Deux ans après le jouissif Pacific Rim, Guillermo Del Toro revient avec Crimson Peak, que n’aurait sans doute pas renié Tim Burton.
« C’est pas le film de l’année mais c’était cool », ai-je entendu à l’issue de la séance. L’argument est direct, puissant, implacable, certes peu étoffé mais il a le mérite de taper juste, étonnamment d’ailleurs pour le Pathé Bellecour, où, si j’en crois son comportement, le QI du spectateur moyen n’atteint qu’à grand peine celui de la moule agonisante (1).
Conte à l’histoire sans surprise, Crimson Peak aurait été, entre les mains de n’importe qui d’autre, un produit quelconque. Mais Guillermo Del Toro, sans atteindre le niveau des Hellboy ou du Labyrinthe de Pan, livre un film plaisant (lire notre dossier sur le cinéaste culte). S’il faut malheureusement en attendre la seconde partie pour retrouver, à travers certains décors ou l’aspect organique des fantômes, des éléments répondant au design habituel de son univers, Crimson Peak est une réussite visuelle, à la fois par le soin apporté à la photo et le jeu des couleurs, le plus souvent très réussi. Le réalisateur en abuse certes par moments, notamment lors de la scène finale, mais certains plans sont somptueux, en particulier dans le manoir grâce à l’utilisation du vert, originale et génératrice d’une atmosphère d’étrangeté et de décrépitude qui sert pleinement le scénario.
En outre le film bénéficie du jeu des excellents Tom Hiddleston et Jessica Chastain, qui parviennent à insuffler une dimension tragique à leurs personnages sans s’égarer dans la caricature. Comparativement, celui interprété par Mia Wasikowska apparaît bien fade.
Ces qualités ne font toutefois pas oublier le peu d’intérêt du scénario, dont la prévisibilité, non compensée par une mise en scène qui ne génère pas de réelle tension, fait de Crimson Peak un film mineur dans la carrière de Guillermo Del Toro.
(1) Merci de bien vouloir noter, plèbe vengeresse, que je n’accepte les commentaires d’insultes que s’ils sont rédigés en alexandrins. Exemple :
Foule populacière, tempère ta colère
Et ton souffle putride, aux vieux relents de bière
Tu juges mon avis brutal et méprisant,
Agressif et blessant, nul et sans fondement
Aussi, et sans tarder, je vais te conseiller
De prendre un long moment pour bien te regarder
Consulter ton smartphone quand le film apparaît
Et passer la séance à toujours discuter
A quel point faut-il être un bien sombre crétin
Pour croire qu’au cinéma on est seul et je tiens
A te rappeler, prépare-toi, l’étonnante vérité :
Si les autres ont payé, ce n’est pas pour t’écouter
L’auteur du meilleur poème gagnera une pinte.