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Les rôles à Oscars : Comment gagner un Oscar à tous les coups ?

By 2 janvier 2016mars 10th, 2017Gros plan

Existe-il réellement des rôles à Oscar ? Question difficile et pas très politiquement correcte, je vous l’accorde, mais qui mérite qu’on s’y attarde un peu. Comment répondre à cette question me direz-vous ? Et bien, il y a un truc qui s’appelle les statistiques qui vont nous faciliter la tâche (ah c’est sûr qu’il ne fallait pas jouer au morpion en cours de math pour y parvenir !).

Comment répondre à cette question me direz-vous ? Et bien, il y a un truc qui s’appelle les statistiques qui vont nous faciliter la tâche (ah c’est sûr qu’il ne fallait pas jouer au morpion en cours de math pour y parvenir !).

Meryl Streep-Oscar 2013

Les rôles à Oscars

Qu’est-ce qu’un rôle à Oscar ? Vaste question ! Une chose est sûre, c’est un rôle permettant à un acteur de montrer toute l’étendue de son talent. Ceci étant des règles presque immuables semblent régir la cérémonie des Oscars. Pour en avoir le coeur net, nous avons étudié les nommés et récompensés des cérémonies des Oscars depuis 15 ans. Vous allez voir, cela réserve quelques surprises…

Drames et célébrités, le duo gagnant

Sur ces 15 dernières années, on compte 8 films pouvant entrer dans la catégorie des drames sociaux. Nous avons décidé de faire un tableau récapitulatif reprenant sur les 15 dernières années, les Oscars des actrices et acteurs par type de rôle. 

Type de rôleActrices par annéesActeurs par annéesTOTAL
Drame économique, social2001 ; 20102000 ; 20148,5 %
Drame fait divers2002 ; 2004 ; 2005 ; 20092002 ; 200420 %
Célébrités2003 ; 2006 ; 2007 ; 2008 ; 20122001 ; 2005 ; 2006 ; 2007 ; 2009 ; 2011 ; 2013 ; 201543 %
Drame maladie, handicap, sexualité2000 ; 2013 ; 201520158,5 %
Autre2011 ; 20142003 ; 2008 ; 2010 ; 201220 %

Les résultats de mon petit calcul ne sont pas étonnants, néanmoins il est plus surprenant de remarquer à quel point les Oscars récompensent des rôles illustrants des célébrités, certes très diverses, puisque allant de Ray Charles à Harvey Milk en passant par la Reine Elizabeth II.

Par contre, juste derrière les célébrités, sans surprise, les drames tiennent la corde, avec 37% des Oscars décernés. Il n’y a bien que The Artist qui représente le genre de la comédie sur ces 15 dernières années.

Aux films déjà cités, il faut en effet ajouter Sandra Bullock dans The Blind Side en 2010, Jennifer Lawrence dans Happiness Therapy en 2013 et, j’ajouterais aussi (même si on peut en débattre) Kate Winslet dans The Reader en 2009.

Mais, vous me rétorquerez, sans doute, qu’il est impossible de faire une généralité sur une analyse sur une aussi courte période.

Nous nous sommes donc « amusés » à analyser les résultats des Oscars depuis 1950 dans la catégorie meilleure actrice. À l’occasion, ce serait intéressant de faire la même chose avec la catégorie meilleur acteur pour voir si notre analyse se confirme. Quel résultat obtient-on ? On se rend compte que le pourcentage d’Oscars décernés à des rôles dramatiques concernant des maladies et le handicap est de 12%, ce qui reste dans notre moyenne de ces 15 dernières années.

