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England is Mine de Mark Gill – Critique

By 7 février 2018Critiques
england is mine
Note de la rédaction :

Aujourd’hui il est impératif de soutenir England is Mine, un biopic dont raffoleront les amoureux du rock alternatif des années 70/80. Le petit film ne nécessite pas d’être vu pour l’exactitude des propos concernant Morrissey, le génial chanteur des Smiths, mais pour sa peinture musicale de Manchester. Réalisé par Mark Gill,  ce dernier s’est épris d’un acteur à la carrière prometteuse : Jack Lowden. Dunkerque a été un champ de bataille propice pour faire état de son talent. England is Mine confirme une carrière pleine de promesses pour le jeune acteur.

England is Mine est un portrait de Steven Patrick Morrissey et le début de sa vie à Manchester dans les années 70 avant qu’il ne devienne le chanteur emblématique du groupe The Smiths.

L’entourage de Morrissey n’est pas tendre avec ce film, pour eux le jeune Morrissey campé par Jack Lowden, est une représentation erronée du leader des Smiths. Il faut dire que England is Mine prend des libertés, et fantasme les débuts d’un chanteur emblématique. Bien qu’il puisse faire grincer des dents à quelques néophytes, il serait triste d’oublier la technique du film à travers ses choix esthétiques pertinents, notamment à la lumière et au son.

 

La pâleur bleuâtre de Manchester est finement filmée. Le film décrit une perception triste et délicate de sa ville. Une description morose d’une ville qui ennuie et fait souffrir le héros par son conformisme.  Par contre, le chef opérateur se fera un plaisir de proposer des couleurs plus chaudes quand Morrissey est en compagnie de son amie – amour ? –  Linder Sterling interprétée par Jessica Brown Findlay qui délivre également une agréable performance néanmoins écrasée par l’aura de Jack Lowden.

L’acteur est majestueux et démontre qu’il sait en découdre pour interpréter un des grands noms de la scène anglaise. Son jeu d’acteur est fascinant, tant l’enjeu émotionnel existe par les jeux de regard.

L’implication de l’acteur dans le rôle du chanteur se matérialise dans la puissance de son regard, qui parvient à exprimer une multitudes de choses, de luttes internes. Par ce biais, il arrive à déclencher le rire, la tendresse et une foule de sentiments. Ses comparses ne sont pas en reste, notamment Linder, un personnage féminin fort, d’une utilité capitale à l’évolution psychologique de Morrissey.  Linder est représentée comme la clé qui ouvre le personnage de Steve au spectateur et à la scène.

Difficile mais bien pensé, la lutte de Morrissey se passe dans sa tête. Une lutte intérieure autour de sa carrière : monter sur scène et cesser d’aller travailler en tant que fonctionnaire derrière un bureau pour éviter une aliénation inexorable, c’est bien toute la pensée du personnage quant à sa condition. Féru de littérature, timide et critique des jeunes musiciens qui jouent à Manchester, le futur chanteur est présenté comme imbu de lui-même, hautain et solitaire. Son plus gros obstacle n’est autre que lui-même.

Il est indéniable qu’il manque quelque chose qui pousserait le film vers des hauteurs splendides. Quelques fulgurances dans l’utilisation des cadres et de la caméra parfois dansante et ingénieuse. Le rythme du film est grandement appréciable par la volonté du scénario de prendre le temps d’éviter les scènes déjà-vu. Cependant, le film n’évite pas les temps morts et s’essouffle par moments. Il aurait été louable de développer des scènes musicales donnant à voir une construction musicale et scénique du chanteur. Et il est certain que le film perd de sa superbe en ne développant pas la magie scénique du chanteur.

Pour les fans de rock alternatif Anglais, des Smiths et des biopics (oui, ça existe !)  il n’y a qu’une chose à faire : foncer. Mark Gill nous ouvre la porte pour un voyage temporel et musical appliqué et plein de bonnes volontés.

Pancake

Jeune scénariste, étudiant à Paris-Sorbonne et éventuellement critique de film

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