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Note de la rédaction :

Mhhh je répondrai bien « dans ton cul » mais une critique se doit d’être constructive et un tant soit peu élaborée. On l’attendait comme le messie, parce que c’est pas n’importe qui, ni ta meuf, c’est Paul Thomas Anderson.

Donc, voici une critique très personnelle de Botzky du film Inherent Vice du réalisateur Paul Thomas Anderson.

Inherent Vice, Paul Thomas Anderson et moi

Alors un petit récapitulatif s’impose. Je l’ai suivi, le bougre. J’ai bien aimé Boogie Nights sur l’acteur porno à la bite géante qui offrait un de ses meilleurs rôles à Mark Wahlberg. Puis après il nous a sorti Magnolia, destins qui se croisent, on s’est dit PTA il grandit, il est ambitieux, et il devient chiant car évident, calculable. Il a confirmé cette tendance « je me prends pour Kubrick et je fais un film taillé pour la route aux Oscars » avec There Will be Blood starring Daniel Day Lewis le champion (il a trois Oscars à son actif si je ne m’abuse), il commençait franchement à devenir indigeste. La même année est sortie No Country for Old Men des frères Couenne comme la meilleure partie du cochon, qui était franchement dix fois mieux.

Du coup, j’avais fait l’impasse sur The Master malgré la présence de deux acteurs superbes, Philip Seymour Hoffman qui, depuis qu’il est mort, ne tourne plus beaucoup et Joaquin Phoenix qui, depuis que son frère est mort et qu’il a expliqué son absence dans I’m still here, fait un comeback fracassant.

(Mini parenthèse, Mark Wahlberg et Joaquin Phoenix ont tourné ensemble We own the night de James Gray qui est si je ne m’abuse un film adulé par misteur Doc-Ciné et je comprends tout à fait pourquoi).

En résumé, Phoenix, je suis client, PTA plus trop. Mais la perspective d’un polar bien seventies avec un privé fumeur de zeb, plus un trailer alléchant m’a fait remballer mes aprioris dans ma poche revolver, j’ai pété deux fois en levant les pouces au ciel et booké trois places pour Inherent Vice. C’était vendredi, c’était le début du weekend, c’était au Gartenbau Kino qui est l’une des plus belles salles de ciné de Vienne et j’avais chopé des places dans la rangée quinze, qui est la rangée couloir, donc plus de place pour étirer ses jambes.

J’étais accompagné de deux charmantes et intellectuelles amies, l’une d’origine parisienne, l’autre d’origine encore plus douteuse puisqu’argentine. Pour me mettre dans l’ambiance, je n’avais pas hésité, reporter de l’extrême, à me coller quatre pintes dans le nez avant d’assister à une séance dont j’attendais beaucoup. Beaucoup trop d’ailleurs. Un peu comme un date dans lequel on a mis toutes ses attentes les plus folles. On le sait, que ca va pas être aussi bon que prévu et qu’on met la barre trop haut, mais on l’a la barre, justement, on fait tintin cravate depuis deux semaines, ca suffit, alors on veut y croire. Et pouf, mauvaise baise. C’est la même chose pour Inherent Vice : une bien piètre baise. Tiens, on va en faire un titre.

INHERENT-VICE-accueil

Inherent Vice, une bien piètre baise

Alors le film, il commence, beaux plans, bonne zique, belle photographie, belle femme, une légère érection pointe dans mon pantalon. Puis au bout de quarante minutes les drapeaux se mettent en berne, je m’emmerde. Une demi-heure de plus, je vais pisser et faire des grimaces devant le miroir des toilettes, je reviens, c’est la même scène, ma voisine de gauche (celle de Buenos Aires) me dit « t’as rien raté ».

On continue à se faire chier, on rit une ou deux fois aux gags présentés dans le trailer, on continue de se faire chier, de plus en plus de personnages apparaissent sur l’écran, on comprend de moins en moins ce qui se passe et on s’en branle, le frère de Julia gros Roberts apparait pendant trois minutes, y’a une super scène de drogue suivi d’un flinguage de Phoenix très cool qui dure une minute et qu’on peut voir aussi dans le trailer, on se refait chier, on se dit que le film est fini parce que les méchants sont morts ou en prison, enfin on sait plus, et ça continue, et la meuf de Doc Costello (Joaquin Phoenix) revient, ils sont en bagnole, il lui dit un truc à la con, ça se termine enfin, on respire, je regarde à ma gauche et ma droite, voit la même déception dans les délicieux yeux en amandes des mes deux amies, allons boire un pot dans le pub australien à côté (tiens il s’appelle Billabong comme une marque qui avait la côte lors de mon adolescence royannaise) et chier avec vigueur et circonspection sur ce film.

