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Las marimbas del infierno – critique du film

By 17 janvier 2018Critiques
Las marimbas del infierno
Note de la rédaction :

On remercie au passage le cinéma le Comoedia, à Lyon, de nous avoir permis d’y assister en présence du réalisateur.

Ayant perdu son travail dans un hôtel au profit d’un iPod, Don Alfonso, craignant de voir sa marimba saisie, tente de s’associer avec une légende du métal au Guatemala pour continuer à vivre de sa musique.

Le film s’ouvre sur une scène extraite d’un précédent film, documentaire, de Julio Hernandez Cordon. On y voit Don Alfonso reclus dans une maison pour échapper à ses racketteurs, dormant sur le même fauteuil sur lequel il mange, accroché à son marimba comme un naufragé à son radeau. Lui prendre, c’est lui retirer plus qu’un bien, c’est lui prendre l’instrument qui fait de lui un musicien et lui permet de vivre. La mise en scène est à l’image de la situation du musicien, touchante et d’un grand dénuement.

De cette situation, réelle, Julio Hernandez Cordon décide de tirer, face aux réticences de la femme de Don Alfonso quant à la réalisation d’un documentaire entièrement consacré à son mari, une fiction, Las marimbas del Infierno. On y voit Don Alfonso, venant de perdre son travail consistant à jouer dans un hôtel, chercher à échapper à ses racketteurs et à continuer à vivre de sa musique. Pour cela, sur les conseils de son neveu Chiquilin, il propose à El Backo, célèbre musicien de métal au Guatemala, de créer un groupe de fusion métal/marimba.

De ce pitch improbable, Julio Hernandez Cordon tire un film hommage à la création, à, dit-il, ceux qui créent au Guatemala et continuent à le faire malgré les écueils la frustration de l’échec. Sur de telles bases, beaucoup de réalisateurs auraient penché pour l’insupportable genre du feel-good movie. Julio Hernandez Cordon opte pour un tout autre ton, à la fois grave et léger, lourd et drôle. En effet, si la situation de Don Alfonso, dont la fragilité est illustrée par les plans où il apparaît poussant sa marimba bringuebalante, a une dimension pathétique, les personnages de Chiquilin et El Blacko, ex-sataniste devenu évangéliste avant de professer des messes en hébreu, apporte un pendant comique bienvenu, sans jamais sombrer dans le ridicule ou la caricature. En outre, en dépit de l’énergie et de l’imagination déployée par les personnages, pour autant jamais naïfs, ressort une atmosphère légèrement désabusée, résignée face au sort sans pour autant être synonyme de renoncement.

A son scenario intelligemment écrit, Las marimbas del infierno ajoute une mise en scène réussie, modeste, à l’image de son ambition, et à l’esthétique aboutie et cohérente. Julio Hernandez Cordon utilise en effet parfaitement les couleurs de villes guatémaltèques et compose de beaux plans décentrés qui participent de l’ambiance du film.

Film maudit, dont la sortie française initiale, en 2010, a été annulée suite à la faillite du distributeur quelques jours avant sa date et dont un des acteurs, Chiquilin, est mort assassiné il a trois ans, Las marimbas del infierno constitue la très bonne surprise de ce début d’année.

Ghost Writer

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