SORTIE EN DVD ET BRD LE 3 AVRIL
Avec La Villa, Robert Guédiguian semble pour la première fois regarder dans le rétroviseur en abordant frontalement toutes les questions qui l’ont taraudées durant sa longue carrière : les luttes sociales, la famille, les minorités. A l’occasion de la sortie du film en DVD / BR, nous revenons sur ce film ayant marqué l’année 2017.
Deux frères et une sœur réunis sur le tard par la santé défaillante de leur père : Joseph (Jean-Pierre Darroussin), ancien militant désabusé et assommant de cynisme, ex-militant de gauche et vrai-bourgeois, accessoirement écrivain raté ; Armand (Gérard Meylan), qui lui est resté chez lui, reprenant le restaurant paternel ; et Angèle (Ariane Ascaride), partie suite à un drame des années plus tôt, actrice célèbre et célibataire.
Cette équipe improbable va apprendre à se retrouver pour mieux faire le deuil de leur passé.
Plus qu’un récit testamentaire, La Villa s’apparente davantage à un témoignage modeste d’un artiste (artisan ?) s’apercevant, au soir de sa carrière, qu’il a bien plus que des réponses a offrir à son public.
En insufflant un brin d’épaisseur, voire un regard critique sur son parcours, quitte à interroger sa propre légitimité, Robert Guédiguian démontre qu’en creusant son sillon il y a peu, et ce n’est pas du tout un défaut, à retenir. Le film âpre, déroulant des péripéties et des personnages à dessein caricaturaux, s’apprécie comme une chambre d’écho dans laquelle ce qui est raconté s’avère moins important que ce à quoi cela fait écho dans la carrière du cinéaste.
D’ailleurs, Robert Guédiguian semble valider cette impression dans une scène sidérante (la plus belle du film et de loin) : lorsque à la faveur d’un souvenir remontant à la surface, il place une séquence magnifique de Ki lo sa ? datant de 1985 avec les mêmes Ascaride, Meylan et Darroussin sur les mêmes lieux (la calanque de Méjean). Scène d’une incroyable énergie dans laquelle ils finissent tous par se jeter à l’eau.
Cette scène muette semble confirmer une prise de conscience : les dialogues (parfois un brin scolaires, souvent scandés) sont l’écume du parcours cinématographique de Guédiguian. Du moins, la justesse n’est pas à rechercher de côté-là. Proches du réel, les situations décrites n’en conservent pas moins une certaine poésie mélancolique.
Ne nous y trompons pas : La Villa est loin d’être un écrin aimable. Il faut l’apprivoiser pour en discerner toute la subtilité. Néanmoins, si vous y parvenez vous en décrocherez enrichis au vrai sens du terme.