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Le Spécialiste de Sergio Corbucci – Test blu-ray

Note de la rédaction :

Quelle ne fut pas notre surprise en visionnant Le Spécialiste ! Loin de sa réputation de co-production sans âme montée autour d’une star, ce film de Sergio Corbucci s’avère à notre plus grand plaisir incontournable pour tout amateur de western spaghetti. Une superbe restauration 4K et l’édition d’un coffret comprenant le film en BR et un livret de 32 pages vous incitera peut-être à rattraper votre retard et à réparer cette injustice.

Synopsis :

Hud Dixon (Johnny Hallyday), un cow-boy solitaire, se rend à Blackstone, une petite bourgade du Nevada, dans l’intention de venger la mort de son frère Charlie. L’individu a été lynché par la population, qui l’accusait, à tort, d’avoir dérobé les fonds de la banque qu’il était chargé de surveiller. Dès son arrivée, Hud prend contact avec le shérif et avec Virginia, la veuve du banquier. Tous nient avoir été mêlés à la mort de Charlie et se refusent à aider Hud dans ses recherches. Entre-temps, le cow-boy sauve Sheba, une belle paysanne, des griffes de son beau-frère, un individu brutal. La jeune femme s’éprend de Hud et confirme l’innocence de Charlie. C’est alors que Hud est arrêté par le shérif…

Difficile d’imaginer carrière plus éclectique que celle de Sergio Corbucci, troisième Sergio de l’âge d’or du western italien après Sergio Leone et Sergio Sollima. A eux trois, ils ont réalisé une dizaine de westerns entrés dans la légende. Mais si Corbucci a bénéficié d’un coup de projecteur amplement mérité notamment grâce à Quentin Tarantino, celui-ci demeure peut-être le plus sous-estimé des trois. Comme si sa réputation de ne pas avoir un plan de travail au cordeau lors de ses tournages faisait de lui un cinéaste plus fantasque que réellement marquant. Ce qui est bien entendu faux.

Après avoir explosé aux yeux du grand-public avec le sanglant, dérangé et néanmoins iconique Django (1966), il enchaîne en faisant feu de tout bois avec les tout aussi malades Navajo Joe (1966), Le grand silence (1968) et El mercenario (1968).

Le Spécialiste arrive donc au sommet artistique de la carrière de Corbucci et cela se ressent tant le film est parcouru par une énergie folle dès les premières minutes du métrage. Pour autant, ne vous attendez pas à un western frayant non sans ironie avec la mythologie du genre comme dans Le grand silence. S’il ne peut pas s’appuyer sur la même ambition formelle, si vous appréciez le style de Corbucci, vous ne serez pas en reste : la fluidité des mouvements de caméra sont toujours présents soulignant la belle tenue technique de l’ensemble.

Ceci étant, il serait incongru de ne pas poursuivre la longue liste des points forts de ce film sans aborder l’implication de Johnny Hallyday qui, même s’il ne parvient pas à se hisser au niveau des immenses figures du western spaghetti (mais qui le peut ?), se glisse dans le costume de l’anti-héros solitaire avec conviction.

Le reste du casting est encore plus convaincant. Françoise Fabian en banquière avide, est remarquable tout comme Mario Adorf (surtout connu pour son rôle dans Le Tambour) dans un personnage bigger than life de pirate du far west.

Le Spécialiste est enfin et surtout une mine de moments potentiellement cultes pour les amateurs de westerns italiens. Si la galerie de personnages hauts en couleur est digne de ce qui se fait de mieux dans le genre, certains moments improbables vous feront au choix mourir de rire ou vous retourner interloqué vers votre voisin. Dans tous les cas, ce film ne vous laissera pas indifférent et pose en véritable divertissement de qualité ouvrant la voie à des films tels que Mon Nom est Personne et la vague des films d’action burlesques de la décennie suivante.

Enfin, Le Spécialiste se démarque par son regard critique sur la société de consommation mais, en bon cinéaste iconoclaste, Corbucci ne résiste pas à se payer la figure tutélaire post-soixante-huitarde de la bande de jeune hippies complétement anachronique ici, mais se fondant parfaitement dans l’ambiance de ce film patchwork improbable : le gilet en côte de maille et le final ne vous laisseront pas indifférents…

Le Blu-ray

La copie est tout simplement superbe. TF1 Studio, qui a l’habitude de rééditer des films de patrimoine, est indéniablement devenu un « spécialiste » du genre. La restauration en 4K est limpide : l’image est débarrassée de toute scorie et bénéficie en parallèle d’un piqué remarquable. Une fois n’est pas coutume, la technicolor reprend vie sous nos yeux ébahis et dès les premières minutes les couleurs explosent littéralement à l’écran.

Le son n’est pas en reste avec un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 qui vous plongera au cœur de l’action aussi bien en VF qu’en VO.

Côté bonus une présentation du film par l’immense Jean-François Rauger, spécialiste de cinéma de genre et programmateur à la Cinémathèque française.

A noter également, un livret de 32 pages : Le Guitariste, une bande-dessinée parue dans Pilote en 1970 rééditée pour la première fois.

Noodles

Fan de cinéma depuis longtemps, je partage mes opinions avec vous. N'hésitez pas à me donner votre avis sur mes critiques. Sur Twitter je suis Noodles, celui qui tombe systématiquement dans le piège des débats relous.

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