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Les Séries: Plus fortes que le cinéma?

By 1 décembre 2015mars 10th, 2017Gros plan
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Alors que le public se tasse moins qu’avant dans les salles obscures, on voit émerger une nouvelle pratique de visionnage. Quelque soit le support, quelque soit le temps qu’on passe à en regarder et quelque soit l’endroit : Tout le monde est accro aux séries.

La série, ou série télé pour ceux qui suivent pas trop, est dans un nouvel âge d’or depuis l’émergence de shows tel que The Sopranos, 24 ou Lost et atteint une nouvelle dimension avec le sacre de Breaking Bad, The Walking Dead ou Game Of Thrones. Ces séries, plus matures, sont l’héritage de 50 ans de mise au placards. Catégorisé de frère bâtard du cinéma qui ne fera jamais mieux que son illustre aîné. Pourtant, les spectateurs oublient vite. En effet, la série ou du moins la narration épisodique était projetée au cinéma. Au début du siècle des réalisateurs Français (ouais, c’est dingue) et ensuite Américains ont eu l’idée brillante de créer des courtes fictions en guise d’avant programme pour changer des informations et ainsi créer un spectacle totale. Ces fictions, intitulées Sérials, servaient d’arguments pour pousser les spectateurs à revenir la semaine suivante au cinéma. Chaque épisode se terminant sur un cliffhanger. Technique narrative visant à stopper l’intrigue à un moment cruciale pour laisser le spectateur dans le doute.

Après la guerre, la télévision prend de plus en plus de place dans les foyers. et il faut bien combler le vide de l’écran. Les producteurs américains décident alors d’adapter ce qui marche auprès des jeunes : Les Comics. Le principe de sérials se développent donc à la télévision grâce à des adaptations de comics DC tels que Superman ou Batman. Ces aventures adoptent la forme narrative du comics, comme un prolongement des aventures vécues par les héros. La publication hebdomadaire crée un rythme de diffusion sans même le savoir.

La période d’après guerre continue la vague d’adaptation de héros populaires. Souvent inspiré des comics, les spectateurs ont droit à des adaptations de Superman, Davy Crockett, Zorro. On voit aussi l’apparition de séries anthologiques avec Alfred Hitchcock présente. Cette série est intéressante dans sa forme car chaque épisode se suffit à lui même. Chaque épisode devient alors un court-métrage, seul la bouille familière de Hitch sert de fil conducteur. C’est aussi la première fois qu’un réalisateur aussi célèbre intervient régulièrement à la télévision. Car c’est ce que les producteurs souhaitent, fidéliser un public devant son écran. Il voit ainsi dans la série télévisé une prolongation à moindre coût du cinéma. Et le public, l’arrivée du cinéma dans leur canapé. La fréquentation des cinéma prendra alors un coup.

Et durant la chute des studios dans les années 1960, la série télévisé continuera de s’accroître pour créer ses propres genres et gimmicks. Au regard des années 1950, les séries adaptaient des genres cinématographique à la mode comme le Western ou le Thriller. Avec les années 60 on remarque l’apparition de la sitcom et ses rires enregistrés, les séries de marionnettes avec les ThunderBirds ainsi que les séries d’animations comme Les Fous du Volant. La série prend place dans les foyers du monde entier. Tous les pays se mettent à diffuser mais aussi à créer des séries. En France, nous avons eu le droit à l’adaptation de notre Histoire avec Thierry la Fronde. En Angleterre, c’est Doctor Who qui vient s’incruster sur les écrans et l’année 1969 marque l’arrivé d’une troupe d’humoristes portant le sobriquet de Monty Python se poser avec leur Flying Circus.

Les années 70 permettent voient l’émergence de programmes diffusés mondialement et de nombreux réalisateurs ont fait leurs première armes sur des séries. Steven Spielberg par exemple a travaillé sur Night Gallery ou Columbo. Et nombre de réalisateurs et acteurs proviennent de la télévision des années 70-80. La liste est longue mais on y retrouve pêle-mêle : Ron Howard, Robin Williams ou bien Michael Mann.

Arrivent alors les années années 1990, et la place commence à devenir plus en plus importante pour les chaînes privées (HBO, AMC…) qui mettront en place la voie des séries actuelles.

Twin Peaks et son pilote d’une heure et trente minutes vient bousculer le petit écran et la succession d’épisodes se transforme en fresque comparable à de longs films de quatre heures. Le pari de David Lynch sera gagnant et beaucoup de réalisateurs viendront travailler à la télé le temps d’un épisode avec X-Files ou Les Contes de la Crypte

Et nous arrivons aux années 2000. Les séries se consomment de moins en moins sur un écran de télévision, car les intrigues se sont complexifiées, les personnages sont devenus plus réels et les cliffhangers tiennent de plus en plus en haleine. Cette explosion d’internet a aussi permis à l’expansion du cercle de fans et la longévité des séries. Les showrunners commencent à devenir de véritable auteurs : Joss Whedon (Buffy contre les vampires) , J.J Abrams (Alias,Lost) ou Edgar Wright (Spaced)

Dans les années 2010, c’est de véritable films de plusieurs heures qui sont proposés aux spectateurs du monde entier, de manière plus au moins légale. Utilisant du matériel et des techniques exploités normalement au cinéma, ces séries sont regardées sur tous les écrans et certains services de locations comme Netflix sont à présent capable de produire leurs propres séries. Les visionnages hebdomadaires ont disparu au profit du binge watching, technique consistant à regarder un nombre conséquent d’épisodes à la suite pour s’immerger au cœur de l’histoire. Les showrunners sont considérés comme les auteurs que le cinéma n’a plus. Les thèmes abordés sont plus divers et crus que ce que l’on trouve sur le grand écran. Car la série à changé, elle est maintenant bien plus grande que le cinéma. Elle développe ses univers bien plus largement et pour de nombreuses années. Et de par son aura mondiale sur les spectateurs, elle modifie la perception qu’ils ont d’une œuvre audiovisuelle. Le cinéma commence à s’adapter à la série. On réintroduit des génériques d’ouvertures, une narration en actes plus marquée qu’avant. Dorénavant le cinéma regarde envieusement la série. Car elle est plus adaptée à notre mode de consommation, cependant on ne parlera jamais d’une disparition du cinéma. Les gens auront toujours besoin d’un espace pour se rassembler autour d’une œuvre. Que ce soit un film ou une série. Même si la frontière est de plus en plus mince.

Voir également notre dossier sur ce qui fait une série culte (partie 1 / partie 2).

Keyser Swayze

Biberonné à la Pop Culture. Je tente d'avoir une alimentation culturel saine et variée, généralement composée de films qui ne prennent pas leurs spectateurs pour des cons. Carpenter, Wright et Fincher sont mes maîtres.

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