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southpaw
Note de la rédaction :

Note de la rédaction :

La Rage au ventre (Southpaw) est un film de boxe sorti en France le 22 juillet, qui a eu une grosse distribution, alors fallait bien y faire sa critique.

Fallait bien ? Oui, oui, au moins pour vous mettre en garde, les amis !

Raging Hope

Bon Southpaw c’est l’histoire d’un boxeur, un poids moyen, Billy Hope (comme espoir, car le film porte un message d’espoir finalement, z’allez voir) joué par Jake Gyllenhaal, rhâ, il faut toujours que je checke trois fois avant d’écrire son nom correctement. Et c’est un boxeur, euh, comment dire, personne a l’air de dire qu’il a forcément une bonne technique, mais en revanche il est brutal, agressif, résistant, et il rechigne pas à pisser le sang par tous les pores de sa peau pour gagner et mettre son adversaire au tapis. Et qui c’est qui nettoie le tapis ? Encore de pauvres immigrés payés une misère mais on va pas faire de politique. Tout de même, ils pourraient faire des tapis rouges, ce serait plus simple…

Et comme il est champion, il a une femme de champion qui est troooop bonne et qui l’aime graaave et qui l’accompagne partout, et qui prend toutes les décisions pour lui, car Billy est pas très euh comment dire encore, malin. Il est un peu simplet le garçon. Heureusement, le couple a une petite fille intello (elle a des lunettes, donc dans un film américain, une gamine avec des lunettes est, per se, intello).

Ah oui, et puis lui et sa femme, avant de devenir super riches et célèbres, ils viennent de l’assistance publique, je vous le dis car c’est important pour la suite.

Ils habitent dans une maison du plus pur style victorien nouveau riche Tony Montana je me la pète, un peu comme les baraques des mafieux roumains qu’on aperçoit soudain au milieu de villages en ruines et des villageois tout aussi ruinés.

Bon, son manager black (50 Cents, qui sait toujours pas jouer, mais bon, il a encore une longue carrière devant lui pour s’améliorer, courage mon pote) veut le faire combattre contre un ténor, mais sa femme, qui, comme je le disais plus haut, porte un peu la culotte, et d’ailleurs à un moment on la voit en string léopard et c’est un peu la scène qui sauve le film, c’est vous dire… le convainc de faire une petite pause car il a tout de même une gueule bien défoncée depuis son dernier match que si y faisait un concours avec Quasimodo, il finirait premier.

On en est où ? Ah oui, donc il est là genre je vais faire une petite pause en buvant des Nespressos, car j’ai un œil tout rouge on dirait un lapin qu’a la myxomatose et lors d’une soirée de charité, qu’il préside, il se frite avec un boxeur mexicain qui veut absolument le combattre. Le mex le provoque, il dit un truc avec le mot « bitch » dedans en parlant de sa femme, Billy s’énerve, une bagarre éclate, un coup de feu également, sa femme tout autant, normal, elle s’est pris la balle perdue, elle s’écroule, au tapis elle aussi.

Et elle meurt. Vous trouvez le scénar un peu tordu par les cheveux ? Naaaaan.

Bon, sa femme morte, Hope qui est déjà bien barré et colérique perd un peu plus les pédales, il est inconsolable, il prend des drogues, il a un accident de bagnole sur sa propriété et quand les secours arrivent, ils découvrent qu’il était « under influence » et qu’il portait une arme au moment des faits.

Paf, un tour chez le juge, il perd la garde de sa fifille à lunettes adorée qui se retrouve à l’assistance publique (c’est pour cela que je vous disais plus haut que c’était important, la boucle est bouclée, quoi).

Et bang, c’est le pitch que nous n’hésiterons pas à qualifier de shakespearien, voire, voire vachement faiblard, Billy Hope doit trouver la voie de la rédemption, il a tout perdu, femme, enfant, maison, cochons, contrats (son manager le vire et prend le mexicain à sa place).

Road to redemption

Mais Billy est un fighter et ne va pas se laisser abattre si facilement. Son but maintenant, c’est de récupérer sa fille et pour cela, il doit tout reprendre à zéro, emménager dans un appart de 30 mètres carrés que même un étudiant en première année de psycho en voudrait pas, et trouver un boulot. Alors, il va dans un club de boxe tenu par le phénoménal Forest Whitaker, et grâce à lui, il va reprendre l’entrainement, découvrir la rédemption, comprendre que le monde tourne pas autour de lui et qu’il faut aider les autres, et apprendre une nouvelle technique de boxe pour gagner : la défense (on ne rigole pas dans le fond de lasse s’il vous plait !) Ah ben, parce que le mec avait réussi à devenir champion sans jamais se défendre, tout dans l’attaque. Et puis Forest va lui apprendre le petit truc qui fait la différence, le fameux Southpaw, un jeu de jambe où tu te sers de l’impulsion de ton pied pour balancer un crochet imparable, les pros de boxe me pardonneront, j’ai vu le film en VO et pas tout capté la technique.

Donc, Billy Hope apprendra-t-il à contrôler sa colère pour boxer comme un hippie, récupèrera-t-il son intello de fille et sa baraque du plus pur style victorien ? Vous le saurez même sans regarder ce film, car c’est téléphoné depuis le début, contentez-vous du trailer et économisez deux heures et dix euros.

