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Note de la rédaction :

Il medico e lo stregone (1957) comédie de Mario Monicelli, scénariste et réalisateur italien connu du grand public pour ses comédies Le Pigeon et La Grande Guerre.

[Attention : langage fleuri]

Alors j’ai commencé à mater cette petite œuvre mineure de Mario Monicelli (auteur entre autres du fabuleux I soliti ignoti aka Le Pigeon en 1958 et l’énorme, le formidable, le valeureux L’Armée Brancaleone en 1966, avec Vittorio Gassman et Gian Maria Volonte (oui, le méchant de Pour une poignée de dollars et de Et pour quelques dollars de plus) et même que L’Armée Brancaleone, c’est un des films les plus drôles que j’aie jamais vu), avec des sous-titres en portugais. Ça m’a vite fait chier.

J’ai trouvé des sous-titres en espagnol, ce qui est un charmant quoique veule compromis pour un film italien. À ce propos et contre toute attente, pour ma déclaration d’amour au cinéma italien, c’est une piètre introduction, je vous le dis tout de suite. Le Mario, il devait débuter, on lui a sûrement refilé un scénar de commande et il a clairement pas eu le droit de faire la fête à popaul lors du tournage. Mais néanmoins et billevesées, le film est attendrissant sous plusieurs aspects.

Jour de fête

Le plot, c’est un médecin qui est nommé dans un village de cambrousse paumé dans les années cinquante. Il arrive en autobus, personne pige ce qu’il dit, apparemment y’a des embrouilles de patois, ce qui m’arrive aussi quand je retourne dans mon Limousin natal, et il doit faire face à un adversaire de taille : un guérisseur limite vachement rebouteux nul en médecine mais fin psychologue qui a la confiance de tous les habitants du village et vit à leurs dépens, se faisant payer en espèces sonnantes et trébuchantes, bon vin et grasses poulardes.

il medico e lo stregone

Donc le médecin va avoir du mal à se faire accepter par le village, que c’est tous des bouseux moustachus typiques du cinoche italien de cette époque qui veulent surtout pas se prendre une piquouze anti-tétanos dans le cul. Merde, respect quoi, on est des hommes, des vrais, avec des couilles dans le béret ! Tout le film sera sur le duel entre le médecin porteur de techniques modernes et efficaces et le rebouteux qui a pas envie de perdre son business.

La crème de la crème à l’Italienne !

Comme je vous le disais au début, le film est pas terrible, MAIS. Et il y a un mais, et même genre un Big One : le réalisateur est tout de même une pointure, et il y a trois acteurs qui sont depuis devenus des légendes.

Je vous les mets dans l’ordre :

Numbeur one : Marcello Mastroianni dans le rôle du médecin (voir la photo plus haut si vous ne le connaissez pas encore, bande de brutes en pantalon nylon !). Bon, il était pas encore très connu mais déjà superbe dans son rôle d’idéaliste innocent et anti-macho. Il allait exploser trois ans plus tard grâce à La Dolce Vita de Federico Fellini. Il est ni bon ni charismatique non plus, ce qui confirme ma théorie qu’à de rares exceptions près, l’acteur hypnotise la pellicule à partir de 35/40 ans. Bon le gonze est né en 1924, ahah, il avait 33 ans et un visage de poupin. En 1961, il allait littéralement ex-plo-ser dans Divorce à l’Italienne, donc à l’âge de 37 ans, on est raccord, je vous encule avec un concombre. J’espère un jour si mes varices et mon foie jaune me le permettent vous parler un peu de ce film à côté duquel un monument fait figure de tartes aux poils. Marcello, comme disait une ex, c’est bien simple : « S’il était pas déjà mort, je t’eusse fait cocu ! ». Et moi je rajouterais : « Je n’en eusse point pris ombrage, bien au contraire ! ».

