Wim Wenders est assez imprévisible, y a quelques hauts et beaucoup de bas. Cette fois-ci, il nous revient avec Every thing will be fine, un long-métrage sobre, parfois rigide, à l’histoire simple mais à la mise en scène bluffante utilisant à merveille la 3D stéréoscopique.
Magie et ambition de la réalisation
Après avoir lu le synopsis, on est plutôt tenté de faire quelques tours de magies pour détourner l’attention de l’auditoire et de disparaître sous un nuage de fumée. En gros, je vous sens perplexes et je sais bien que vous êtes tentés de passer tranquillement votre chemin. Mais ce serait dommage car vous passeriez à côté d’un film singulier, non pas pour son scénario somme toute classique, mais pour son ambition formelle.
J’ai pris soin de ne pas en dire trop tout au long de cette critique pour ne pas gâcher l’effet de surprise et si j’ai un petit conseil à vous donner, évitez d’en lire trop sur le film avant d’aller le voir. Car ce film est une ode à la magie de la mise en scène. C’est quoi la mise en scène me direz-vous ? C’est mettre en musique et en image une histoire plus ou moins bien écrite. Dans la mise en scène de Wim Wenders, il y a un côté manipulateur qui va à ravir à l’histoire racontée : vous savez celle d’un écrivain (James Franco) qui ne parvient pas, au début du film, à écrire un roman.
La première scène du film est une merveille de manipulation. Pas de spoiler, rassurez-vous, car cette scène n’a pas d’impact sur l’histoire, elle nous montre juste à quel point Wim Wenders a décidé de jouer avec nos sens et nos idées préconçues. Premier plan : un intérieur poussiéreux (la 3D permettant de jouer avec la lumière et la profondeur de champ fait merveille), Tomas griffonne sur un bout de papier, il est sur un lit, l’intérieur est vieillot mais on n’a aucune indication de temps ni de lieu. Il se lève et regarde par la fenêtre, on voit de la neige : tiens, on se dit qu’il est peut-être à la campagne, mais on n’a toujours pas d’indication précise. Et là, coup de maître du réalisateur, il sort et on se rend compte qu’il était dans une cabane de pêcheur qui faisait à peine 5m2. Dehors, l’étendue est immense et à perte de vue on voit de la glace et quelques pêcheurs au dessus de leur trou. Sensation vertigineuse qui nous met dans le bain de ce film à faux-semblants.

« Every thing will be fine »
« Every thing will be fine » : Win Wenders a détaché volontairement les 2 premiers mots comme pour signer que chaque chose a son importance, les unes par rapport aux autres : c’est ce détachement des objets et des personnes, les uns par rapport aux autres qui fait la particularité de ce film.
En cela, ce film réussit un tour de force, assez rarement vu ces dernières années, puisque la technologie n’est pas utilisée pour en mettre plein la vue, mais pour servir à densifier une histoire et une narration somme toute assez simple. Un bel exploit qui ouvre, on l’espère, la voie à de futurs projets où technologie et narration feront à nouveau bon ménage.
Vous pourrez lire la critique en entier sur Oblikon.
Qualités :
Ambition formelle / 3D / Mise en scène / Jeu tout en sobriété des acteurs
Défauts :
Histoire assez « classique »
