La Loi du Marché est un film réalisé par Stéphane Brizé, jusque-là spécialiste de films sympathiques – mais sans plus – comme Mademoiselle Chambon. Critique du film.
Un pamphlet social
Mentionner au générique d’un même film Emile Louis (1), Jean-Jacques Goldman et Bonobo n’est pas un mince exploit, tout comme réaliser un pamphlet social qui évite l’écueil de la démonstration lourde et manipulatrice. Sur ces deux plans, Stéphane Brizé relève, avec La Loi du Marché, le gant avec brio.

Au-delà de son propos, c’est par sa rigueur que le film marque. Tout d’abord dans la mise en scène, à juste distance, Stéphane Brizé, malgré son engagement manifeste, prenant soin de ne pas ajouter à un scénario déjà dense et signifiant une caméra trop envahissante ou un pathos embarrassant. Mais aussi par une grande qualité d’écriture. Si presque chaque scène se veut utile, à l’image de cette première moitié du film qui place successivement Thierry face aux situations types jalonnant la vie d’un chômeur, aucune d’entre elles n’est pour autant exempte d’une salutaire respiration. En outre les dialogues, aidés en cela par la direction d’acteurs, sont particulièrement crédibles et vivants, très éloignés du phrasé de théâtre filmé qui pollue régulièrement le cinéma français. Une direction d’acteur qui participe de l’interprétation magistrale de Vincent Lindon, qui campe avec naturel et un incroyable relâchement un type renfrogné, entre détermination digne et résignation.
(1) Une bière à gagner pour celui ou celle qui découvrira le rôle de ce délicieux personnage dans le film – ceux qui se serviront d’Internet pour trouver la réponse sont priés de retourner au néant qu’ils n’auraient jamais dû quitter. Je rappelle que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé et peut conduire à des rapports sexuels non protégés, sources de maladies peu ragoûtantes et de progéniture abondante.