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Primaire – critique

By 20 décembre 2016mars 12th, 2017Critiques
Note de la rédaction :

Après Cigarettes et Chocolat chaud, une autre tragi-comédie feel good Française s’apprête à sortir sur nos écrans. Prenant place dans une école, peut-elle dévier des autres réalisations du genre grâce à son ton particulier ?

Florence, institutrice trop dévouée d’une classe de CM2, voit son quotidien chamboulé lorsqu’elle va venir en aide à Sacha, alors abandonné par sa mère.

Le film réussit haut la main sa reconstitution de l’école primaire. Les petits éléments de la vie quotidienne (la cantine, les vêtements laissés sur le porte manteau, les affiches d’exposés) y sont présents. Ces détails aussi simplissimes soient-ils nous immergent totalement dans l’univers scolaire. Les décors eux aussi, ont été choisis avec beaucoup de soin. L’école où se déroule l’intrigue, combine un aspect rétro 70’s et moderne, ce qui est à l’exact image du quotidien des écoliers. Cette méticuleuse reconstitution se retrouve aussi dans l’écriture.

Au premier abord, les élèves semblent ne pas suivre un script tant leur vocabulaire et leurs réactions paraissent réalistes. Hors, la réalisatrice n’a laissé que peu de place à l’improvisation. Cette crédibilité est le fruit d’un long travail d’observation d’Hélène Angel dans des écoles primaires qui a découlé sur une écriture minutieuse. De plus, on perçoit une alchimie très forte entre tous les jeunes comédiens. Chacun a son propre caractère et l’ajoute au groupe. Tous parviennent à sortir du lot sans pour autant devenir des stéréotypes. Par ailleurs, le fait que les origines et les milieux sociaux des enfants soient variés ajoute à cette impression. On échappe donc heureusement à la classe d’aryens où l’enfant de banlieue sert de quota. C’est ici une mini-société qui s’épanouit sous nos yeux.

Si cette petite troupe semble si vraie, c’est aussi grâce à leur leader, à savoir leur maîtresse incarnée avec talent par Sara Forestier. L’écriture du personnage ainsi que son interprétation est la plus grande qualité du long-métrage. Elle alterne entre différents registres de jeu avec une énergie et une justesse redoutable. Un éventail passant d’une détermination à toute épreuve, elle est prête à mettre sa vie de côté pour que ses élèves réussissent, à une immense fragilité, vivant constamment avec la peur de ne pas être à la hauteur de sa mission d’enseignante.

Le film parvient sans difficulté à passer du rire aux larmes d’une séquence à l’autre. Cependant on distingue un problème de rythme entre les différentes parties du scénario. Leur emplacement dans le montage est trop éloigné pour réellement suivre un récit et distinguer l’intrigue principale des sous-intrigues. Ce défaut trouve son origine dans l’écriture trop drastique du personnage de Florence, qui aborde n’importe quel événement de sa vie avec un sérieux très excessif. Ce manque de hiérarchisation affaiblit donc le second acte en créant une confusion rendant le déroulement chronologique flou.

Si la proposition essentielle est d’aborder de manière réaliste le milieu scolaire, la réalisation échappe à ce qu’on pourrait attendre. Le film n’utilise à aucun moment un dispositif documentaire. La caméra à l’épaule n’est jamais utilisée par exemple. Au contraire, c’est essentiellement le plan fixe qui est employé. La fraîcheur de la réalisation provient aussi de la hauteur de la caméra. En effet, nous sommes en majeur partie à une hauteur d’enfant. Ainsi, grâce à ce dispositif, tous les décors deviennent immenses et le champ fourmille d’informations. La perte de repère est grande, ce qui permet de nous mettre à la place des enfants, incapables de comprendre le monde des adultes.

La réalisatrice a également l’idée de casser la règle des 180° lors des dialogues concernant le personnage de Florence. Ce choix de réalisation a pour effet de montrer deux parties différentes d’un même décor. Nous faisant comprendre que l’enseignante n’appartient pas à la même réalité que ses interlocuteurs. Si cette intention s’avère bienvenue dans la phase d’exposition, elle devient redondante à mesure que le film approche de sa dernière bobine. De plus, le montage laisse passer de nombreux faux raccords. Ainsi, des objets apparaissent et disparaissent des mains des comédiens. Il arrive également qu’on ne retrouve pas les personnages à la même place. Ainsi, bon nombre de parasites viennent plomber notre découverte du récit et la clarté des dialogues.

Même si le film peine parfois à renouveler ses intentions de mise en scène, on garde un excellent souvenir de Primaire. Des dialogues d’un réalisme bluffant, de très bons comédiens et des moments de vie qui parlent à tous font du film un moment très agréable à suivre. Un long-métrage ancré dans son temps, entre comédie et drame, qui nous change d’un cinéma français morose.

14
NOTE GLOBALE
Keyser Swayze

Biberonné à la Pop Culture. Je tente d'avoir une alimentation culturel saine et variée, généralement composée de films qui ne prennent pas leurs spectateurs pour des cons. Carpenter, Wright et Fincher sont mes maîtres.

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