Après la critique positive de Doc Ciné sur le succès surprise Victoria, Étienne ne pouvait pas laisser passer ça et vous propose une vision plus contrastée de ce film allemand qui a tant fait parler de lui. Contre-critique.
Trois points
- On ne voit rien de Berlin parce que pour les biens du tournage il a fallu se contenter de trois pâtés de maison. Bien sûr, ils ont tourné en pleine rue la nuit, c’est dingue, bravo, mais tourner en rond sur deux blocs alors que la ville avait tellement à offrir, pourquoi ? Ah oui, parce qu’on ne peut pas couper… dommage.
- Le fait que les acteurs, bien qu’ils soient libres d’une certaine manière, sont finalement contraints d’improviser une partie des dialogues et la première partie du film s’en trouve nettement appauvrie : en attendant que l’intrigue se précise et que le film devienne plus haletant, le spectateur doit en passer par des scènes lourdes et banales d’errances (qui auraient pu être belles, qui auraient pu être un film en soit) dont on sent qu’elles sont un prétexte pour la suite. D’ailleurs les invraisemblances du scénario (assez grotesques) ne se justifient que par les épisodes dramatiques qui nous attendent et le besoin de mener le spectateur coûte que coûte jusqu’à la deuxième moitié.
- Et c’est le hic qui dérange avant tout. Le plan-séquence opère sans césure, sans coupe, il nous fait vivre au présent et oublier que nous sommes dans un film, oublier que nous sommes au cinéma hors on ne voit jamais la caméra autant que dans Victoria, la faute à ce parcours du combattant pour le chef opérateur. Dans l’ascenseur, on est bien serrés tiens. Dans la voiture, une place est réservée à l’avant pour la caméra, comme si elle était un personnage. Quand les jeunes montent sur le toit, Victoria passe la première par l’échelle puis… La caméra ! Ce n’est pas un personnage, un regard à la première personne, c’est littéralement la caméra qui monte, on sent le pauvre garçon qui doit grimper sans trop bouger, puis viennent les autres garçons. On se sent gêné pour l’équipe du film.