NWA : Straight Outta Compton (on va l’appeler SOC parce que c’est ultra relou à écrire) est un film de F. Gary Gray. Alors j’ai pas l’habitude de regarder des biopics, ben figurez-vous que justement c’en est un de biopic, qui, de plus, cartonne aux Etats-Unis. Apparemment au premier rang du Box-Office des biographies les plus rentables dans leur première semaine d’exploitation (il est aussi number one dans la liste des films de l’année où on entend le plus le mot « fuck » à la minute, d’ailleurs !). Critique.
Mais comment qu’est-ce, quel est ce prodige ?, me direz-vous, petits curieux que vous êtes.
Ben c’est une bio sur des rappeurs. Plus précisément sur la formation et l’évolution d’un des groupes pionniers du Hip-Hop West-Coast, NWA, ce qui signifie Niggaz With Attitude, et dont les membres fondateurs, entre autres, sont Ice Cube et Dr. Dre. SOC est l’album qui les a rendu ultra-célèbres et qui comporte la chanson culte « Fuck the Police », qui à l’instar de « Nique la Police » de NTM, a fait scandale et a valu au groupe bien des démelés avec la justice et même le FBI.
Et on découvre (enfin pour ma part j’ai découvert…) le destin du troisième membre culte de ce groupe, j’ai nommé Eazy-E, ex dealer devenu producteur puis chanteur du groupe et mort prématurément du SIDA en 1995.
Kool and the Gang
F. Gary Gray, réalisateur notamment du super funky Cool Friday (1995) justement avec Ice Cube, de The Italian Job (2003), un remake avec Mark Walbergh et Jason Statham, Be Cool (2005), suite du coolissime Get Shorty avec Travolta et enfin du thriller Law Abiding Citizen (2009), avec Jamie “cool” Foxx et Gerard Butler, prend son temps entre chaque film qu’il réalise.
Attention, cela veut pas dire qu’il soit un réalisateur hors pair à la Kubrick, c’est un bon artisan, mais ses films sont loin d’être des œuvres d’art inoubliables. On peut dire sans se mouiller les cacahuètes que SOC est son œuvre la plus réussie. Il attaque sa bio sur une scène d’intro de Eazy-E bien brutale, prend le temps de présenter Dr. Dre et Ice Cube et de dessiner leur personnalité et leur background respectifs, n’oublie pas de souligner la tension sociale de la fin des années 80, racisme systématique des flics, conflits entre les différents gangs, difficulté de s’en sortir pour les afro-américains, explosion avec le scandale du passage à tabac de Rodney King par quatre flics filmés à l’insu de leur plein gré en 1991 et émeutes en résultant, et n’essaie pas de dresser un portrait glamour des nos rappeurs.
Honnête mais pas trop…
Le narcissisme et la soif de gloire de Ice Cube (d’ailleurs joué par le fils de ce dernier, O’Shea Jackson Jr.), qui finit par quitter le groupe pour faire une carrière solo par exemple, n’est pas mise sous silence, ce qui est d’autant plus étonnant que le film a été produit par Ice Cube lui-même.
De même, on montre bien que les ambitions de nos héros sont avant tout bien matérielles (on nous montre deux trois soirées coke, champagne, putes à poil et Ferrari) et que le discours politique passe en second.
En revanche, on fait un peu l’impasse sur le côté misogyne de nos bad boys : les deux trois incidents de violence physique de Dr. Dre contre une journaliste qui avait critiqué le groupe et quelques ex-petites amies sont totalement mis sous silence, tout comme les personnalités deux derniers membres du groupe, dont le profil est tout juste ébauché et qui font du coup figure de plante verte dans la plupart des plans.
Malgré tout, cette histoire d’amitié brisée notamment par les conflits d’égos et financiers (spécial dédicace à ce propos au producteur joué par Paul Giamatti qui, comme d’hab, nous sert une partoche impeccable de frein) est bien rendue, évite les écueils mélodramatiques, et malgré la longueur du film (presque deux heures et demi), il y a peu ou prou de temps mort.
En bref, le film délivre, il est plaisant, il permet à Dr Dre de présenter son troisième album et nous donne envie de nous replonger dans toute sa carrière, d’aller télécharger le second album de NWA sitôt rentré chez soi et de faire pétér à pleines vibures Fuck the Police pour bien faire chier les voisins et se souvenir de cette bonne vieille époque avec un petit sourire mélancolique au coin des lèvres.
Pour toutes ces raison, je conseille ce film aux fans de G-Funk, de Hip-Hop, aux trentenaires, à ceux qui se souviennent de Boyz’n The Hood et Menace 2 Society et qui veulent se replonger dans cette « chaleureuse » ambiance, et aussi aux plus jeunes qui croivent qu’Ice Cube est juste un acteur de à la manque qui fait tout le temps la gueule.