C’est le 10 Décembre que la 7ème édition du Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF) est officiellement lancée. Avec une programmation encore plus variée que les années précédentes, alliant exclusivités attendues et découvertes, le festival avait de quoi faire saliver tous les cinéphiles un tantinet portés vers le cinéma fantastique.
Cette année, la sélection hors compétition formait un best-of costaud de ce qui se faisait de mieux sur les 5 continents question horreur.
En ouverture était projeté A Ghost Story. Le film de David Lowery a d’emblée créé d’houleux débats au sein des rangées du Max Linder. Le film privilégie en effet une réalisation contemplative qui rendra agressifs les spectateurs les moins patients. Le super productif Takashi Miike était également présent. Blade Of The Immortal (son 100ème film, disponible sur Netflix) et son adaptation du bruyant manga JoJo’s Bizarre Adventures ont comme toujours emporté l’adhésion du public. Enfin, les frenchies Alexandre Baustilly et Julien Maury étaient là pour défendre Leatherface. Nouvelle réinvention, 8 ans après le remake de Marcus Nipssel, de l’immortel tueur à la tronçonneuse imaginé par le regretté Tobe Hooper en 1974.
Mutafukaz / Run & Shojiro Nishimi / 2017
Autre français imposant une vision complètement hallucinée dans le paysage de la BD francophone, Run était venu présenter l’adaptation animée de sa saga burlesque Mutafukaz.
Annoncé en 2011, c’est le second film produit par Ankama après Dofus. Cette fois, en revanche, pas de bouftou ou de coiffe prespic. Le projet est une transposition de l’univers ultra underground de Dark Meat City où Angelino et Vinz – deux loosers vivants en colloc’- seront alpagués dans d’incroyables péripéties.
Mutafukaz, c’est une arlésienne. Teasé par quelques images aux fils des années, le film a fini par sortir des fours du Studio 4°C (Amer Béton, Berserk, Mind Game) non sans quelques stigmates. Par la suite, une tournée des festivals – d’abord en France puis dans d’autres pays dont les USA – le mit en quête de distributeurs. Et pour cause, l’adaptation est un grand pari (pour ne pas dire suicide) commerciale. S’adressant à un public ado/adulte (comme la série animée Last Man sorti en 2016), l’univers s’est construit comme un maelström de références empruntées à 50 ans de pop culture mondiale. Un torrent de pastiches qui parviennent, grâce au flair de son papa, à avoir sa propre identité.
Difficile de se rater tant la bande dessinée empruntait la même perspective. Et si visuellement, les lecteurs seront comme à la maison, le scénario viendra gâcher les réjouissances. L’histoire est un résumé du 1er tome, s’octroyant que peu de détours.
Pourtant Mutafukaz version animée adopte une forme singulière. Au vu des intentions de découpage, l’adaptation s’apparente à un motion comics grand luxe. Chaque chapitre, d’une vingtaine de minutes, se conclut par un cliffangher suivi d’un fondu au noir. Le film se suit comme on lit un comic en 6 numéros. Un subterfuge convaincant employé pour passer au-delà du budget maxi rikiki. A l’inverse, certaines séquences n’arrivent pas à masquer l’absence de moyens et ternissent l’ensemble. Un tout déjà bancale par une animation réduite au minimum. Les impacts et les effets de vitesse manquent de punch par exemple. Ces creux sont comblés par la bastonnante B.O composée par Toxic Avenger. Utilisée pour donner un pouls plus effréné au métrage, en vain.
Au doublage, Orelsan et Gringe s’installent dans la même dynamique que Bloqués et Comment c’est loin. Malgré leur interprétation convaincante, les personnages souffrent du « syndrome de rocket racoon« .
A la sortie de Guardians of The Galaxy, beaucoup de spectateurs étaient surpris de la voix du raton laveur de la team cosmique de Marvel. Un défaut que l’on retrouve également ici. La caractérisation des personnages via leurs voix, en l’occurrence Vinz joué par Gringe, est désaccordée avec l’apparence du personnage, ce qui à la longue finit par nous faire sortir du film.
En résumé Mutafukaz est un projet atypique. Une œuvre qui vient augmenter l’univers de Run sans lui rendre pleinement justice. Un budget rachitique et des contraintes de production dantesques ternissent un long métrage pétri de bonnes intentions.
Mayehm / Joe Lynch / 2017
Honnête artisan, Joe Lynch a déjà œuvré dans la série B/Z. Un segment dans Chillerama et Détour Mortel 2 lui ont permis d’accéder à des budgets plus important, voire à des budgets tout court avec Everly.
C’est en compagnie d’un des héros de la sitcom zombiesque The Walking Dead, Steven « Glenn » Yeun, qu’il revient avec Mayhem.
Le virus ID-7 affecte l’organisme et désinhibe son porteur. Cela se traduit par un comportement agressif, décadent et meurtrier. Le ID-7 frappe un beau jour une entreprise où la langue de bois est devenue la langue officielle. Une opportunité que le jeune yuppie incarné par Yeun ne manquera pas pour se venger.
Splatter déglingué, Mayhem utilise son scénario pour prétexter des affrontements toujours plus brutaux entre les infectés. Variant les armes et les adversaires, le film s’inspire de deathmatchs pour offrir un vrai défouloir. La réalisation fait l’aumône et s’avère foutraque lors des séquences d’actions. L’excitation prend le dessus et on se retrouve à partir du deuxième acte face à une succession de shaky cams illisibles. Un manque de soin qui aurait pu faire sortir Mayhem de la mêlée.
Un film récréatif, exutoire après une pénible journée de boulot. Un dérivé plus Z des survoltés Haute Tension du duo Neveldine & Taylor.
Le festival s’est clôturé sur l’unique séance Française (pour l’instant) de Shin Godzilla. 29ème Godzilla produit par la TOHO, Shin Godzilla a pour principale mission de réactualiser le mythe. En s’appuyant sur la catastrophe nucléaire de Fukushima, le roi des monstres se retrouve greffé de nouvelles craintes. Une version plus musclée, plus vicieuse aussi. La créature a désormais une évolution en 4 parties la rendant invincible. Film catastrophe à la dimension politique traitée avec sérieux, Shin Godzilla est un majestueux retour en grâce du Kaiju naît en 1954. Hail To The King!