Après le remake assez controversé d’Evil Dead, Fede Alvarez revient avec Don’t Breathe, un survival en huis clos, toujours produit par Sam Raimi. Si la promo a été assez discrète, j’avoue que le concept pouvait se révéler prometteur, j’attendais même un peu ce film, comme pour combler la déception Green Room.
Comme dans la quasi totalité des survivals, l’intrigue de Don’t Breathe est extrêmement minimaliste, ce qui apporte beaucoup à l’immersion du spectateur dans l’action. Et force est de constater que ça fonctionne, les péripéties sont suffisamment variées pour qu’on soit tenus en haleine (changement de décors, constante évolution du rapport de force entre les personnages…). Cependant, si certains survivals arrivent à jouer de ce minimalisme pour traiter de grands thèmes en filigrane ou proposer de vrais arcs pour leurs personnages (Fury Road, Délivrance, Apocalypto…), c’est pas vraiment le cas ici. En fait le film souffre pas mal du sous développement des personnages : Money est horriblement cliché donc impossible de s’y attacher, même si ça ne gêne pas longtemps et Rocky est la seule parmis les “héros” à avoir des motivations, même si on ne peut pas parler d’évolution de personnage. Par contre, l’aveugle, campé par un Stephen Lang qui en impose, est un antagoniste plutôt intéressant, notamment grâce à un twist plutôt malin qui le rend beaucoup plus menaçant (difficile d’en dire plus sans spoiler).
L’antagoniste étant aveugle, son ouïe est très développée, il est donc primordial pour les personnages principaux de n’émettre aucun son. Exit donc les dialogues qui paraphrasent l’action, Alvarez a compris qu’il fallait faire passer un maximum de chose par la mise en scène, et c’est très réussi. En effet, elle se tient sur toute la durée du film sans baisse de régime et le réal se permet même beaucoup de fulgurances dans son découpage et ses cadres anxiogènes. Il y a une vraie variété visuelle dans le film: selon les situations Alvarez trouve le moyen de filmer de différentes façons la maison. Par exemple, la découverte des couloirs et des pièces est filmée dans un plan séquence génial dirigé par les mouvements des personnages et par des raccords regards; alors que d’autres scènes sont plus découpées ou éclairées différemment par exemple. On a presque l’impression de redécouvrir des pièces de la maison au fil des séquences.
Le sound design est lui aussi très travaillé, avec un jeu plutôt intéressant sur la dynamique sonore du film. Notamment lorsqu’on adopte le point de vue de l’aveugle dans des scènes où le mixage sonore est un peu sur-mixé et confus, ce qui est justifiée par sa perception sonore très sensible. A l’inverse, d’autres scènes sont presque privée de son, ce qui, dans une salle de ciné est assez opressant.
Au final, Don’t Breathe n’est clairement pas un grand film, mais Alvarez est un bon artisan de la peur qui sait rendre immersifs des principes scénaristiques déjà vu pour un résultat qui se révèle être une bonne surprise prenante et divertissante.