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Note de la rédaction :

Le teen movie est un genre qui peine à trouver une seconde jeunesse. Les itérations furent tellement (trop) nombreuses depuis les années 80 que le public a fini par se lasser des mêmes archétypes et des mêmes schémas narratifs. Malgré quelques parenthèses comme Easy A ou Superbad furent accueillies à la hauteur de leurs mérites, tout semble avoir été dit ou fait. Les cinéastes n’osent plus parler de la jeunesse. Trop connectée, trop individualiste, il est devenu utopique de parvenir à capturer l’essence de cette trouble période de la vie tant elle semble dorénavant éclatée. Pourtant avec Fantastic Birthday, la réalisatrice australienne Rosemary Myers ainsi que sa troupe ont pour but de parler d’une manière atypique de l’adolescence.

Greta, jeune fille introvertie a bientôt 15 ans. Pour marquer ce cap, sa famille décide d’organiser une soirée qui s’annonce incroyable. Hors, emmitouflée dans son cocon, elle n’est pas prête à devenir une adulte.

Période trouble, âge trouble

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Fantastic Birthday, adaptation d’une pièce de théâtre, place son intrigue dans les années 70. Une époque de révolution, de changements qui trouve évidemment un écho avec le récit. Alors que l’environnement qui l’entoure est en mouvement, Greta désire stopper le temps.

Le cadre temporel a l’avantage d’épurer l’histoire d’objets technologiques. Pas de smartphones ou de réseaux sociaux. Le film prend son temps et cela lui réussit. L’intrigue ne traîne pas en longueur. Ne s’attardant pas dans des sous intrigues poussives. Notamment grâce à l’intervention progressive des personnages qui viennent agrandir toujours plus les possibilités de narration.

Les personnages sont tous terriblement attachants. Chacun ayant ses petits tics et caractéristiques, ils nous marquent et ressemblent incontestablement à des personnes que l’on a déjà croisées. Car si Fantastic Birthday est à ranger dans le rayon teen movie de part ses thèmes universels, le film cache une profonde noirceur. Baignant à la fois dans l’absurde et le doux amer. Le film parvient à esquiver le trop plein d’humour et délivre des moments d’une grande mélancolie.

D’ailleurs, au cours de la séquence de rêverie, toute la tension sous-jacente de l’histoire explose à l’écran. Peut-être même de manière trop excessive, vu le reste du film. Cette parenthèse ressemblant à un court-métrage venu se greffer.

Spectacle vivant

Passer du théâtre au film est un exercice pouvant tourner au désastre. Heureusement Myers s’en tire avec brio grâce à une mise en scène convaincante. D’abord dans la construction des plans.

La séquence d’ouverture nous laisse avec une étrange impression. Avant tout, il y a ce format 1:33. Une petite fenêtre sur un monde qui est beaucoup plus large et demande à être exploré. La première image est un plan d’ensemble nous faisant comprendre que le film adoptera une construction en profondeur.

Car comme une scène de théâtre, plusieurs actions s’ajoutent en second et arrière-plan. Cependant, la profondeur de champ et la position de subissent plusieurs modifications au fur et à mesure de la séquence, la réalisatrice s’extirpant de la contrainte imposée par les planches. Ces prises en main du médium cinématographique sont progressives dans le film et la mise en scène, à l’image du scénario, sombre dans une absurde folie.

Ainsi, les mouvements sont de plus en plus présents, jusqu’à un point d’orgue. Une scène où tous les personnages se mettent à danser. Une séquence musicale qui entraîne mouvement de colonne, travellings et montage ultra-cut. La mise est scène sert une nouvelle fois judicieusement le propos. Aussi, dans une audacieuse lancée, le film rempile une séquence de bagarre où 4 personnages s’affrontent. Réussi autant sur le découpage qu’au niveau cascades, le film convainc une nouvelle fois, y compris les plus sceptiques.


Fantastic Birthday conserve un atout essentiel de la pièce originelle. Visuellement, le long-métrage est un régal pour les yeux.

Composé de papiers peints à motifs psychédéliques et de meubles en formica, les décors sont sélectionnés avec beaucoup de soin. Créant un univers complètement glucose tout en échappant à la mièvrerie.

Bien entendu, le parallèle avec Wes Anderson et son pastel croquant semble incontestable mais le film tend également vers des univers proches de ceux de Michel Gondry ou Spike Jonze. Les couleurs et les textures ont été sélectionnées avec réflexion pour retransmettre une expérience sensorielle riche. On peut presque toucher du doigt le décor.

Une réussite pas si anodine que cela puisque Rosemary Myers est directrice artistique de formation. Ainsi ces gimmicks se retrouvent aussi dans les cartons indiquant les changements temporels. Là où Edgar Wright, par exemple, utilise un effet en CGI pour indiquer les jours qui passent, Myers crée un accessoire (carton, panneau publicitaire, banderole). Ces objets ajoutent un aspect doudou au film qui le rend encore plus attachant.

Fantastic Birthday est une grande réussite. Un conte absurde sur l’adolescence où le doux amer croise le fantastique. Une réussite formelle rafraîchissante.

Keyser Swayze

Biberonné à la Pop Culture. Je tente d'avoir une alimentation culturel saine et variée, généralement composée de films qui ne prennent pas leurs spectateurs pour des cons. Carpenter, Wright et Fincher sont mes maîtres.

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