« Ex Machina » est une tragédie de science-fiction réalisée par Alex Garland.
Caleb est choisi par Nathan, un grand génie de l’informatique, pour faire un test de Turing auprès de la première intelligence artificielle, Ava.
Bon. J’aime la science-fiction. Je suis même bien fan d’Isaac Asimov (pour ceux qui connaissent pas, c’est celui qui a écrit les 3 règles de la robotique qu’on voit au début d’I Robot d’Alex Proyas), bien que je n’ai pas encore lu « Fondation » (« bouuuuuh », je sais). Bref. Les robots, la science, la limite ténue entre l’artificiel et l’humain et jusqu’où ça peut aller, j’adore.
Après ma tentative avortée et douloureuse de voir Tomorrowland, j’ai donc décidé de me rabattre sur « Ex Machina ». A l’affiche, du génie dingue (Oscar Isaac, vu dans « Drive » et « Inside Llewyn Davis »), du timide (Domnhall Gleeson, vu dans « Il était temps ») et de l’écrivain sombre qui passe à la réalisation (Alex Garland, l’auteur de « La Plage »). Banco.
Attention, cet article contient des spoilers.

Le casting
Domnhall Gleeson s’y connait en robot et campagne paumée. Etant lui-même un robot dans un des meilleurs épisodes de la série Black Mirror, et également perdu dans de grands paysages vides d’humains dans « Frank », Gleeson Fils était donc indiqué pour incarner le jeune programmeur fasciné par le génie informatique qu’est Oscar Isaac. Oscar, quant à lui, a déjà montrer depuis quelques années qu’il était capable d’à peu près tout jouer, du candide au taré. C’est donc dans ce dernier registre qu’on le retrouve aujourd’hui.
Une tragédie grecque de science-fiction
Ex Machina est un film en huis-clos. En fait, Ex Machina est surtout une tragédie grecque adapté à la sauce science-fiction.
Tragédie Grecque |
Ex Machina |
Structure en 3 ou 5 actes |
Les Sessions avec Ava |
Personnages de condition supérieure |
Nathan, le « dieu » de l’informatique et du codage, la figure du « père »Caleb, le chevalier servant destiné à sauver Ava de sa condition, le « candide » |
Thèmes dominants :l’amour, la mort, la fatalité |
Ava est destiné à mourir, elle est testée pour voir ses interactions avec ses sentiments |
Le lieu : un seul décor |
La maison de Nathan |
Le temps : une journée |
Ici, une semaine. Pas plus, |
L’action : une seule intrigue |
La condition d’Ava |
La règle de bienséance |
Bon, il y a quelques gros mots hein |
La règle de vraisemblance |
La vraisemblance est tout à fait acceptable et réaliste car intégrée à un contexte plausible |

Ici, Nathan est la figure du père et du créateur, et l’I.A. est à la fois création, fille et « épouse ». On rajoute donc à cette tragédie moderne un peu d’Oedipe à travers l’inceste, mais aussi à travers la figure du père qu’il faut tuer pour s’émanciper (le fameux « il faut tuer ses parents » pour devenir adulte). Quant au titre, vous noterez que le « Ex Machina » est amputé de son « Deus » (pour rappel, le Deus Ex Machina c’est ça). Le personnage qui va dénoué l’action est, dans ce film, non pas un dieu, mais bien une machine, non pas un créateur mais bien une création. Titre parfaitement choisi donc, évoquant à la fois le côté tragédie, le dénouement de l’intrigue, et la science-fiction.
Du papier à la pellicule
Intéressons nous un peu au réalisateur, Alex Garland. Cet écrivain anglais (bim, encore un) a également écrit 4 autres scénarios, dont on retiendra essentiellement « 28 jours plus tard » et « Sunshine », deux films réalisés par Danny Boyle et de très bonne qualité. On parle souvent du passage des acteurs à la réalisation, mais un peu moins de la littérature au cinéma.
Alors Garland réussit-il cette épreuve du feu ? Oui, plutôt oui. Décors soignés, mise en scène et bande-son sobres, scénario juste (pourtant risquant de tomber dans des clichés à plusieurs reprises, puis savamment évités) et direction d’acteurs impeccables.
Honnêtement, vivement le prochain.

Ex Machina est donc un bon premier film complet et complexe, mais juste assez pour y réfléchir après la fin du générique sans non plus passer une nuit blanche.
Avec des thèmes sommes toutes assez basiques mais intemporelles, Garland arrive à offrir un film esthétique et intelligent, voire aussi assez féministe en fin de compte (puisqu’il faut mettre une étiquette « féministe » sur les films avec des personnages féminins forts de nos jours).
Le trio Vikender // Gleeson // Isaac propose une dynamique intéressante qui sert le film plutôt bien. On retrouvera Alicia Vikender dans 4 autres films cette année (actrice à suivre, s’il vous plait merci). Quant au duo Gleeson / Isaac, ils seront tous les deux dans un petit film intimiste qui sortira le 18 décembre appelé Star Wars : The Force Awakens…