Mad Max: Fury Road est un film science-fiction réalisé par George Miller. C’est le quatrième opus de la série Mad Max. Critique.
Amis doc cinéphiles, je préfère être honnête avec toi dès le départ : contrairement à Doc Ciné lui-même, je n’ai pas vu les précédents Mad Max. Enfin si, j’ai tenté de regarder le premier, et j’ai tenu 45 minutes. Après avoir vu Mad Max : Fury Road, j’ai quand même bien envie de me rattraper. Alors, que vaut ce dernier opus ? C’est encore avec le cœur qui bat à toute vitesse que je vous délivre ici ma critique.

Mad Max : la forme
Mad Max Fury Road (que nous appellerons MMFR) est un film graphique, au sens roman graphique du terme, ces bandes dessinées bien trop léchées pour qu’elles soient de « simples » BD. MMFR est donc au cinéma ce que les romans graphiques sont à la BD. Bémol tout de même pour l’utilisation de la 3D, car elle dénature fortement les couleurs. Le côté jaune, pesant et étouffant du sable et du désert est donc atténué par la 3D. Dommage, mais ça ne vous empêchera pas de vous rendre compte de la qualité visuelle de l’objet. George Miller nous livre ici un film « à l’ancienne », en parfaite cohérence avec les précédents films, sortis dans les années 80 (oui, je ne les ai pas vu en entier mais j’en ai vu assez pour me rendre compte de la « patte » particulière du réalisateur). Et bien, figurez vous que les codes visuels des années 80 marchent encore très bien avec notre façon actuelle de faire des films. De plus, c’est rafraichissant de voir un film avec des vrais cascades dedans, et pour moi qui suis particulièrement sensible à la violence, elle n’est ici que suggérée, ce qui fonctionne aussi très bien. Merci une première fois, George, de démontrer qu’on a pas besoin de se plier au cahier des charges pour faire un film culte.
Car c’est bien un film culte qui vient de sortir sur nos écrans, mes amis. Ça se sent, que des tas de gens vont le garder jalousement près d’eux, qu’ils fabriqueront des costumes, qu’ils en feront des jeux de rôles, qu’ils en citeront les répliques. Car ce film fait désormais partie de l’Histoire du Cinéma.
J’estime si un film va me plaire aux génériques, ou aux cinq premières minutes (les génériques se faisant de plus en plus rares), la fameuse « bonne impression » se joue aussi au cinéma. George Miller m’a convaincu en trois. On rentre tout de suite dans le vif du sujet, dans l’ambiance, dans les entrailles de ce monde post-apocalyptique, dans la tête de Max. Pas besoin d’avoir vu les autres. Miller avoue lui-même qu’il ne s’agit pas d’une suite, ni d’un spin-off, ou reboot, c’est juste…Mad Max.
Le film est …complètement taré. Je n’ai pas malheureusement pas d’autre terme que « gros délire jouissif ». La bonne nouvelle, c’est qu’il reste donc de la place pour ce genre de film hybride, entre gros budget et concrétisation d’un esprit fou qu’est celui de Miller.

Mad Max : le fond
Le pitch : l’imperator Furyosa (Charlize Theron) est le bras droit d’Immortan Joe (Hugh Keays-Byrne – qui jouait déjà le méchant Toecutter dans le 1er Mad Max), un espèce de vieux dictateur qui fait littéralement la pluie et le beau temps sur les réserves d’eau de la populace. Prétextant un réapprovisionnement de pétrole, elle va en profiter pour sauver de leurs tristes sorts les 5 épouses d’Immortan Joe. Pendant son périple, elle est prise en chasse par ses sbires, et bien d’autres sales méchants garçons. Mad Max, lui, se retrouve au milieu de tout ça bien malgré lui.
Car c’est bien ça, le génie de George Miller. Donner un titre de film sur un personnage, Mad Max, et faire un film sur quelqu’un d’autre. Car c’est bien l’imperator Furyosa le personnage principal, et Mad Max, un prétexte.
MMFR est il un film féministe ?
