My Beautiful Boy est un film réalisé par Felix Van Groeningen sorti en France le 6 février 2019. Avec Steve Carrell, Timothée Chalamet, Maura Tierney…
Le Pitch
Nic a 18 ans. Il est intelligent, plutôt beau garçon, entouré par une famille aimante. Mais Nic aime un petit trop peu les drogues dures.
La Critique
Si je vous dis que le film est réalisé par Felix Van Groeningen, le réalisateur de « Alabama Monroe« , vous devriez déjà être en train de prendre des paquets de mouchoirs pour votre séance cinéma.
Adapté non pas d’une mais de deux autobiographies, « My Beautiful Boy » (« Beautiful Boy » en VO, encore un coup du mec qui traduisait les titres anglais par d’autres titres anglais) offre une vision assez inédite de la descente aux enfers de Nic. Y est abordé autant le point de vue de Nic que de tout son entourage. Les deux autobiographies sont » Beautiful Boy: A Father’s Journey Through His Son’s Addiction » par David Sheff (le père, joué par Steve Carrell) et « Tweak: Growing Up on Methamphetamines » par Nic Sheff (le fils? par Timothée Chalamet). Ces deux-là ne sont pas tout à fait des anonymes puisque l’un est journaliste free-lance, notamment chez Rolling Stones, et l’autre est scénariste et producteur, notamment sur la série 13 Reasons Why.
Autant vous dire que vous allez pas beaucoup vous fendre la poire. Au delà de l’aspect drame, on y trouve une réalité plutôt dérangeante car c’est la réalité qu’on ne veut pas voir. Alors évidemment, « réalité » est ici à prendre avec des pincettes. Bien sûr que c’est un film hollywoodien, bien sûr qu’il y a quelques moments avec le label « pathos ». Je ne pourrai pas hélas comparer avec le maitre étalon « Requiem for a dream » d’Aronofsky car je ne l’ai toujours pas vu. Les films sur les addictions sont toujours pour ma part un peu difficile à regarder, car ils renvoient à la vulnérabilité de l’être humain. Le personnage de Nic dérange car c’est un mec plutôt lambda, ça n’est pas un mec laissé pour compte par sa famille et la Société, et c’est cela qui provoque à la fois de la colère et de la compassion chez le spectateur. Colère et compassion qu’on éprouve également pour la famille et l’entourage de Nic. La réalisation de Felix Van Groenigen reste finalement assez pudique, travaillant pas mal sur le hors-champ. Les deux points de vue des protagonistes ainsi que cette mise en scène utilisant le hors-champ renvoient à la duallité permanente qui habite le père et le fils. Côté bande originale, on retrouve des morceaux de la pop musique récupérée dans les autobiographies. Enfin, côté interprétations, évidemment rien à redire sur qui que ce soit : de Steve Carrell au prodige Timothée Chalamet, en passant par des rôles secondaires comme celui interprété par Maura Tierney, trop rare sur grand écran.
Le film pose également des questions de fond. Aux parents, surtout : quelle est la part de culpabilité ? Quand doit-on abandonner ? Qu’est ce qu’on a fait de mal ? Peut on rendre responsable son enfant de 18 ans ? Si le questionnement de fond est moins présent chez « l’enfant » (par opposition aux parents), cela ne fait pas non plus de lui une victime. L’addiction, quelqu’elle soit, démunie les plus forts. En tout cas, c’est ce qu’on croit une bonne partie du film
« Let It Enfold You »
Pour illustrer son décalage avec la vie et sa souffrance qui semble sans issue, Nic choisit un poème de Charles Bukowski : « Let It Enfold You ». D’abord lu de façon partielle, le poème est dévoilé en entier lors du générique du fin du film. Une véritable ode à ce que les américains appellent le « silver lining », par un des écrivains les plus ravagés par la vie. Un jour, la colère et l’envie d’auto-destruction disparaissent, être amer n’est plus classe, la paix intérieure finit par faire son chemin, un jour à la fois. Un poème qui asséchera votre réserve de larmes et d’émotions jusqu’à la dernière goutte.
Durée du film : 2h // Ressenti émotionnel du spectateur : moins 1 an d’espérance de vie.