Numbeur two : ben le mec qui a su si bien employer la chimie électrique et érotique entre et Sophia Loren, j’ai nommé Vittorio de Sica dans le rôle du rebouteux. Bon ben on va pas s’éterniser sur De Sica, c’est du lourd, c’est du dur, c’est du stable, c’est le mec qui a réalisé Le Voleur de bicyclettes qu’est considéré comme un chef-d’œuvre du cinéma parlant d’après guerre et mes couilles sur ton nez. Dans le film qui nous concernophile, il met toute son énergie à déployer le répertoire de l’italien macho, couard, truculent, à grands renforts de phrases et gestes théâtraux. On voit bien qu’à cette époque il est plus connu que Marcello d’ailleurs, car son rôle dépasse, trépasse en longueur et en importance celui de Mister Huit et Demi.

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Numbeur three : Il en manquait un, vous l’avez, dans un petit rôle de cinq minutes mais qui fait que ce film ne peut absolument pas passer aux oubliettes : Môssieur Alberto Sordi, dans le rôle d’un mari qui n’a plus jamais donné de nouvelles depuis qu’il est (soi-disant) parti au front en Russie en 1942, que tout le monde croit mort sauf sa femme et qui soudain revient par le train de midi pour taxer de la thune à cette dernière. Il est… énorme (je sais, je l’ai déjà dit), intense, grotesque, ridicule, flamboyant. Cinq petites minutes de bonheur. Sordi, c’est La Grande Guerra avec Vittorio Gassman, Una vita Dificile de Dino Risi (1961) qui est un petit bijou de film sur la Seconde Guerre Mondiale en Italie, c’est aussi Lo scopone scientifico (1972) de Luigi Comencini qui est encore, hé oui, lui aussi, un joyau de la comédie à l’italienne, bref, c’est un roc, c’est un pic, c’est une montagne !

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No feminism in Italia

Ce petit film champêtre qui nous fait penser aux bonnes vieilles comédies du temps où Louis de Funès était pas encore connu, genre Ni vu, ni connu (1958) le premier film d’Yves Robert, ou bien la série des Don Camillo avec Fernandel ou encore Les vieux de la vieille (1960) avec Jean Gabin a du charme et du caractère, grâce à ce trio imbattable et des seconds rôles hauts en couleur.

En revanche, le scénario traine et le film n’est jamais flamboyant, il se contente de vignettes fainéantes qui peuvent faire décrocher assez vite. Et puis, une scène m’a franchement emmerdé, mais of course il faut la resituer dans le contexte de l’époque : une jeune fille de 17 ans vient voir Vittorio le rebouteux car elle veut une potion pour perdre son bébé qu’elle a eu d’un sans-gloire qui entretemps s’est barré. Elle lui dit en pleurant qu’elle souhaite que ce qu’elle a dans le ventre meurt, ce à quoi Vittorio lui fout une bonne claque dans la gueule, la traite de tous les noms et lui dit qu’elle n’a pas le droit de tuer une vie dans l’œuf et qu’elle n’a aucune idée du bonheur que cela lui apportera, surtout si c’est un garçon… Putain de dieu, cette petite leçon anti-avortement. De même itou la dernière scène qui gâche le film : le village a compris que le rebouteux n’était qu’un abuseur et que la médecine moderne et la pénicilline a ses avantages. Le charlatan se casse en train pour aller voir sa famille à Naples, dépité. Et voilà que la jeune fille citée plus haut se pointe, un bébé dans les bras (bien sûr c’est un garçon), elle court après le train en lui disant comment il a été un mec formidable de lui avoir forcé à garder le môme … Fine.

Naaaan ????? J’éructe des pénis en bronze !!!

Botzky

Obsessionnel compulsif, polytoxicomane, polygame, polyglotte et professionnel de Pole-Dance, Botzky n’a pas une mais mille opinions selon le taux de salinité des saisons. Grâce à Doc Ciné, il peut enfin partager le point de vue schizophrène qu’il porte sur sa maîtresse préférée, Miss 7ème Art, et s’en pourlèche les babines avec un plaisir sanguin à rayures ingénues et perverse.

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