Après avoir écrit des scénarios pour Jacques Audiard (Un prophète, Dheepan…), Thomas Bigedain s’attaque à la réalisation avec “Les Cowboys”, un film d’aventure sur le djihad.
Lorsque lors d’un festival country sa fille disparaît, Alain se lance à travers le monde acompagné de son fils pour la retrouver.
L’idée de base du film est fabuleuse : faire un western contemporain tout en remplaçant les indiens par des djihadistes. pour se faire, Bigedain s’approprie les codes du genre avec brio que ce soit dans le fond (psychologie des personnages…) ou dans la forme (beaucoup de plans larges sur des déserts et des montagnes filmés en scope). Le scénario du film est composé de deux phases bien distinctes qui offrent une vision plus nuancée sur les personnes liées au djihad (la comparaison aux indiens est surtout faite à travers les yeux du personnage d’Alain, interprété par François Damiens). Alors que la première moitié du film est très bien rythmée et captivante, ce n’est pas tout à fait le cas de la seconde. En effet, plusieurs longueurs s’y font ressentir, ce qui est d’autant plus dommage quand on se rend compte que cette partie est celle qui se rapproche le plus du western au niveau de certains codes. L’histoire nous promène dans des environnements très variés (de la France au Pakistan en passant par le Yémen et la Hollande) et nous montre un vaste panel de personnages secondaires divers et variés, le plus souvent bien écrits et attachants.

Visuellement, la forme du film est sublime et très travaillée, Thomas Bigedain manie visiblement aussi bien la plume que la caméra. Tout le long du film, ses cadrages sont impressionnants tant ils mettent en valeur les décors, les costumes et les personnages. Le réalisateur a su bien s’entourer puisque son chef op’, Arnaud Potier, a fait un boulot incroyable sur l’éclairage qui, accompagné de l’étalonnage, revitalise les plans du film. Le travail sonore est lui aussi à souligner, Pierre Mertens, m’ingé son, apporte une ambiance particulière au film qui renforce sa dimension visuel.
Ce qui importe le plus dans le film, ce sont ses personnages, et plus précisement le duo père/fils, synthèse de deux générations assez opposées. Le personnage d’Alain est râleur, pas très sociable et est souvent dépassé par les événements, il se croit cowboy alors qu’il en est l’opposé. A l’inverse Kid, son fils, est plus ouvert et assez réservé, c’est lui le véritable cowboy du film. Leur relation est touchante puisqu’on la sent évoluer au fil du film, à la manière de la psychologie des protagonistes.
Malgré un rythme un peu bâtard dans sa seconde partie, Les cowboys est un film de genre profond et intelligent, soutenu par une esthétique superbe et un duo d’acteurs principaux au sommet.