TOP 10 : les films avec moins de 5 acteurs à l’écran. Parfois ils sont trois, plus rarement un à l’écran : une expérience radicale et souvent passionnante. Je vous propose donc mon TOP 10 des films avec moins de 5 acteurs à l’écran !
Avant de démarrer le classement, je tiens à préciser que ce classement a été dur à réaliser car j’ai volontairement écarté tous les films dans lesquels il y a des figurants et dans lesquels les personnages principaux sont plus de 5.
Pourquoi 5 ? Car, je voulais évoquer les films qui mettent en exergue la solitude et l’introspection ou les faces à faces. Au-delà de 4 à 5 personnages, je trouve que l’on perd cette ambiance de solitude extrême.
Donc, j’ai volontairement écarté des films comme La Corde (il y a 10 acteurs) et Lifeboat (ils sont 9 sur le canot) d’Hitchcock, Into the Wild de Sean Penn (même si le personnage est seul une bonne partie du film, il y a tout de même près d’une dizaine d’acteurs dans ce film), Le Projet Blair Witch (10 acteurs sans compter la sorcière 😉 ), ni 127 heures, ni 2001 l’Odyssée de l’espace, ni 12 Hommes en colère (ils sont au moins 12…), ni Funny Games (ils sont 10, dommage !), ni Last Days (ils sont 9, mais on reparlera de Gus Van Sant plus tard…), ni Phone Game (en même temps, on s’en remettra…), ni The Wall, ni My Left Foot…
Et puis, il y a les films qui répondent aux critères mais que je n’ai pas choisi : Gravity, La Dernière Lettre, Seul au Monde (il est relativement mauvais), Moon, Buried, Paranormal Activity…

Antichrist (2009)
de Lars Von Trier
Suite à la mort de leur enfant, un couple s’installe dans une maison retirée dans les bois et le mari procède à la thérapie de sa femme.
Film dédié au réalisateur russe Andreï Tarkovski. Il lui rend, en quelque sorte, hommage tant le film est ambitieux sur le plan formel, pourtant trop d’imperfections et d’approximations sur le plan du discours font de cet Antichrist un bon brouillon des films suivants de notre réalisateur danois adoré (enfin je parle pour moi…).

Secret Honor (1984)
de Robert Altman
Un film surprenant dans lequel Robert Altman évoque un Président Nixon se confiant sur sa vie et sa carrière politique et révèle les vraies raisons de l’affaire Watergate. Film peu connu tiré de la pièce de théâtre du même nom.

La Proie nue (1965)
de Cornel Wilde
Un film faisant la part belle au jeu d’acteur de Cornel Wilde, réalisateur et acteur principal du film. Un chef d’un safari, on ne connaît ni son nom, ni son histoire, quelque part en Afrique, encadre un groupe de chasseurs peu recommandables qui refusent les présents d’usage aux guerriers d’un village de la savane. Ceux-ci se vengent en attaquant les chasseurs, en les faisant prisonniers et en les mettant à mort par des tortures horribles. Au chef du safari ils réservent un sort différent : ils ne lui laissent qu’un pagne, une arme et une longueur d’avance avant de se lancer à sa poursuite. Il devient « la proie nue ». À force d’endurance, de ruse, de courage et parce qu’il est aussi impitoyable que ses poursuivants, le héros va en réchapper au milieu d’une nature hostile où les hommes sont aussi cruels que les animaux.

Locke (2014)
de Steven Knight
Choque esthétique et narratif de 2014 : Locke raconte l’histoire de Ivan Locke, un homme tout ce qu’il y a de plus banal. Au début du film, Locke monte dans sa belle voiture et démarre. À cet instant, il est marié, père de famille et a un job à responsabilités. Il reçoit un coup de fil et toute sa vie bascule. Expérience radicale : on passe une heure et demie à bord d’une BMW roulant, de nuit, sur l’autoroute reliant Birmingham à Londres, avec le conducteur pour toute compagnie. Locke, joué par l’exceptionnel Tom Hardy, passe des coups de fil (merci au superbe kit main libre de sa BMW) : il règle des situations de crise à son travail, essaye de sauver sa vie de couple et parle football avec ses enfants. Un film du quotidien d’une ambition folle.

Dieu seul le sait (1957)
de John Huston
Un film remarquable avec deux monstres sacrés de l’Âge d’or d’Hollywood : Deborah Kerr et Robert Mitchum. Comme souvent dans les huis clos, un face à face entre deux personnalités que tout oppose : le caporal Allison, marine rescapé du naufrage de son sous-marin, échoue en canot de sauvetage sur une île du pacifique où ne reste que sœur Angela, seule survivante d’une congrégation religieuse. Promiscuité, rapprochement des corps, vont-ils craquer l’un pour l’autre ? Le film mérite mieux que ce résumé rassurez-vous !