AnnéeActriceFilmSujet
1952Vivian LeighUn tramway nommé DésirFolie
1958Joanne WoodwardLes Trois Visages d'ÈveTroubles de la personnalité
1963Anne BancroftMiracle en AlabamaAveugle
1987Marlee MatlinLes Enfants du silenceSourde
1990Jessica TandyMiss Daisy et son chauffeurSénilité
1994Holly HunterLa Leçon de pianoSourde
2013Jennifer LawrenceHappiness therapyBipolarité
2015Julianne MooreStill AliceMaladie d'Alzheimer

Les Saintes lois pour obtenir un Oscar

Suivant ce constat, nous avons essayé de faire une liste non-exhaustive et personnelle des règles à suivre pour obtenir un Oscar. Attention, il s’agit plus d’un jeu qu’autre chose, mais cela s’avère plutôt convaincant au regard de l’histoire de la cérémonie des Oscars :

1 : De la comédie, tu ne feras point

Il est beaucoup plus facile, pour un acteur, de sortir l’artillerie lourde dans des drames. Il y a peu, voire pas du tout, de comédies récompensées dans la catégorie meilleure actrice ou acteur aux Oscars. Cela ne signifie pas forcément que les votants n’aiment pas les comédies, mais ils doivent estimer que les rôles dramatiques sont plus forts et méritent d’être récompensés. Évidemment, cela pose un gros problème d’équité et on pourrait rétorquer que les acteurs de comédies ne sont, bien entendu, pas de plus mauvais acteurs que les acteurs dramatiques : il suffit de penser à Chaplin, Buster Keaton, Groucho Marx, Cary Grant, Jerry Lewis, Woody Allen, Mel Brooks, Steve Martin et plus récemment Ben Stiller, Seth Rogen, Danny McBride et Jonah Hill

2 : Des thèmes universels, tu aborderas

Il est fortement recommandé à l’acteur qui voudrait obtenir un Oscar, que son film traite de sujets qui parlent au grand public. Ainsi, la vie d’un mathématicien célèbre et néanmoins schizophrène ne sera pas abordée sur le plan scientifique mais plutôt sur le plan humain et sentimental. J’évoque évidemment le film Un homme d’exception de Ron Howard avec Russel Crowe, qui n’a, certes,  pas obtenu l’Oscar du meilleur acteur en 2002, bien que nommé pour ce film, qui est un véritable piège à Oscar. Il faut dire qu’il l’avait obtenu l’année précédente pour son rôle dans Gladiator

3 : Des sujets de société, tu en feras ton sel

Il est assez logique d’en conclure que si les comédies ne sont pas un vivier à Oscars et si les sujets trop compliqués ne le sont pas non plus, il faut se rabattre sur les sujets de société pour en obtenir. Les films où la tension dramatique repose sur les frêles épaules des personnages principaux sont des sujets en or. Ces films sont de véritables nids à Oscars. J’entends par là, les films traitant de sujets lourds, difficiles et, si possible, à forte valeur ajoutée émotive. Dans cette catégorie de long-métrage, les films abordant des sujets de société, des faits divers ou des destins brisés tiennent la corde. Cela pour une raison simple : ils possèdent en eux une charge émotive plus directe, car facilement assimilable par le public qui peut s’identifier aux personnages. Bien souvent, ces personnages sont broyés par le système qui ne leur laisse aucune chance pour s’en sortir. Les films où le personnage principal doit faire face à la maladie en font évidemment partie : citons Daniel Day-Lewis pour le rôle de Christy Brown dans My Left Foot (Oscar en 1990) et bien sûr Julianne Moore dans Still Alice (Oscar en 2015).

4 : Du réalisme social, tu ne te départiras pas

Attention, cette loi ressemble beaucoup à la précédente, mais il est important de bien les distinguer : il y a des sujets de sociétés qui ne peuvent pas être classés dans la catégorie « réalisme social ». Le réalisme social est un genre répondant à des codes précis pouvant se résumer (très grossièrement) à cette définition :  un réalisme presque documentaire dans la description de la vie quotidienne des plus déshérités. C’est ces deux points qu’il faut retenir : le côté documentaire et la description de la vie des déshérités (pensez aux films des frères Dardenne ou même à Monster’s Ball avec Halle Berry, Oscar en 2002). Ce réalisme social permet au spectateur de s’identifier aux personnages principaux et à leurs destins. Il est très rare de voir des films fantastiques ou de science fiction dans cette catégorie de films à Oscar. Il est donc inutile d’espérer voir un jour un film fantastique ou de science-fiction récompensé dans la catégorie meilleur acteur ou actrice.

