Alors, oui, vous avez sans doute entendu parler de la curée qui a suivi la sortie en salle de la Momie, ce film réalisé en dépit du bon sens. Tout aussi problématique qu’Alien Covenant, mais pas pour les mêmes raisons, La Momie poursuit à la stupeur du spectateur candide le long chemin de croix que semble être devenu la saison des blockbusters. Critique.
Dépourvu d’enjeux scénaristiques dignes de ce nom (à aucun moment on ne s’inquiète sérieusement pour les personnages), La Momie bénéficie pourtant de 3 atouts précieux : une production design riche et variée, des effets visuels réussis et un Tom Cruise au top de sa forme.
Néanmoins, ce film est une énorme déception vu son manque d’identité et son déficit total de parti-pris esthétique. Si l’histoire s’avère très convenue, le fait d’avoir confié à Tom Cruise le rôle d’un militaire profitant de ses déplacements dans des zones de guerre riches en trésors archéologiques pour faire du trafic d’œuvres d’art est en définitive une excellente idée. On remercie au passage les scénaristes de nous faire grâce du sempiternel héros archéologue-aventurier. Riche idée que de suivre un héros un peu random mais fun – idée immédiatement anéantie par la création pour le moins tirée par les cheveux du nouveau Graal des scénaristes de blockbusters : le fameux couple composé du héros bourru et badass et de la scientifique belle et rebelle (pour la touche féministe). Duo que l’on retrouve par exemple de Jurassic World à Kong : Skull Island.
L’échec de ce film est pourtant moins lié à l’histoire (certes banale) ou au casting (horrible, excepté Tom Cruise : Russel Crowe est en roue libre totale, tandis que Annabelle Wallis et Sofia Boutella dont le jeu est tout simplement très embarrassant) qu’à l’absence de positionnement clair. Ni horrifique, ni aventure, ni même drôle, ce film passe totalement à côté de son sujet.
Si la version précédente de 1999 avait clairement choisi son camp, conçu comme « une sorte d’Indiana Jones ou de Jason et les Argonautes où la momie en ferait voir de toutes les couleurs aux héros » avec de l’aventure et surtout beaucoup d’humour, ce reboot (peut-on réellement parler de reboot ou d’histoire alternative ?) vogue constamment entre deux eaux : les rares moment de pure aventure venant annihiler les effets des scènes horrifiques et vice versa. Pire encore, les touches d’humour desservent à la fois l’ambiance et la conduite du récit en l’alourdissant (la scène très gênante du pub qui est du reste pompée à The Last Pub on Earth).
Est-ce que ce film va avoir des conséquences sur le Dark Universe de Universal ? Pour rappel, en 2014 Universal charge Alex Kurtzman et Chris Morgan (2 producteurs scénaristes plutôt médiocres mais qui ont sortis quelques beaux succès en salle dont MI3 et Star Trek Into Darkness) de développer des films d’horreurs autour de leur catalogue de personnages célèbres comme le Monstre de Frankenstein, Dracula, le Loup-Garou, L’Étrange Créature du lac noir, L’Homme invisible… On sait d’ores-et-déjà que La Fiancée de Frankenstein est en cours de production, mais il est probable que le scénario et le budget soient revus : le premier à la hausse et le deuxième à la baisse.
Deuxième film de l’année 2017 a pouvoir prétendre à un facepalm award, La Momie bénéficie de quelques atouts notables (Tom Cruise et la production design impeccable) mais ce squelette de film qui nous est arrivé à l’état de momie aurait mérité que les producteurs passent plus de temps à se poser deux questions simples : pourquoi et pour qui ? Cela nous aurait évité de perdre un temps précieux. Dernier point, je ne comprends plus ces films à gros budgets qui semblent s’évertuer à nous faire croire qu’un chef opérateur est devenu optionnel : cela en devient presque risible tellement on ne distingue presque rien dans les scènes de nuit qui représentent les 4/5ème des scènes d’action du film.