Adapté du livre bestseller Le Médecin d’isfahan de Noah Gordon (1990), L’Oracle de Philipp Stölzl sort en DVD. Critique.
Savant mélange d’histoire et de fiction, voire même de fantasy, L’Oracle est un bon divertissement qui nous plonge dans les débuts de la médecine, en pleine époque médiévale.
Le synopsis :
Londres, 11e siècle. Rob Cole, un garçon de neuf ans doté d’un mystérieux don consistant à ressentir la mort approcher, assiste impuissant au décès de sa mère malade. Orphelin, il décide alors de suivre un barbier-chirurgien itinérant, dans l’espoir de comprendre la cause du décès de sa mère. Il décidera assez vite de partir en Perse, afin d’étudier la médecine auprès du grand médecin Ibn Sina. Chrétien, Rob devra alors se faire passer pour un Juif afin de pouvoir y étudier et espérer percer les mystères du corps humain…
On se laisse porter par ce film, digne d’un conte de Shéhérazade (2h30 tout de même !), à la découverte des sciences arabes et du grand médecin Ibn Sina (également appelé Avicennes) interprété très justement par Ben Kingsley (Gandhi, La Liste de Schindler, Shutter Island).

Si l’intrigue de L’Oracle manque quelque peu d’actions, on prend plaisir à suivre le parcours initiatique de Rob Cole, prêt à tout pour accéder à la connaissance, dans un monde médiéval encore caractérisé par la violence, la pauvreté, les préjugés et dominé par la religion.
L’école de médecine d’Ibn Sina apparaît dès lors comme un paradis intellectuel toléré, mais qui sera très vite perturbée par l’arrivée de la Peste et menacée par les tensions entre juifs et musulmans, vivants jusqu’alors en harmonie sous le règne tyrannique du Shah.
N’ayant pas lu le livre, nous ne nous étendrons pas sur la question du respect de l’adaptation. Toutefois la longueur du film (on se répète, mais 2h30 tout de même !) laisse supposer une réelle volonté de respecter la trame du livre. De même, la dimension fantastique, sans doute centrale dans le livre, présente à travers le fameux « don » de Rob Cole, et transposé à l’écran à l’aide d’un ralenti, semble ici accessoire.
Le casting, réussi, rassemble des acteurs confirmés : Stellan Skarsgård (Millénium : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes , Breaking the waves, Will Hunting) dans le rôle du barbier un peu bourru, Olivier Martinez (Le Hussard sur le toit, Taking Lives) surprenant dans le rôle du Shah, et de jeunes acteurs qui crèvent l’écran : Tom Payne, dans le rôle principal de Rob Cole, et Emma Rigby dans le rôle de Rebecca, incarnant son amour impossible.
Philipp Stölzl, qui n’en est pas à son premier film, et qui a commencé en dirigeant des clips aux univers très marqués, comme ceux de Rammstein (Du Riechst So Gut), Madonna (American Pie) ou encore d’Evanescence (Bring me to life), réussit à nous plonger dans le monde médiéval, avec une critique cependant : il nous a semblé que le réalisateur a utilisé la technique du matte painting (arrières-plans peints dans des scènes filmées dans des décors naturels), pourquoi ? Sans doute pour des raisons de budget, pour un résultat assez old school.
S’il nécessite d’avoir du temps devant soi, L’Oracle réussit à imposer son rythme et à faire revivre le personnage d’Ibn Sina avec succès.