La La Land est une comédie musicale de Damien Chazelle sortie en janvier 2017.
J’aurai adoré détester La La Land. Juste pour le principe. Après un abattage médiatique qui dure depuis des semaines, j’aurai aimé pouvoir dire « mouais, c’est pas fou fou ». Mais…non.
Je suis particulièrement mal placée pour critiquer La La Land avec objectivité. J’aime le jazz, aller dans un club fait partie de ma bucket list, j’aime aussi regarder des vieux films, « Chantons sous la pluie », « West Side Story« , « La Fureur de vivre« , Gene Kelly, Fred & Ginger et autres Audrey Hepburneries, j’ai un sweat « All I want for Christmas is Ryan Gosling« pour qui j’ai eu un coup de coeur depuis « Classe Croisière » et j’aime Emma Stone depuis « Easy A« , « Supergrave » et autre « Bienvenue à Zombieland« . Enfin, « Whiplash » à sa sortie tombait au bon moment dans ma vie, plaçant immédiatemment Damien Chazelle dans le top 3 de mes réalisateurs préférés.. Tout cela pour dire que depuis le premier teaser de La La Land, j’étais déjà toute émue. Puis il y a eu les « Triomphe », « Quel génie ! », « Magnifique » et autres « Eunebeulibeubeule », les critiques élogieuses et les avis favorables, les « Tu verras » qui te survendent un film, voire tu détestes déjà le film avant de l’avoir vu. Mais je me joins à la plèbe. Doc cinéphile, c’est donc une énième éloge que tu vas lire. Parfois, à l’image de ce film rétro et contemporain, il faut juste se laisser porter. Plutôt qu’une critique, je tacherai de répondre aux différentes questions que m’ont posé les gens qui n’avaient pas encore vu le film.
« Est ce que ça chante beaucoup ? J’aime pas quand ça chante » – Si toi aussi tu as été traumatisé(e) par « Sweeney Todd, le barbier de peu importe« , sache que La La Land n’a rien à voir. On y chante, certes, mais pas pour décrire ce qu’on est en train de faire. Il n’y a pas tant de chansons que ça, et elles sont plutôt concentrées dans la première partie du film. Enfin, elles sont plutôt bien amenées, exercice assez difficile en comédie musicale, et plutôt pas mal.
« C’est mieux que Whiplash ? » – Ce second long-métrage de Damien Chazelle n’a rien à voir avec le premier dans sa structure mais on y retrouve des thèmes chers au réalisateur comme la poursuite d’un rêve et le jazz, entre autres. Alors c’est pas vraiment mieux, c’est assez différent, les deux films sont de très bons films.
« Est-ce que c’est mignon ? » – Au delà d’être mignon, La La Land est surtout un film qui fait du bien. C’est coloré, c’est joyeux, c’est onirique. MAIS ça n’est pas que choupinou. Le film est divisé en deux parties, la première consacrée à la rencontre de Mia (Emma Stone) et Sebastian (Ryan Gosling), traitée de façon quelque peu surréaliste et réel hommage aux films des années 50, et la seconde parle du « Et après la rencontre ? », plus ancrée dans la réalité, plus contemporaine. Alors non, La La Land n’est pas vraiment mignon, il est tout simplement beau.
« Est ce que c’est un film de filles ? » – Ah je te comprends, ami mâle. Si ça chante, si ça danse, si c’est romantique et qu’il y a Ryan Gosling, vas-tu t’ennuyer pendant que ta douce finira son dernier mouchoir ? Dur de répondre. La La Land a été vendu comme un film d’amour sur deux personnes. Or, ça va bien au delà de ça. Alors si tu as déjà eu des sentiments, si tu as déjà vu « The Nice Guys » et que tu sais que Ryan Gosling peut aussi être drôle, et si tu te laisses un peu aller, il y a de fortes chances que tu te rendes compte que La La Land n’est pas un film de filles, mais un film tout court.
« Est ce que c’est un succès mérité ? » – La La Land arrive au bon moment. Le moment où on en a marre des grosses machines américaines, où on en a marre que le monde parte à vau l’eau, où on a envie d’aller au cinéma pour déconnecter et voir un vrai spectacle. La La Land fournit tout cela, en mode nostalgique de l’âge d’or du cinéma, ses films légers, chantant et dansant, en mode Madeleine de Proust pour qui regardait « Chantons sous la pluie » sous la couette. Certes il y a des petites longueurs en milieu de film, mais je crois, en cherchant bien, que c’est le seul défaut que j’ai trouvé. Sa principale force est d’utiliser tous les clichés possibles du film américain, de les retourner, de les magnifier, de les ré-adapter, ce qui en fait un film assez rétro tout en étant très contemporain. La La Land est un film positif et a l’avantage de vous faire vous sentir bien après l’avoir vu. Alors oui, son succès est mérité.
« Est ce que c’est eux qui chantent ? » – Oui ! Et pour ceux qui veulent creuser un peu plus, je vous conseille l’excellent album de Dead Man’s Bones.
« Des infos en plus ? » – C’est la troisième collaboration Gosling / Stone, et ça fonctionne plutôt très bien. La La Land dormait dans le tiroir de Damien Chazelle depuis 2010 mais personne ne voulait le produire, jusqu’à ce que Whiplash ait le succès que l’on connait.
Pour ma part, La La Land rejoint la liste des films qu’on garde pour les jours de pluie, pour oublier, pour rêver, pour s’émouvoir, ces films intemporels que l’on met sans réfléchir, comme un phare au milieu de la tempête, comme une lumière de projecteur dans une salle de cinéma.