Pour une fois, on était toutes (je me suis converti au féminisme) les trois d’accord : y’a un truc qui cloche avec ce film. Et on a fini par mettre le doigt dessus, et finalement, ça fait pas si mal, vive la vaseline et les idées progressistes.

The Big Lebowski du pauvre

Parce que malheureusement, c’est ce que l’on retient du film et de la performance de Joaquin Phoenix : un négatif du film culte, génialissime, drôlissime, des frères Kasher. Mais oui, il est bon, Joaquin avec sa cicatrice qui fait penser à un bec de lièvre, mais oui, ils sont bien foutus, les dialogues, mais oui, la photographie est belle voire sophistiquée. Mais oui, la direction est sûre d’elle. Mais oui, tu es devenu Stanley Rubikub euh Kubrick PTA ! Mais tu en as surtout hérité son côté dissection froidement médicale, tandis que le talent est resté, cette fois ci, dans la salle d’attente.

Oui, c’est un film de docteurs. Là où les Cohen brillent avec des second rôles attachants comme Steve Buscemi et sa nothingness, PTA galère avec Martin Short et sa laborieusness quant il nous fait l’avocat drogué.

Prenons Josh Brolin (encore un clin d’œil à No Country for Old Men, tiens). Cet acteur est réellement charismatique, mais si mal employé dans ce film ! Son meilleur gag, quand il cause japonais avec une rudesse germanique : dans le trailer again. Les allusions sur son homosexualité latente sous ses airs de gros fachos sont super mal introduits, lourds et insultants : ok, on a compris, il lèche avec avidité et la pointe de sa langue une banane enrobée de chocolat donc il veut baiser Costello in the ass, pas la peine de nous le refaire trois fois… La cage aux folles, ça a quand même bien et mal vieilli, mec.

Et puis, pourquoi il nous a fait une version de deux heures et demi ? C’est pas parce qu’un film est long qu’il est bon. Faut tenir la durée. Once Upon a time in America, d’accord, quatre heures de Bonheur, mais Rashômon, 88 minutes de génialitude itou. C’est pas la longueur qui définit le réalisateur.

Bref, si tu veux nous faire une fleur, arrête de te prendre pour la plus grosse saucisse de la choucroute et fais-nous des films qui nous bottent, parce que t’as le talent (et le budget) pour cela au contraire de nous pauvres mortels qui payons un euro de plus parce que le film dure plus de deux heures (véridique, ça marche comme ça chez les Viennois) et qui voulons quand même un peu d’entertainment.

Oui, longue et assassine est ma diatribe, je le reconnais, mais c’est parce que grande est ma déception quand je vois ce que des types qui ont dix fois moins de budget mais mille fois plus envie de nous faire partager un bon moment de nous faire jouir nous, spectateurs, au lieu de se masturber égoïstement l’intellect que ce gonze a gros comme une pastèque dont il nous crache les pépins sur la gueule en riant grassement parce que l’on a oublié notre parapluie dans le métro ou le cul d’une femme qui nous fit des largesses sans intention cachée, juste pour nous faire plaisir.

Donc, allez-voir ce film si le cœur vous dit « vazy », et sinon, faites-vous une bonne vieille tarte aux oignons limousine des familles avec du gros sel dedans, quant à moi, je vais me revisionner Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia de Sam Peckinpah pour me faire passer ce vieux goût de merde à la sauce vomito que j’ai dans la bouche.

7
Note globale
Botzky

Obsessionnel compulsif, polytoxicomane, polygame, polyglotte et professionnel de Pole-Dance, Botzky n’a pas une mais mille opinions selon le taux de salinité des saisons. Grâce à Doc Ciné, il peut enfin partager le point de vue schizophrène qu’il porte sur sa maîtresse préférée, Miss 7ème Art, et s’en pourlèche les babines avec un plaisir sanguin à rayures ingénues et perverse.

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