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revenge
Note de la rédaction :

1 an après Grave, une nouvelle production Française s’apprête à combiner cinéma de genre et féminisme. Exit le cannibalisme adolescent de Julia Ducournau et place à une chasse à l’homme sous un soleil de plomb. Mêmes intentions, différentes configurations. Revenge marque-t-il une nouvelle étape vers un cinéma français moins consensuel ?

Tout le scénario de Revenge est condensé dans son titre. Jen, une lolita de Los Angeles, est amenée dans la maison de vacances de son amant. Violée et laissée pour morte, elle va revenir accomplir sa vendetta. Armée jusqu’aux chevilles, elle traquera ses agresseurs dans toute la pampa. Sans aucun répit.

Comme il est courant dans le genre, l’introduction peine à passer la seconde. Stagnant un quart d’heure de trop, son exposition fait du surplace. Pourtant, dès le deuxième acte, on embarque dans un roller-coaster d’une impressionnante brutalité. Tous piégés, les doigts de pieds dans le sable, c’est une déferlante de scènes d’actions où l’hémoglobine coule à flot. Un torrent de globules rouges qui inonde l’écran pour mieux satisfaire une pulsion, un besoin irrépressible. Car si le scénario de Revenge est binaire, c’est pour délivrer une expérience hautement cathartique. Les personnages masculins subissent sévices et coups du sort pour au final n’être que des carcasses tranchés, criblées de balles et carbonisées. Une expérience jouissive et grand-guignolesque qui évacue une injustice subit depuis trop longtemps.

A l’écran, ça se traduit par un jeu à la fois morbide et astucieux laissant néanmoins passer quelques séquences maladroites. En effet, Revenge subit les affres d’un premier degrés omniprésent. Par exemple, la séquence de renaissance comporte des éléments tellement risibles qu’il sera difficile de ne pas laisser échapper un rictus. Ces éléments sont tellement en opposition avec son carnavalesque bain de sang qu’ils sèment le trouble concernant le ton adopté. D’un côté, les métaphores arrivent sur des sabots de plombs. De l’autre, l’aspect survival penche vers un jusqu’au-boutisme totale. Les snipers semblent être aussi habiles que s’ils maniaient un pistolet Nerf, les munitions sont infinies tout comme l’essence, les personnages n’ont ni faim ni soif. Ce déséquilibre montre un scénario manquant d’assurance. Fargeat, connaissant ses limites, préfère grignoter à tous les râteliers pour combler un maximum de spectateurs.

Car la générosité et le fun qui s’échappent de l’ensemble l’emportent sur les défauts de son intrigue. Malgré son étiquette rape and revenge, le film s’oriente beaucoup plus vers le film d’action. Un genre sur-codifié, poncé jusqu’à la racine dont on trouve plusieurs citations directement issues des mètres étalon habituels. Pourtant, cette catégorie n’a que peu offert d’héroïnes traitées à leur juste valeur. Revenge rectifie ce manque.

Le film comble aussi une absence dans notre pays, puisque Revenge est, rappelons-le, une production française. Dans nos vertes prairies, les actioners occasionnels se seraient contentés d’une mise en scène décalquée sur le modèle américain. Compilant mouvements de caméra épileptiques et gun fight en ping pong. Ici, Coralie Fargeat esquive la Bessonade pour choisir une autre approche. Beaucoup plus raisonnable et travaillée. Avec une grande utilisation de steady-cam, le film montre une traque animale sans temps mort. La violence qui anime Jen est figurée avec justesse. Tout comme l’urgence permanente, assommant les personnages. La puissance qu’acquiert Jen à mesure du métrage est transmise grâce à un génial jeu de focale. La photographie et l’étalonnage exacerbent les gammes de couleurs pour peindre un univers aride et âpre. Amplifiant l’aspect survival d’une strate supplémentaire et enrichissante.

En définitive, Revenge est un actioner féroce qui a de quoi laisser perplexe par son scénario prétexte et son premier degré ronflant. Pourtant, il est terriblement attachant par son héroïne et l’acharnement de sa réalisatrice à offrir une série B féminine fun et sans a priori . Une « Bis-erie » divertissante, contenant beaucoup plus de fond qu’à l’accoutumée.

Keyser Swayze

Biberonné à la Pop Culture. Je tente d'avoir une alimentation culturel saine et variée, généralement composée de films qui ne prennent pas leurs spectateurs pour des cons. Carpenter, Wright et Fincher sont mes maîtres.

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