Le festival Hallucinations collectives à Lyon fête ses 10 ans et c’est plutôt une bonne nouvelle pour toi l’amateur de tous les cinémas sortant un peu (beaucoup) des sentiers battus. Ca se passe du 11 au 17 avril et le programme donne « grave » (dédicace au seul film de genre bobo intello français qui vous fera peut-être réévaluer les cinéastes sortis tout droit de la Femis). A j’oubliais, l’équipe de Doc Ciné sera de la partie et couvrira l’ensemble du festival. Pour fêter ça, on vous propose notre sélection des films à ne pas louper pendant cette semaine hallucinée.
Les avants-premières :
Get Out :
Mardi 11 avril à 19h30
Premier long-métrage de Jordan Peele, acteur et humoriste connu pour Key & Peele sur Comedy Central et ses cinq saisons comme membre de MADtv. Il a aussi joué dans la première saison de la série télévisée Fargo de FX. Précédé d’une grosse hype aux USA, Get Out a été le succès surprise aux box-office de ce début d’année. Jordan Peele signe un film d’horreur, semble-t-il, ambitieux abordant de front le racisme dans une Amérique ayant succombé à la danse du ventre du magnat de l’immobilier Trump. Entre critique sociale à la John Carpenter et thématiques renouvelées par le regard du cinéaste sans doute en première ligne pour ce qui est de subir le racisme, ce film mérite de indéniablement votre attention.
Tunnel :
Lundi 17 avril à 20h
Troisième long de Kim Seong-hun réalisateur du remarqué Hard Day que Botzky avait relativement bien aimé, ce Tunnel marque une étape décisive dans la filme du jeune réalisateur coréen. Ce réalisateur virtuose aime le genre et cela se sent : c’est brutal et bourré d’humour noir et filmé avec savoir-faire. Hard Day est un film solide qui assure de bons moments. Comme le dit Botzky, « on sent vraiment le stress de l’acteur principal qui est accablé par les emmerdes et qui essaie de se dépêtrer comme il peut, mais à chaque fois que l’on croit qu’il va encore s’en sortir, paf une autre merde lui tombe dessus comme le pigeon chie sur Hollande ».
La chambre des merveilles et le reste de la programmation :
Cette année l’équipe des Hallus a décidé de se faire plaisir en choisissant 10 films symbolisant le mieux pour eux l’esprit du festival. Si on ne partage pas leur enthousiasme pour Robbe-Grillet et on doute que Hitcher et Le Grand Silence de Corbucci soient des films si méconnus que cela, on a tout de même hâte de voir sur grand écran ces 2 sacrés bons films.
Mais nous vous conseillerons particulièrement 6 projections :
Le marteau des sorcières
Mercredi 12 avril à 21h30
Film de Otakar Vávra
Bien qu’il calque sa trame sur celle d’un roman historique éponyme, le film d’Otakar Vávra puiserait son authenticité dans les archives de l’Inquisition, allant jusqu’à reproduire les paroles exactes prononcées lors des procès. Malgré tout, ce film puise sa force dans la mise en scène et la production value d’un cinéaste tchèque au sommet de son art. Visuellement parfait et à la narration bien conduite, ce film mérite sa place dans le panthéon des Hallus.
Le Labyrinthe des Rêves
Jeudi 13 avril à 17h
Film de Sogo Ishii
Gakuryū Ishii, aussi connu sous le nom Sogo Ishii, est un réalisateur japonais complexe dont la réputation le précède toujours pour le meilleur et souvent pour le pire. Film s’inscrivant dans la veine apaisée de Ishii, Le Labyrinthe des Rêves raconte l’histoire de Tomiko qui exerce la profession de receveuse de bus, est choisi comme équipière par Niitaka, un charmant jeune chauffeur de bus. La jeune fille l’observe avec méfiance, car son amie Tsuyako, la fiancée de Niitaka, est morte dans des circonstances mystérieuses. Selon une rumeur qui court, un conducteur de bus tuerait en série ses équipières en invoquant un accident de la route. Tomiko le soupçonne et jure de venger Tsuyako. Mais peu à peu, Tomiko tombe sous le charme du jeune homme. Un film apaisant à découvrir en salle.
Invitation à Bertrand Mandico
Vendredi 14 avril à 17h
On ne connaît pas assez Mandico mais le peu qu’on en a vu, courts-métrages, moyens métrages, fictions et essais expérimentaux, renvoie à un cinéma innovant, insolite, expérimentant aussi bien sur le fond que la forme. A découvrir absolument en salle.
Soirée des 10 ans
Vendredi 14 avril à 19h30
Cela risque d’être l’événement à ne pas louper du festival ! Pendant deux heures, vous pourrez partager avec toute l’équipe des Hallus un melting-pot de tout ce qu’ils n’ont pas pu vous montrer pendant dix ans : des courts-métrages, des clips, des extraits de films hallucinants et des bandes-annonces. Avec comme modèles tutélaire : la nuit de L’Oeil du Cyclone ou La Nuit de la Provoc et du Mauvais Goût… Si vous ne savez pas ce qu’est Hallucinations Collectives, cette soirée est celle à ne pas louper. A contrario, si vous connaissez le festival sur le bout des doigts, c’est l’événement immanquable pour découvrir à coup sûr des pépites. Et pour que la fête soit complète, en deuxième partie de soirée ils nous proposeront rien de moins que la première mondiale d’un film très attendu en séance surprise. Vous n’avez pas envie de rater cela !
Opéra
Samedi 15 avril à 21h45
Film de Dario Argento
Si vous aimez ce blog, vous aimez Dario Argento et vous savez que nous tenons en très haute estime ce film baroque trop longtemps indisponible dans une version potable ou si souvent charcuté. Grâce au distributeur Le Chat qui fume, partenaire de la soirée, ce film bénéficie enfin dune réédition digne de ce nom que nous pourrons tous voir en salle !
Soy Cuba
Lundi 17 avril à 11h
Film culte, film somme de Mikhail Kalatozov
Destiné à glorifier le nouveau régime de Castro et cofinancé par le grand frère soviétique, Soy Cuba n’atteindra pourtant jamais les écrans de La Havane ni de Moscou. Trop sensuel pour les premiers, trop lyrique et idéaliste pour les seconds. Et comme l’Oncle Sam n’était, guerre froide oblige, pas plus pressé de le montrer, le film demeurera invisible jusqu’au début des années 90. C’est à cette époque qu’on découvre cet ardent poème aux teintes expressionnistes, ce monument de virtuosité technique dans lequel s’enchaînent les plans-séquences incroyables et les mouvements de caméra que l’on jurerait impossibles. Jamais depuis on a réussi à faire ne serait-ce qu’aussi bien sur le plan de la technique de mise en scène. Des prouesses qui doivent beaucoup au chef opérateur Sergueï Ouroussevski, et que Kalatozov sait mettre au service de l’intensité dramatique de son histoire. Cette caméra virevoltante parvient aussi bien à capturer la réalité de la société cubaine en prenant de la hauteur, qu’à scruter les émotions des habitants en se glissant au plus près des corps. Au rythme des accords de jazz, des chants traditionnels, ou de la musique de la machette coupant la canne, c’est l’île toute entière qui devient plateau à ciel ouvert, et son âme qui se dévoile au spectateur.