La Jeune fille et la Mort (1994)
de Roman Polanski
Un film d’une âpreté incroyable où le spectateur est pris à vif par un Roman Polanski maîtrisant toujours aussi bien le cadre et les ambiances délétères. Par contre, on sait que la vengeance taraude tous les êtres. Fin du 20ème siècle, dans un pays d’Amérique du Sud qui vit encore le traumatisme d’une dictature récente, le président de la jeune démocratie a décidé de mettre en place une commission d’enquête sur les crimes passés, qui devrait être présidée par un avocat célèbre : Gerardo Escobar. Le soir de cette nomination, l’avocat crève un pneu en rentrant chez lui. Un voisin, le docteur Roberto Miranda, vient à son secours et le ramène chez lui, où sa femme l’attend. Celle-ci, Paulina Escobar, torturée par la police secrète de l’ancien régime croit reconnaître dans la voix de Roberto Miranda celle d’un de ses bourreaux. Un chef d’oeuvre.

Le Couteau dans l’eau (1962)
de Roman Polanski
Le premier long-métrage réalisé par Roman Polanski en Pologne en 1962. Andrzej, un journaliste sportif, et sa femme Christine sont un couple de la classe supérieure polonaise. Ils possèdent un petit yacht sur lequel ils partent faire une croisière un week-end. En se rendant au port de plaisance, ils prennent en stop un étudiant. Le passager n’a pour seuls bagages qu’un sac et un couteau à cran d’arrêt. N’ayant rien de précis à faire, l’étudiant accepte la proposition que le couple lui fait de partir avec eux en croisière. Au fur et à mesure de la croisière, les relations entre Andrzej et l’étudiant s’enveniment du fait de leur différence de classe sociale. Un jour, une dispute éclate. L’étudiant est jeté à l’eau et disparaît. En réalité, il s’est caché derrière une bouée. Andrzej s’absente pour prévenir les secours. C’est à ce moment-là que l’étudiant retourne sur le bateau et séduit Christine. Une fois revenue sur terre, elle raconte à son mari cette aventure mais il refuse de la croire. Premier film, premier d’une longue série de chefs d’oeuvre pour le réalisateur polonais.

Gerry (2002)
de Gus Van Sant
Deux jeunes hommes nommés tous les deux Gerry s’enfoncent dans le désert californien, tout d’abord en voiture puis à pied. Au fur et à mesure que se poursuit leur errance et que s’amenuise l’espoir de retrouver leur chemin, leur amitié subit les premières difficultés… Un film absolument incroyable tiré d’un scénario brillant de Casey Affleck, Matt Damon, Gus Van Sant. À voir absolument.

Le Limier (1972)
de Joseph L. Mankiewicz
Un film sur les faux semblants, la vengeance (encore une fois… il me paraît intéressant de remarquer que ce sentiment inspire les faces à faces au sommet) et la performance artistique de deux monstres sacrés indépassables : Laurence Olivier et Michael Caine. C’est le dernier film de Mankiewicz. Sortant tout juste du tournage de Cléopâtre, il annonce non sans humour qu’il ne pourrait plus tourner qu’un film avec seulement deux acteurs dans une cabine téléphonique. Bien qu’il y ait deux autres films entre les deux, Le Limier semble répondre à cette boutade.
Bien que la distribution originale comporte six noms, afin de perdre les spectateurs, il y en a en réalité beaucoup moins… C’est un enjeu du film donc si vous ne l’avez pas vu désolé !
Le Limier a fait la fierté ironique de son réalisateur comme étant « le seul film de l’histoire du cinéma dont la totalité de la distribution a été citée à l’Oscar ». Un chef d’oeuvre absolu et un écho indépassable au métier d’acteur.

Le Goût de la cerise (1997)
de Abbas Kiarostami
Un homme désespéré d’une quarantaine d’années au volant d’une 4×4 se met en quête de quelqu’un qui accepterait, contre rémunération, de l’enterrer après qu’il se sera suicidé. Un scénario à se tordre de rire, mais ce qui retient surtout l’attention dans ce film est sa volonté d’embrasser la vie dans sa complexité. Loin d’être un plaidoyer pour le suicide (interdit en Iran), ce film est une ode au respect du libre arbitre et un hommage à l’intelligence humaine. Le film a malheureusement été interdit en Iran. Il est arrivé à Cannes clandestinement et à la dernière minute parce que les autorités refusaient le visa de sortie. Ce film est non seulement numéro 1 dans mon top, mais il demeure, encore à ce jour, l’un de mes films préférés.
Merci pour ce top 10 original et fort intéressant ! Je note ces films sur ma to see list 😉
Merci MC, je te conseille, pour commencer, La Jeune Fille et la Mort 😉