Interstellar est un film de Chistopher Nolan, un cinéaste peinant à confirmer les attentes que certains critiques et l’industrie lui accordent depuis maintenant près de 15 ans.
L’histoire en bref
En gros, l’histoire tient en 2 lignes écrites en police extra bold. Ici je me contenterai d’évoquer la première partie du film pour ne pas déflorer la conclusion ambitieuse du scénario.
Cooper, un « père-courage » de 2 ados (un garçon et une fille) utilise ses capacités intellectuelles exceptionnelles d’ancien pilote de la NASA pour gérer avec efficacité une exploitation agricole de maïs dans ce qui ressemble fort aux grandes plaines de l’Amérique profonde. Quelques indices nous indiquent que l’action se déroule dans un futur proche, par exemple ce drone indien à la technologie semblant ultramoderne qui est pourtant en perdition dans le champ de Cooper. Surtout, la Terre semble partir à vau-l’eau : on ne récolte plus que du maïs depuis des années, des tempêtes de poussière se succèdent à un rythme de plus en plus régulier. En résumé : ça va mal et, si Melancholia n’est pas sur le point de s’inviter au diner, il n’en demeure pas moins que les ressources terrestres s’épuisent inexorablement. Il faut réagir… Cela dit, on peut compter sur les Américains pour oeuvrer en secret…
Qualités :
Format / mise en scène
Défauts :
Scénario / Concept
J’ai essayé d’évaluer ce qui pourrait être excitant pour moi, ce qui pourrait être un défi et ce que je pourrais arriver à suivre en tant que spectateur.
Christopher Nolan

Independance Day
L’espèce humaine semble vivre ses derniers soubresauts et il aurait été intéressant de creuser un petit peu plus le sujet, même si je veux bien reconnaitre qu’il ne s’agisse pas du sujet principal du film. Beaucoup de questions essentielles restent en suspens : quelle est la position des autres pays ? Pourquoi le projet top secret de la NASA n’est-il pas mondial ? Y a-t-il d’autres projets alternatifs ? N’y a-t-il pas eu une révolte des altermondialistes (puisque ce film critique ouvertement notre modèle de consommation) ?
En fait, il n’est jamais question d’évoquer d’autres peuples, d’autres modes de consommation, d’autres alternatives dans ce film, ni même d’effleurer ne serait-ce que le moment d’une scène le point de vue d’autres consommateurs forcenés ailleurs dans le monde. À croire qu’il ne reste plus que les Etats-Unis dans ce bas monde. Finalement, nous ne sommes pas très loin d’Independance Day, même si pour rester totalement honnête il faut souligner que le scénario prend la précaution d’évoquer l’abandon progressif des programmes de défense et de recherche dans le reste du monde, notamment en Inde, au profit de l’agriculture qui devient en quelque sorte une voie royale sur le plan scolaire et économique.
Pour ma part, je trouve que la première partie de l’histoire aurait mérité plus d’attention. Une ou deux scènes supplémentaires n’auraient pas été superflues pour approfondir les bonnes idées et les quelques fulgurances que Nolan a eues : les tempêtes de poussières ne surprenant plus personne, l’agriculture comme voie royale, le futur qui n’est pas à l’image que l’on s’en fait d’habitude…
Et oui, ce futur, certes proche, ressemble davantage aux États-Unis des années 1930, soit après la Crise de 1929 qu’au futur que l’on peut voir dans la plupart des films d’anticipation. Ce film est dans la lignée des longs-métrages n’ayant pas une vision hight-tech de notre futur comme dans Le Fils de l’Homme par exemple.
Pour en revenir au déroulé de l’histoire, la situation est catastrophique et il faut bien trouver une solution. Elle sera simple : puisque nous avons pourri la Terre, allons trouver une autre planète à coloniser et massacrer. C’est limpide.
Par une petite pirouette scénaristique, que par sympathie pour les auteurs du scénario du Dark Knight je n’évoquerai pas ici, notre héros de père se retrouve du jour au lendemain à la tête de la navette chargée de trouver cette nouvelle planète.
Interstellar : scientifique et ennuyeux ?
Ensuite, l’autre faiblesse du film est l’impression que laisse la succession de péripéties peu servies par un fil narratif distendu. Contrairement à ses velléités auteuristes habituelles, Christopher Nolan utilise de nombreux rebondissements non pas pour nourrir la complexité de son histoire (cf. le Dark Knight ou Inception), mais pour remplir ce qui ressemble fort à un cahier des charges. Ici, j’évoque surtout la deuxième partie du film, celle qui voit l’expédition explorer les différentes planètes candidates. Certaines scènes sont superflues et en deviennent rébarbatives, voire répétitives.
Enfin, le dernier point noir du film est son fond scientifique. Pourquoi nous assommer avec autant de jargon scientifique et avec autant de théories pseudo-scientifiques si c’est pour, au final, conclure sur une vision romantico-sensible et peu crédible (je ne dévoilerai pas la fin ici).
Alors, pour conclure : est-ce que Interstellar est réellement un film scientifique ennuyeux ? Je dirais qu’il repose certes sur des théories structurées et très documentées, mais il ne s’agit à mon sens que d’un verni qui sert à structurer la narration. Le vrai sujet du film n’est, à mon sens, pas le voyage interstellaire mais plutôt la filiation et la transmission de nos racines à travers les générations. En somme, Interstellar s’inscrit dans la plus pure tradition des films hollywoodiens et, en cela, mérite d’être vu.
Pour moi Interstellar n’est pas un grand film mais un beau film, au niveau visuel mais également au niveau des émotions qu’il procure. On se sent bien après avoir vu ce film…