineau rouge est réalisé par Francis Lawrence qui retrouve son actrice fétiche, Jennifer Lawrence, après Hunger Games. Le film sort le 4 avril prochain dans les salles. Film d’espionnage ou d’action ? Difficile à dire… C’est surtout plat et malsain.
Le plot : Après un « accident », une danseuse de ballet du Bolchoï se retrouve forcée par son oncle à devenir agent secret. Sa mission : séduire par tous les moyens un agent américain de la CIA afin d’obtenir des informations et plus précisément l’identité d’une taupe.
Film d’espionnage ou d’action ? Difficile à dire… C’est surtout plat et malsain
On va y aller cash : alors qu’on s’attendait à un Alias survitaminé, avec une actrice oscarisée, talentueuse et surprenante, on est ici face à un film plat et vulgaire. La séquence d’introduction est assez réussie, bien qu’un peu longue, mais l’entrée en matière était intéressante, le public est sous tension jusqu’au choc qui va faire démarrer l’histoire. Après cela, on a un défilement de scènes lentes avec des dialogues longs et peu pertinents. Il y a finalement très peu de scènes d’action ou d’espionnage, sauf si on considère que voir une personne se faire violer et torturer appartient à l’un de ces genres. Les quelques scènes sous tension se terminent souvent de manière violente, ce qui finit par épuiser le public.
On a l’impression que le réalisateur souhaite tellement donner du style à son histoire qu’il passe à côté de toute intrigue et des enjeux forts qui auraient pu rendre le sujet intéressant et passionnant, le film en devient superficiel. Oui, il essaye de choquer pour montrer ce que peut subir son héroïne, mais à la fin on en ressort épuisé.
Certains spectateurs en étaient même à se cacher les yeux devant les scènes gratuites de violence, de torture et de sexe. Car oui, c’est principalement le sexe qui est mis en avant : l’héroïne doit être formée à devenir une espionne et son pouvoir sera dans la séduction (et le passage à l’acte nécessaire pour obtenir tout ce qu’elle veut). Pour cela elle est envoyée dans une « école » où les élèves, amoureux de leur sainte patrie (on l’a bien compris puisqu’on nous le répète 50 fois), doivent se mettre à nu dans tous les sens du terme.
Cela aurait pu avoir un intérêt si il y avait plusieurs étapes dans l’évolution pour devenir espion, comme par exemple, apprendre les techniques de combats, la résistance aux interrogatoires ou des langues etc. ; mais on a l’impression parfois que ces scènes d’humiliation, très clairement, sont totalement gratuites. Où quand la thématique du sexy devient gênante et carrément malsaine. Le film n’est même plus divertissant.
Enfin, le scénario ne nécessitait clairement pas cette durée (plus de 2h10). Du coup, on se retrouve avec des retournements de situation tellement énormes et grotesques qu’on finit par s’ennuyer et à s’attendre au dénouement: ce n’est plus un agent double, ni triple…on vous laisse deviner la suite.
Un casting international qui devient risible
On en attendait beaucoup face à un tel casting, Jennifer Lawrence en tête, donc, accompagnée par Matthias Schoenaerts, Joel Edgerton mais aussi les immenses Jérémy Irons et Charlotte Rampling. Ces deux derniers ne seront finalement presque que des figurants, tant leurs personnages manquent de psychologie et de relief.
Là où c’est malheureusement totalement risible, c’est le principe de faire évoluer son casting avec un accent russe approximatif et presque parodique. Pourquoi parler en américain quand on est entre russes (cf les scènes entre l’héroïne et son oncle, les scènes au sein de « l’école »)? On vous remerciera aussi pour tous les clichés associés aux « grands méchants russes » (scènes de tortures). Hélas, le film perd toute authenticité et crédibilité en quelques minutes.
Enfin, la relation ambiguë instaurée entre les deux personnages principaux ne convainc pas et on a du mal à ressentir de l’empathie pour la souffrance du personnage principal. Pour leur défense, les protagonistes manquent tellement de reliefs qu’il aurait été dur de les interpréter autrement. On ne doute pas que Jennifer Lawrence a pu s’amuser dans son rôle mais le public a du mal à se prendre au jeu. Au final, comme le souligne si bien le personnage de l’oncle à de nombreuses reprises, elle semble aimer ça et s’en accommoder, et, on se fiche presque du fait qu’elle agit pour protéger sa mère malade.
En suivant la tendance d’un cinéma qui tente de mettre en avant des femmes ultra badass, on se retrouve face à une héroïne qui réussira, certes, tout ce qu’elle entreprend et se montrera forte face aux hommes de sa vie (son oncle ou l’américain amoureux) mais réduite constamment à user de son charme et surtout de son corps. On aurait vraiment préféré qu’elle utilise autre chose que ses jambes écartées pour illustrer son pouvoir (véridique pour ceux qui iront voir le film). Le pire : la fin qui laisse l’ouverture à une suite.
En résumé : une mini étoile pour la beauté de Jennifer Lawrence, pour le reste on repassera, tant c’est malsain, plat et cliché. On préfère se refaire toutes les saisons d’Alias, où le charme sophistiqué de son héroïne était au coeur d’intrigues intéressantes et corsées.