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No dormiras de Gustavo Hernandez – Critique

By 17 mai 2018Critiques
no dormiras
Note de la rédaction :

C’est dans les maisons sud-américaines qu’on fait les meilleurs films d’horreurs. Cette maxime semble à première vue vraie, notamment avec des films comme Les Autres du réalisateur hispano-chilien Alejandro Amenábar et Crimson Peak du Mexicain Guillermo Del Toro. Il est fascinant d’observer que ces films n’ont pas comme seul projet d’effrayer le spectateur, mais aussi de les emmener dans un imaginaire riche avec une ambiance gothique et fantastique. Ce cinéma a tout pour être fascinant, par son métissage culturel entre la culture latine amenée par les espagnols et les portugais et une culture amérindienne.

Quand on découvre un film co-produit par l’Argentine et l’Espagne, réalisé par un Uruguayen qui dispose d’une distribution convenable, on ne peut que s’en réjouir. Il est question de No Dormirás de Gustavo Hernández, un film au budget élevé pour une réalisation Uruguayenne. Le réalisateur n’est pas à son premier coup d’essai, puisqu’il a réalisé The Silent House qui est également un film d’horreur.

Synopsis : 1984. Dans un hôpital psychiatrique abandonné, une compagnie théâtrale menée de main de maître par Alma (BELÉN RUEDA) expérimente une technique extrême de jeu. En privant ses comédiens de sommeil, Alma prétend les préparer à donner le meilleur d’eux-mêmes. Au fur et à mesure des jours d’insomnie, les acteurs ressentent des choses de plus en plus étranges… Bianca (EVA DE DOMINICI), jeune actrice en compétition pour le rôle principal, tente de percer les secrets de cet étrange endroit et devient bientôt l’objet de forces inconnues.

UN SUJET EN OR

Le sujet du long métrage a tout pour intéresser, il aborde les limites de l’art dans le théâtre immersif et l’expérience de l’absence de sommeil. Le théâtre immersif cherche la participation du spectateur, par des interactions ou en étant actif lors de la représentation. Le film pose d’entrée de jeu une impression de mystère ambiant, en questionnant les spectateurs dans ce qui est réel ou halluciné par les comédiennes en compétition, et en proposant un décor qui a déjà tout un imaginaire, l’hôpital psychiatrique, qui renforce le mystère dans le film. Le sujet était en or, pour son originalité et la claque horrifique qu’il pouvait nous délivrer. Malheureusement, le film a été tout du long hésitant quant à la direction artistique du film.

Il n’est pas sans dire que le film est beau, l’attention apportée à la lumière est réussie, car elle accompagne l’évolution psychologique des comédiennes qui doivent rester éveiller, et ajoute un contraste de plus en plus violent entre la lumière blanche qui provient de l’extérieur et le bleu qui semble appartenir à l’hôpital psychiatrique.

UNE EXPÉRIENCE À DEMI-TEINTE

Les acteurs campent leur rôle à merveille. Belén Rueda explore intelligemment le rôle de l’artiste extrême prête aux sacrifices immoraux au nom de l’art. Elle convainc dans la relation professeur-élève entretenue avec le personnage de Bianca. C’est à travers leurs répliques que les spectateurs comprennent à quelle point Alma a une obsession morbide pour l’art, et que Bianca n’en est pas loin.

Le film n’est pas mauvais, mais il tombe parfois dans la facilité. Le réalisateur avait le choix entre distiller une terreur psychologique de façon subtile ou effrayer vulgairement le spectateur à coup de jumpscare. La première demi-heure est très psychologique, le spectateur est alors dans la découverte de l’expérience. Mais quand l’intrigue finit par s’installer, le réalisateur se complaît à une réalisation stéréotypée de film d’horreur en abusant du hors-champ. La réalisation écrase et amenuise l’intensité dramatique qui aurait pu être détonnant.

No Dormirás est au-dessus de bons nombres de films d’horreurs américains qui pullulent dans les salles de cinéma en été. Le film ne s’est pas approprié le genre horrifique mais c’est malheureusement le genre horrifique qui s’est approprié No Dormirás. Contrairement à James Wan ou Amenábar, Gustavo Hernández n’a pas encore trouver sa signature.

Pancake

Jeune scénariste, étudiant à Paris-Sorbonne et éventuellement critique de film

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