Ce qui nous amène au débat qui enflamme la Toile depuis quelques jours. MMFR est il un film féministe ? J’ai souvent vu des textes à ce sujet, uniquement écrit par des hommes. Je vais donc vous donner l’avis d’une femme, pour changer. Car n’en déplaisent à certains, les femmes sont bien mieux placées pour parler de féminisme.
Le féminisme est un terme fourre-tout ces derniers temps. Parfois c’est une insulte, parfois un étendard. Ici, c’est plutôt une ode, tout simplement. Je ne sais plus quel Twittos avait justement posté qu’on avait pas vu un personnage féminin aussi intéressant depuis Ripley dans Alien. C’est on ne peut plus juste.
Il est cependant intéressant de remarquer que pour avoir un personnage féminin fort, il doit se voir attribuer des traits masculins : marcel transpirant, cheveux rasés, voix grave et une aptitude certaine à maîtriser de gros guns (et ici, conduire de très gros cylindrés). Le féminisme au cinéma ne date pas de 2015, j’ai donc du mal à comprendre pourquoi on en fait tout un foin, que ce soit pour Furyosa ou la Veuve Noire dans The Avengers.
Si le féminisme, c’est mettre la femme au premier plan, sa condition, sa façon d’évoluer dans un monde dirigé par les hommes, alors oui, MMFR est sans contexte féministe. D’autant plus que Miller n’y est pas allé de main morte : tous les personnages masculins, y compris Mad Max, sont un peu débiles, voire simplets. Les seuls personnages à s’affirmer, à vouloir se libérer de leur condition et à agir en équipe sont effectivement des femmes. Alors un deuxième merci, George, d’avoir écrit les plus beaux rôles féminins qu’on ait vus dans un film d’action. Je ne sais pas si ça fera avancer le débat, mais le fait qu’il y ait encore un débat à ce sujet montre bien qu’on n’est pas sorti d’affaire et qu’il y a encore du boulot. Par ce film, tu démocratises un peu plus le film d’action. Débat ou non, MMFR est une ode à la force de caractère de chacune.
Vous l’avez compris, j’ai donc énormément apprécié ce film. Déjà pour les raisons vues ci-dessus, aussi parce que j’aime l’esthétisme des films old school et enfin car j’aime les films d’action. Dès le départ, le film démarre pour ne plus s’arrêter. J’ai dû littéralement reprendre mon souffle pendant les quelques minutes d’accalmie savamment accordées par George Miller. Je ne m’attendais pas à ça.
Je ne m’attendais pas à un film si poussé, ni à verser une larme pendant la première scène dans les gorges tellement l’action, le cadre, les acteurs et la musique sont en parfaite harmonie. Un mini bémol cependant au 2/3 du film, quand Furyosa et les épouses retrouvent ce qu’elles pensent alors être la « Terre Promise ». Mais bon, comme je le disais, il faut bien reprendre son souffle quelque part.
Ce film est, malgré tout, dans son ensemble un puzzle parfaitement assorti. Toutes les pièces s’imbriquent avec harmonie : la musique magistrale, les acteurs d’une justesse douloureuse (car d’après la conférence à Cannes, il semble que tout ce petit monde en a bien bavé des ronds de chapeau pendant le tournage), la réalisation originale et la perfection dans l’action d’une façon générale.
Je ne vais pas développer ici le jeu des acteurs, juste signaler qu’ils sont tous excellents, surtout Charlize Theron, et évidemment Tom Hardy qui reste en retrait, gardant l’esprit Mad Max sans essayer d’imiter, et laissant la première place à Theron. Et Nicholas Hoult, vu dans X-Men, s’affirme enfin.
Il y a des films qu’on adorerait détester tellement tout le monde crie au génie, et que l’avis général n’est pas toujours synonyme de qualité. Mais je dois bien reconnaître que cette fois, il s’agit bel et bien d’un film culte. Et il y a bien de quoi écrire des thèses dessus.
Rassurez vous: pas besoin d’être une femme pour apprécier ce film à sa juste valeur, c’est juste que le voir en tant que femme…c’est mieux. 🙂
Charlize. Et la musique ! Et le guitariste ! Et les costumes aussi ! Et…tout.
Quelques ratés au niveau des dialogues, minimes, et la scène au 2/3, un peu longue. Mais vraiment parce qu’il faut trouver quelque chose.