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PIFFF
Note de la rédaction :

La compétition internationale  comportait plusieurs longs-métrages à la solide réputation. Parmi ces piliers, validés au TIFF ou à Sitges, 3 ont retenu une attention particulière. Émérites représentants dans trois genres précis, Tragedy Girls, Matar a Dios et Revenge, synthétisent les promesses et les mutations à venir d’un cinéma fantastique militant et radical, y compris dans ses aspects les plus divertissants.

Tragedy Girls / Tyler MacIntyre / 2017

Depuis maintenant quelques années, les réseaux sociaux surgissent dans quelques slashers dispensables. Utilisés seulement comme outil entre le tueur et ses victimes. Ils peuvent pourtant être employés dans une intrigue plus complexe. Tyler MacIntyre et son acolyte Chris Lee Hill l’ont compris. C’est avec beaucoup de talent qu’ils les exploitent dans Tragedy Girls.

McKayla et Sadie sont deux BFF en quête de notoriété. Elles décident pour cela de publier des photos et vidéos de crimes ayant lieu dans leur patelin. Toujours plus cupides, elles mettront elles-mêmes en scène des meurtres. Engendrant le chaos dans leur petite bourgade natale. Et des milliers de likes.

Edition millenials de Fatal Games, Tragedy Girls brille par son humour noir acéré. Mordant dès son exposition, le film parvient à conserver un rythme de croisière plutôt véloce.  Le film ne s’empêtre pas dans les blagues irritantes à base de LOL ou de hashtags mal venus. Signe que McIntyre et Hill sont en phase avec leur époque. Tellement en phase que le film réserve quelques gags plutôt inattendus. Notamment un montage en forme de compilation des pires transitions du logiciel de montage vidéo Windows Movie Maker qui ravira les plus techniciens d’entre nous.

Mieux encore, Tragedy Girls  « trouve grâce » avec des mises à morts toujours plus « récréatives ». Dans un esprit Do It Yourself, ces meurtres n’en perdent pas un style baroque tant l’hémoglobine recouvre tout le décor.

L’alchimie entre les deux protagonistes principales confère une sympathie supplémentaire pour le film. Complémentaires et charismatiques, elles ne deviennent jamais un poids dans l’intrigue. Par ailleurs, leur psychologie contient des nuances qui permet au film de se démarquer. Le film ne se condamne pas à une morale désuette. Et c’est aussi un plaisir d’avoir deux personnages féminins forts dans le camp des vilains.

Enfin, la réalisation est très clairement marquée du sceau Internet. Peuplée de woosh et autres sons appartenant à l’univers Youtube. Aussi frénétique que ses homologues du web, le montage est extrêmement clipé. Tout s’enchaîne rapidement avec fluidité et cohérence. Il se permet également quelques digressions ludiques qui ne manqueront pas d’agrémenter un univers déjà riche.

Tragedy Girls est un film fun, réalisé par  2 auteurs ayant saisi avec humour le potentiel des outils sociaux. Un long-métrage plaisant qui ne tombe pas dans des effets de manche. Le casting participe également à créer une atmosphère gentiment dégénéré au film.

Matar a Dios / Caye Casas y Albert Pinto / 2017

Plébiscités par le public lors de la compétition des courts-métrages internationaux, le duo espagnol Casas y Pinto venaient également présenter leur premier long : Matar a Dios.

Le soir du réveillon de Noël, une famille au bord de l’implosion accueille à sa table un sdf de petite taille proclamant être Dieu. Bientôt il les mettra face à un dilemme bien loin de leurs petites querelles.

Parabole sur la situation sociale espagnole actuel, Matar a Dios signe le retour d’un cinéma de genre ibérique tourné vers la comédie acide. Sous genre qu’Alex de la Iglesia maintient en vie avec la même formule  depuis 20 ans. Casas y Pinto compte bien rajeunir tout ça.

Prenant la forme d’une fable morale, les personnages sont détestables sans pour autant être trop clichés. Ils représentent tous un défaut  que les réalisateurs -aussi à l’écriture- s’amusent à mettre à mal. Cependant, comme c’est souvent le cas dans le genre, la situation initiale met un peu de temps à décoller. Une petite longueur qui est vite rattrapée par l’arrivée de Dieu.

Personnage mystérieux et barré, ce SDF ne vire jamais dans l’absurde totale. Les moments où il utilise ses dons laisse planer le doute quant à sa vraie nature et ce jusqu’à la fin du long-métrage.

Tout comme leur court-métrage R.I.P, Matar a Dios, dispose d’une direction artistique sublime. Mélange d’influences rétros, le film est un objet de dissection pour tous les fans d’objets et autres gadgets ringards. Parfaitement maîtrisée, la réalisation et la lumière rendent justice au travail des accessoiristes, costumiers et décorateurs. Chaque pièce possède une teinte et une tonalité. Au fur et à mesure du long-métrage, cette idée est utilisée pour créer des respirations et des moments de tensions.

Un film à la qualité plastique renversante prouve une fois de plus le talent de Casas y Pinto. Les dialogues salés viennent apporter une dose de folie supplémentaire à ce film qui marque le départ de deux futurs grands conteurs.

Tout comme Tragedy Girls, un autre film a amené son héroïne badass sur l’écran du Max Linder. C’est le très attendu Revenge de Coralie Fargeat. Le film fera l’objet d’une critique au moment de sa sortie en salle.

Keyser Swayze

Biberonné à la Pop Culture. Je tente d'avoir une alimentation culturel saine et variée, généralement composée de films qui ne prennent pas leurs spectateurs pour des cons. Carpenter, Wright et Fincher sont mes maîtres.

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