« Glass » est un film réalisé par M. Night Shyamalan sorti le 16 janvier 2019. Avec Bruce Willis, James McAvoy, Samuel L. Jackson…
Le Pitch
Trois hommes se prenant pour des héros hors-normes se retrouvent dans un hopital psychiatrique sous la houlette du Dr Ellie Staple, qui a trois jours pour les convaincre qu’ils sont des hommes lambda avec une légère tendance à la mégalomanie.
La Critique
Comme vous vous en doutez, le scénario du film est un peu plus évolué que ça. Les « trois hommes » sont en fait David (Bruce Willis) de « Incassable », Kevin (James McAvoy) de « Split » et Elijah (Samuel L . Jackson) … de « Glass », donc. Vous l’avez compris, ce dernier opus est sensé clôturer une trilogie (The Eastrail 177 Trilogy) démarrée il y a 19 ans par M. Night Shyamalan.
Avant d’aborder le film en lui-même, faisons un rapide bond dans le temps. A l’époque où les films de M. Night Shyamalan étaient attendus comme le Messie, où le spectateur, trépignant d’impatience, découvrirait le twist final qui lui couperait le souffle. Il y a eu « Sixième Sens« , bien évidemment. Puis « Incassable« . S’en est suivi le farfelu mais réussi « Signes« , puis « Le Village« . 4 films majeurs, originaux, surprenants et 4 gros succès au box-office. Je n’ai pas vu « La Jeune Fille De L’eau » mais je me souviens bien du film suivant auréolé de son échec : « Phénomènes« . Puis »Le Dernier Maître de L’Air« , premier film selon moi où la patte Shyamalan a commencé à être effacé par les gros studios hollywoodiens. Enfin, avant « Split« , il y a eu deux films, certes divertissants et plutôt bons mais qui aurait pu être réalisés par n’importe quel réalisateur dont-on-oublie-le-nom-parce-qu-on-s’en-fout : « After Earth » et » The Visit« . Le personnage aux personnalités multiples de « Split » avait été écrit au départ pour être dans « Incassable ». Malgré le succès commercial de ce dernier, aucune suite n’avait été envisagé. 16 ans plus tard, Shyamalan ressort son personnage et en fait « Split ». Fort de son succès, il propose donc d’intégrer ce personnage à ceux de « Incassable » pour en faire une trilogie de dernière minute, et sort 2 ans plus tard, cet ultime volet.
Alors est ce que cette écriture qui fleure bon le flouze et le biff fait de « Glass » un mauvais film ?
Vous l’avez déjà testé : « vite fait, bien fait » se vérifie rarement. Une chose est sûre, « Glass » ne déroge pas à la règle. L’écriture, qui était un des points forts de Shyamalan dans les années 2000, est bancale. La réalisation est assez maladroite et certainement pas surprenante. On le sent bien, que le p’tit M. veut nous faire revivre le frisson de notre jeunesse : il nous emmène sur une piste, puis une autre, et encore une, « tu vas voir, tu t’y attends pas, je vais t’emmener vers un truc de fou », puis…pas grand-chose. « Glass » c’est un peu comme un coup d’un soir, en fait.
Bruce Willis rejoue très bien son personnage mi-amorphe mi-concon de « Incassable », Samuel L. Jackson fait … du Samuel L. Jackson. Quant à James McAvoy, on ne peut que saluer, tout comme dans « Split », la performance de l’acteur qui doit changer de rôle plusieurs fois par séquence. Sauf que dans une séquence où il y a jusqu’à 5 ou 6 changements de personnalité, cela tourne à la farce et on se sent presque mal pour lui. Presque autant que quand il doit interpréter « La Bête » et se retrouve à faire un pauvre « agrougrou » de chaton au milieu d’un parking. Quant à Spencer Treat Clark qui a bien grandi et Anya Taylor-Joy, l’écriture de leur rôle devait tenir sur une feuille de PQ, et c’est bien dommage car leur sous-exploitation affaibli un film déjà fragile. (D’ailleurs, je vous conseille plutôt de regarder Anya Taylor-Joy dans « Thoroughbreds » si vous voulez la voir dans un film à sa juste valeur.)
Alors vendu comme ça, je sens bien que vous allez pas être chaud chaud pour y aller et raquer 10 euros. Cependant, « Glass » n’est pas une bouse, ni un navet (j’ai vu « Disco » récemment, et ça, c’est un sacré navet). Il y a un petit frisson de kif de voir les trois personnages dans la même pièce. Mais « Glass » n’est pas un film exceptionnel. Si vous revoyez « Incassable » maintenant, vous vous rendrez compte que malheureusement, le film a mal vieilli. En fait, vous aussi avez vieilli. Entre ce film et « Glass », vous avez vu 19 ans de films dont la réalisation d’une bonne partie s’est fortement inspiré de M. Night Shyamalan. Vendue comme une suite, le film nous renvoie donc au passé, et le spectateur que nous étions avant.
Essayez de voir le film avec un oeil neuf, détaché des précédents films, et revenez donc me voir.