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HÉRITAGE – D’où vient Tarantino ?

By 7 février 2016mars 10th, 2017Gros plan
quentin tarantino-cinéaste culte

On sait que Tarantino a tout vu, il fait assez le malin pour nous le rappeler à chaque plan de chaque film. (Voir vidéo) Mais alors d’où vient-il ? Du western sûrement, mais aussi du cinéma de genre (italien, hong-kongais etc). Mais il y a peut-être davantage : de véritables motifs, des points communs par seulement stylistes mais thématiques. Petit florilège de cinéastes importants sans qui Quentin ne serait pas Tarantino. 

Sergio-Leone-couleur-web

1. Sergio Leone (30%)

Leone appartient à la seconde grande génération de spectateurs. Il a grandi sur les plateaux (son père était décorateur) et a avalé un nombre incroyable de films qu’il a parfaitement digérés et retravaillés par la suite dans ces propres projets. À cet égard, il est de la famille des Dario Argento, Brian De Palma et autres grands stylistes qui ont su dialoguer avec les films du passé (là où parfois Tarantino, en post-moderne junkie de vidéos cassettes ne fait que citer pour le clin d’oeil). D’ailleurs la parenté saute aux yeux. Tarantino ouvre « Inglorious Basterds sur une scène qui en plus de citer Ford rend évidemment hommage à Leone. On peut même dire, en poussant plus loin, que tous les films de Tarantino sont des westerns, ou des westerns déguisés (« Inglorious Basterds, Reservoir Dogs…). La leçon du maître italien, c’est celle du temps suspendu, cet art d’allonger les scènes pour faire monter la tension jusqu’à ce que la pression devienne insupportable. Une vraie signature chez Tarantino. Exemple parmi d’autres la scène de la taverne encore dans « Inglorious Basterds ». Ou bien sûr « The Hateful Eight ». Une vraie cocotte minute !
sam peckinpah

2. Sam Peckinpah (25%)

Dans ses conférences, le toujours brillant Jean-Baptiste Thoret parle de la révolution Peckinpah dans la manière dont ce dernier a le premier filmé la violence, non plus comme émanant d’un personnage (la violence du méchant, une violence avec des intentions) mais traitée comme un phénomène climatique. Circulant, se transmettant d’un homme à l’autre. Cette idée infuse depuis toujours le cinéma de Tarantino. La violence passe et contamine. Elle n’est pas toujours prédéterminée. Et bien sûr, comme chez Sam le boucher, elle est extrêmement stylisée : ralentis, effets de couleurs, tâches de sang, musiques appropriées et shotguns en pagailles, il suffit de revoir les massacres de « Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia » ou de « La horde sauvage » pour se convaincre de son influence majeure sur « Django Unchained », Reservoir Dogs » ou « The Hateful Eight ».
Seijun Suzuki

3. Seijun Suzuki (15%)

Si Tarantino cite davantage John Woo dans ses films, le cinéma asiatique est généralement très présent chez lui, il n’avait pas fallu attendre « Kill Bill » pour s’en convaincre. Mais peut-être que Suzuki est le cinéaste qui lui convient le mieux : ce mélange, souvent dans une même scène, de violence crue et de grand guignol. Cette manière de jubiler au milieu de bains de sang, mais aussi d’expérimenter (en ce sens, la longue scène centrale de « Kill Bill » en est l’aboutissement – ombres chinoises, noir et blanc, tout y passe). Suzuki a tout essayé, touchant parfois au génie, flirtant aussi souvent avec la faute de goût, ce qui nous rappelle un peu l’ami Quentin tiens. Et puis enfin un amour partagé pour le cinéma de genre, un mélange grandiose de culture haute et basse : voilà encore de quoi rapprocher Suzuki et Tarantino.
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4. Martin Scorsese (10%)

Un cinéma de la tchatche, des dialogues sans fin, des réparties cultes : Martin Scorsese of course ! On parle chez Scorsese comme on parle chez Tarantino, de tout, de rien, surtout de choses futiles, et les dialogues sont les déclencheurs de scènes qui dérapent (« Pulp Fiction »), qui mènent à la violence inévitable. Du verbe au pistolet, trajectoire naturelle. De Niro, dans « Jackie Brown » qui flingue Bridget Fonda sur un parking (parce qu’elle parle trop), merde, une scène scorsesienne par excellence. Et avec l’acteur scorsesien par excellence. Pas de hasard. Les personnages sanguins traversent les films de l’un comme de l’autre, avec leurs coups de tête imprévisibles et un humour sous testostérone. Sans parler des citations musicales grandioses. Oui, il y a bien cousinage entre ces deux là.
john carpenter

5. John Carpenter (5%)

Le rapprochement est sans doute plus tiré par les cheveux mais jugez plutôt. Tarantino ne s’est pas contenté de piquer Kurt Russell à Carpenter, il a depuis toujours un goût pour le huis clos. « The Hateful Eight » est un hommage à « The Thing » mais Tarantino n’aurait pas renié « Assaut ». On sait que Quentin aime le cinéma bis, la blackxploitation, les films B de Carpenter, et son « Boulevard de la mort » sonne comme un cri d’amour pour tout ce pan malaimé du ciné. Ajoutons enfin que ni l’un ni l’autre ne brille dans la direction d’acteurs. Petite pique en passant (prends ça Mélanie Laurent).

Pour le reste c’est Frankenstein : 15% de, au choix, Robert Aldrich, Sergio Corbucci, Sergio Sollima, John Woo, John Ford, John Sturges, Don Siegel…

Étienne

Né en 1982, journaliste de formation. Je vis à l'étranger depuis 2008. J'ai travaillé pour 5 magazines et 2 émissions de télévision. Je cherche obstinément un cinéma à la marge, qui aurait un langage propre. Le cinéma expérimental et l'art contemporain m'attirent particulièrement.

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