Annoncé comme le « film d’horreur sur le racisme », et très attendu depuis quelques mois déjà, Get out de Jordan Peele a ouvert en avant-première le festival Hallucinations Collectives. L’occasion pour nous de vous parler de ce thriller original sur fond de satire sociale, avant sa sortie en salle en France, le 3 mai prochain ! Critique.
Synopsis : Couple mixte, Chris et sa petite amie Rose filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy et Dean lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable.
Plus flippants et plus réels que les zombies ou autres fantômes : les racistes !
Issu de la comédie, le réalisateur Jordan Peele part de ce postulat pour nous proposer un thriller psychologique original et déjanté, non sans une once d’humour.
Le film s’ouvre de nuit, dans une banlieue américaine cossue. On y suit un jeune afro-américain seul et angoissé à l’idée de s’être perdu dans un quartier riche, inconnu.
Cette scène brillante déjoue en quelques plans les préjugés avec une certaine ironie : l’endroit inquiétant est une banlieue bourgeoise ; la victime, un jeune homme noir.
La clé du traitement du film est dévoilée. L’ambiance installée.
Si cette scène d’ouverture fait forcément écho à l’actualité américaine (NB : le film tourné en 28 jours est sorti aux Etats-Unis après l’investiture de Trump), avec notamment le mouvement Black Lives Matter, mais aussi malheureusement à l’actualité française, sa force est surtout d’être universelle tant elle renvoie à une peur primaire : n’être qu’une proie dans un monde hostile… et fou.
Le racisme : l’horreur absolue
Filmé avec réalisme et porté par de très bons acteurs (Daniel Kaluuya, Allison Williams, Bradley Whitford, LilRel Howery…), Get Out nous invite à nous mettre dans la peau de Chris, jeune photographe afro-américain talentueux, pour mieux ressentir la peur et l’horreur engendrés par le racisme, dans toute son ignorance et son absurdité.
« Ce n’est pas parce que vous êtes invité, que vous êtes le bienvenu » cette phrase qui orne l’affiche de Get Out résume tout le propos et l’ambivalence du film qui critique ouvertement les apparences et le racisme latent. « J’ai voté Obama » sera ainsi un des arguments utilisés par le beau-père comme preuve ultime de sa tolérance et de son ouverture d’esprit.
L’attitude maladroite des beaux-parents, celle étrange des domestiques, la maison isolée dans la forêt participeront petit à petit à créer une ambiance inquiétante, entre paranoïa et manipulation, entre rêve et réalité.
La scène de l’hypnose ou encore le recours au téléphone portable apporteront du crédit au scénario, bien ficelé avec de nombreux rebondissements et un twist final à vous retourner le cerveau !
Get out de Jordan Peele renouvelle le genre du thriller en optant pour un concept à priori casse-gueule mais au final le résultat se trouve être aussi plaisant qu’efficace.