A la réalisation, on a mis Antoine Fuqua, spécialiste de films d’action depuis, si je ne m’abuse, The replacement Killers aka Un Tueur pour Cible en french, un qui film qui voulait introduire Chow Yun Fat et le Gunfighting à la John Woo à Hollywood et qui avait bien foiré. Tu n’imites pas le style de John Woo, tu prends John Woo à la réalisation (Face Off est, à ce jour, sa meilleure réalisation hollywoodienne) ou bien tu ressors simplement ses films de Hong-Kong, Hard Boiled (ouaouhhh !), The Killer (mamma mia !) A bullet in the head (Madoué !) ou Le syndicat du crime (Nom de dieu !) Merde, c’est pas compliqué !

Mais je m’énerve et m’outrepasse. Donc, Fuqua, comme les dragées (ça vous rappelle pas le sketch de Coluche ?), il a du style, il maitrise la caméra, et si tu lui donnes un bon scénar, il peut presque faire un bon film : Training Day, avec Denzel Washington et sur un scénar de David Ayer (Harsh Times, Fury), est son meilleur film à ce jour, avec Brooklyn’s finest, une tentative naïve mais presque touchante de moderniser Mean Streets. Sinon il nous a pondu Shooter, Olympus has Fallen aka La Chute de la Maison Blanche et l’année dernière, The Equalizer, encore un film d’action avec Denzel Washington qui avait tellement de potentiel complètement gaspillé.

A propos de scénar, pour la petite histoire, Southpaw était au départ prévu comme une suite de 8 Miles avec Eminem, puis le projet est passé de mains en mains, a été retravaillé, recorrigé, pour devenir un film de boxeur sur le chemin de la rédemption. Notons d’ailleurs qu’Eminem a participé à la BO du film et que la chanson Phenomenal est pas mal du tout.

Fuqua, c’est le typique style over substance. Il aime John Woo, il aime Scorsese, il les imite, mais il n’aura jamais leur talent, le p’tit œil du tigre derrière la caméra, et surtout il ne sait faire preuve d’aucune profondeur. Et c’est le principal, le gros gros bigntz dans Southpaw. Une histoire de rédemption à la con vue et revue et ridicule et des personnages si mal et superficiellement introduits qu’on se contrefout de ce qu’il peut leur arriver. Des rôles aussi fins qu’ils on dû être écrit sur du papier à rouler OCB premium. Les matchs de boxes, ils sont filmés comment, me direz-vous ? Ah là il mixe un peu le style de Rocky, de Raging Bull, de The Fighter, bref il fait un melting pot de tous les films de boxe réalisés jusque là, sans originalité, sans passion, sans engagement.

Bon ben y’a fuqua passer aux acteurs…

Jake Gyllenhaal a eu la pression, fan de la méthode, fan de De Niro, il se plonge dans chaque film  comme un ex-détenu dans une chatte qu’il attend depuis dix ans. Un sans faute, comme d’hab, il joue le benêt, le colérique, le sensible, l’amoureux de sa fille, avec perfection. Il sauve littéralement le film d’un ennui constant, et puis on aime bien le voir avec son corps parfait, ses tatouages et le sang qui sort de ses protèges dents noirs (avec marqué HOPE dessus !).

Forest Whitaker, c’est pareil, d’un rôle écrit en dix minutes de la main gauche, il t’en fait un personnage style Morgan Freeman dans Million Dollar Girl que tu sens tout ce qu’il a dû vivre de désillusions dans sa vie dans une simple scène de trois minutes où il sirote un whisky… le talent !

Le reste du casting, se contente de faire son boulot, et pis voilà.

Donc, Gyllenhall aura pas eu son Raging Bull à lui, raté mec, mais on t’aime quand même et on rematera Nightcrawler pour te voir dans un bon film, en attendant tes prochains (il a trois projets en cours qui ont l’air pas mal).

Et si vous voulez un film de boxe peu profond mais efficace, bref un film qui se prend pour ce qu’il est sans nous faire croire au matériau à Oscar, j’ai un tuyau !

Le bon vieux Walter Hill, fan de Peckinpah, qui nous a pondu de super films d’action dans les années 80 (48 heures, Red Heat, Extreme Prejudice), a réalisé en 2002 un film presque passé inaperçu, Undisputed avec Ving Rhames et Wesley Snipes. Mélange de film de prison et de boxe, avec Peter Falk en vieux mafieux, a pas eu la distribution qu’il méritait à l’époque et est sorti directement en vidéo en Europe. Cherchez-le, trouvez-le, matez-le, c’est du vrai film d’action sans temps mort, au montage audacieux, avec un combat Rhames Snipes dont les jabs et les uppercuts résonneront longtemps dans vos oreilles. A bon entendeur…

6
note globale

Fiche technique :

Titre original : Southpaw
Réalisation : Antoine Fuqua
Scénario : Kurt Sutter
Acteurs principaux : Jake Gyllenhaal, Rachel McAdams, Naomie Harris, Forest Whitaker, Victor Ortiz
Sociétés de production : Escape Artists, Fuqua Films, Riche Productions
Pays d’origine : États-Unis
Genre: drame
Durée : 123 minutes
Sortie : 22 juillet 2015
Botzky

Obsessionnel compulsif, polytoxicomane, polygame, polyglotte et professionnel de Pole-Dance, Botzky n’a pas une mais mille opinions selon le taux de salinité des saisons. Grâce à Doc Ciné, il peut enfin partager le point de vue schizophrène qu’il porte sur sa maîtresse préférée, Miss 7ème Art, et s’en pourlèche les babines avec un plaisir sanguin à rayures ingénues et perverse.

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