5 : La plus importante, qui par sa seule existence annule toutes les autres : Des grands personnages, tu choisiras

Évidemment, cette loi est la plus importante et génère le plus d’Oscars. Pourquoi ? Car, non seulement le spectateur est forcément plus enclin à se déplacer pour aller voir la vie d’une célébrité (par curiosité), mais aussi et surtout, toutes les célébrités ont quelque chose à nous dire sur la société. D’ailleurs, celles-ci ne sont pas choisies au hasard. Elles sont toutes utilisées pour illustrer un propos (l’injustice avec Truman Capote par exemple), une personnalités complexe (The Queen avec Helen Mirren ou Le Discours d’un roi avec Colin Firth) ou un fait de société (l’homophobie avec Harvey Milk ou le racisme avec Ali ou Ray ou Selma).

Concrètement, sur ces 15 dernières années, cela donne des films comme : Boy’s Don’t Cry avec Hillary Swank Oscar en 2000 (l’histoire d’une jeune transsexuelle), Erin Brockovich avec Julia Roberts Oscar en 2001 (l’histoire vraie d’une mère de famille chômeuse mais courageuse qui lutte seule contre   une grosse société de distribution d’énergie), Monster’s Ball avec Halle Berry Oscar en 2002 (l’histoire difficile d’une mère de famille qui perd son fils âgé de 10 ans, le tout à l’ombre des couloirs de la mort aux USA…), sans même parler de Monster avec Charlize Theron en 2004 et de Million Dollar Baby avec, à nouveau, Hillary Swank en 2005… Pour les Oscars concernant des rôles de personnalités, que dire, tant il y en a ! Citons, entre autre: Jammie Foxx pour Ray (2005) et Eddie Redmayne pour le rôle de Stephen Hawking dans Une merveilleuse histoire du temps (2015) et, côté femme, Nicole Kidman  pour le rôle de Virginia Woolf dans The Hours (2003) en passant par Reese Witherspoon pour le rôle de June Carter Cash dans Walk the Line (2006) et  Meryl Streep pour le rôle de Margaret Thatcher dans La Dame de fer.

En conclusion, je tiens à préciser qu’il ne faut pas non plus prendre au pied de la lettre ce classement, car tout n’est pas inscrit dans le marbre. Il y a également de gros ratés : par exemple Sean Penn pour le rôle de Sam Dawson dans Sam, je suis Sam (2001) ou Leonardo DiCaprio pour le rôle de Howard Hughes dans Aviator (2005). Si leur interprétation n’est pas à remettre en cause, il n’en demeure pas moins que leur échec est à la hauteur des espérances que de tels rôles engendraient.

Comme le dit Kurk Lazarus (Robert Downey Jr.) dans Tonnerre sur les Tropiques : « Tout le monde sait qu’on ne joue jamais un débile à fond (par exemple) Dustin Hoffman dans Rain Man. Air débile, comportement débile, mais pas débile. Il sait compter, tricher. Il est autiste, pas débile. »

C’est la même chose dans tous les autres films cités et récompensés : les actrices et acteurs jouent des personnes malades ou déshéritées, à problèmes ou même parfois avec une sexualité hors norme, mais tous jouent des personnages exceptionnels : courageux, intelligents, sachant se prendre en main… En fait, Hollywood nous conte, avec ces personnages, toujours la même histoire. Celle de la personne lambda, comme vous et moi, qui parvient à dépasser sa condition pour améliorer sa vie.

Elle est pas belle la vie ?

Noodles

Fan de cinéma depuis longtemps, je partage mes opinions avec vous. N'hésitez pas à me donner votre avis sur mes critiques. Sur Twitter je suis Noodles, celui qui tombe systématiquement dans le piège des débats relous.

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