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Freddy Krueger: Véritable héros?

By 23 novembre 2015mars 10th, 2017Gros plan

La fin des années 1970 et la décennie 80 ont vu l’apparition de plusieurs longs-métrages s’imposant comme des classiques du cinéma d’horreur. Ces films ont permis l’émergence d’un genre, le slasher, aujourd’hui incontournable lorsque l’on évoque le cinéma horrifique. Et la plupart de ces films ont deux points communs : Un tueur iconique ancré dans l’imaginaire collectif et une énorme longévité.

Et si ces deux éléments avaient un point commun ?

Halloween, Vendredi 13, Les Griffes de la Nuit, Hellraiser… Ces films ont fait cauchemarder des millions de spectateurs à leur sorti grâce à une mise en scène crue et un tueur iconique. Ces croque-mitaines, ou boogeymen dans la langue de Charles Bronson, véritables têtes de proue de chacun des films ont réussi au fil des épisodes à devenir de véritables protagonistes malgré les intentions de leur réalisateur. Parmi eux, un seul est pour le public une figure plus drôle que vraiment terrifiante, c’est Freddy Krueger. Personnage venant de la série A Nightmare On Elm Street dont le 1er épisode est sorti en 1984.

Le regretté Wes Craven, a crée Freddy Krueger en s’inspirant d’un de ses « camarades » de classe qui le martyrisait ainsi que d’un souvenir d’enfance où il a vu dans une ruelle sombre, un homme coiffé d’un chapeau et portant un pull à rayure. Le personnage de Krueger est intéressant par le fait qu’il est en opposition totale avec les autres boogeymen. Il est à visage découvert, fait beaucoup d’humour noir et porte des couleurs très bariolées. Ces éléments étaient, pour Craven, un moyen de mettre mal à l’aise visuellement et auditivement le public. Le vert et rouge sont les couleurs les plus agressives pour l’œil et la voix grave de Krueger crée un profond malaise. Ajouté à cela que Krueger est un pédophile et est intouchable dans le monde réel, Craven avait façonné le monstre ultime. Malheureusement pour lui, le public fut soudain pris d’une étrange affection pour le tueur à la tête brûlée. Et au fur et à mesure de la saga, les scénaristes ont étoffé le background du personnage qui avait, initialement, l’unique fonction d’antagoniste. Les scénaristes et réalisateurs ont ainsi pris la décision, par ces choix scénaristiques, de faire de Freddy Krueger le personnage principale de la saga. Ces ajouts scénaristiques sur le personnage étaient l’une des seules raisons du succès de chaque épisode. La qualité des intrigues et de la mise en scène disparaissaient un peu plus à chaque opus.

Cette volonté des producteurs de prolonger les séries avec le même personnage provient de l’échec retentissant d’Halloween 3 sorti en 1982. Seul film de la saga à ne pas faire apparaître Michael Myers à l’écran. C’est cette décision, prise par Carpenter lui même qui souhaitait faire une série de films centrée autour d’Halloween, qui déstabilisa le public.

Cette sympathie envers le personnage de Freddy peut être perçue avec un peu de recul comme malsaine. C’est plutôt étrange comme situation. Imaginez que l’on fasse un slasher inspiré de Marc Dutroux et que le personnage soit tellement bien écrit qu’on finisse par avoir de la sympathie pour lui.

Heureusement que cette hypothèse ne se soit pas vérifiée. Car lorsque Wes Craven est revenu mettre les pieds à Elm Street pour le 7ème épisode, il a su réfléchir à l’impact de Krueger sur le public. Freddy sort de la nuit peut être considéré comme le brouillon de Scream. Un film méta qui tente de réfléchir à ses propres codes tout en les exploitants avec beaucoup de dérision. Wes Craven, ayant pour thème de prédilection le pouvoir suggestif de l’image, s’amuse ainsi à mettre en opposition deux images. Celle d’un Freddy Krueger acclamé par la foule alors qu’on rappel justement que c’est un tueur en série. Ce que Craven a souhaité mettre en avant c’est l’effet catharsistique et tout le paradoxe du personnage qui lui vaut l’adoration du public.

En raison du caractère attractif de son aspect visuel, il est devenu un personnage grand guignol aux frontières de l’anti-héros plutôt qu’un véritable méchant. Cette exploitation de la figure plutôt que l’incarnation du mal, Wes Craven l’utilisera dans la saga Scream où Ghostface n’est finalement qu’une enveloppe, plutôt qu’une idée. Une sorte d’icône familière, mais qui nous terrorise aussi.

Car comparé aux autres slashers, le ventre mou de la saga (c’est à dire à partir de l’épisode 4) fait intervenir des personnages idiots ne servant qu’à se faire massacrer. Tout cela afin que Krueger nous fasse rire de ses nouvelles farces grand guignolesques. Lorsque les spectateurs regarde les épisodes 4-5-6, ils signent un pacte dès le début du film. Le spectateur devient l’allié du tueur. En partie parce que le public connaît les règles, mais aussi parce qu’il a de la sympathie pour le personnage. Mais cette sympathie n’est qu’une façade, car en réalité Freddy Krueger est le boogeyman et un des personnages les plus terrorisants du cinéma. Pourquoi ? Car, il s’agit du boogeyman à la forme la plus humanoïde : il parle, marche, et a le visage découvert et le pire… c’est qu’il a conscience de qui il est.

Keyser Swayze

Biberonné à la Pop Culture. Je tente d'avoir une alimentation culturel saine et variée, généralement composée de films qui ne prennent pas leurs spectateurs pour des cons. Carpenter, Wright et Fincher sont mes maîtres.

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