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Le crime de l’Orient-Express – Critique

By 4 décembre 2017Critiques
le crime de l orient express
Note de la rédaction :

Kenneth Branagh donne un coup de jeune au crime le plus célèbre du monde…

Doc Ciné a eu la chance d’assister à une avant-première mondiale du film Le Crime de l’Orient-Express mis en scène et interprété par Sir Kenneth Branagh. Ce dernier nous a même fait l’honneur de répondre à quelques questions juste après la projection.

Résumé : Hercules Poirot, célèbre détective, est troublé lors de son voyage à bord de l’Orient Express lorsqu’un crime a lieu : tous les passagers qui semblaient sympathiques deviennent suspects. Il doit alors reprendre du service et découvrir qui est le coupable avant que celui-ci ne frappe à nouveau.

Une oeuvre culte

Difficile de s’attaquer à une œuvre culte et déjà adaptée plusieurs fois au cinéma et à la télévision, dont la révélation finale est connue d’avance. Il en fallait plus pour décourager  Kenneth Branagh de donner un petit coup de jeune au livre de l’auteur britannique Agatha Christie. Il lui rend même un bel hommage et Le Crime de l’Orient-Express est un film divertissant en cette fin d’année.

La mise en scène est soignée. Le rythme est assez bien dosé, on ne s’ennuie pas, l’image est belle et on sent que le réalisateur souhaite rendre hommage à l’âge d’or d’Hollywood. Un travail minutieux a été fait sur les costumes et les décors entre luxe et aspect rétro. Le wagon restaurant est très réussi et donne envie d’y être. L’ambiance oppressante liée à l’espace restreint des wagons lits est assez marquée. Les paysages sont également agréables à regarder, même si l’on sent parfois l’aspect « effets spéciaux ». On notera également le joli travail sur la musique avec son acolyte Patrick Doyle.

Le film se découpe en deux parties bien distinctes, renforcées par les couleurs : d’un côté la liberté et la joie liées au voyage, la richesse et l’opulence (notamment la nourriture) ; et de l’autre la noirceur, le confinement et presqu’un côté sale qui va de paire avec le crime : le restaurant et les wagons lits, au départ impeccables, offrent une nouvelle apparence au lieu et sont un écho aux nouveaux visages des voyageurs devenus suspects. Le piège qui se referme sur les personnages est d’ailleurs renforcé par la scène de l’avalanche.

Le film s’ouvre, dans sa première partie, sur des espaces vastes, très colorés et chauds qui renforcent le sentiment de liberté des personnages  ce qui va contraster avec la suite. Le huit clos développé dans la deuxième partie fonctionne plutôt bien puisque l’ambiance est froide, pesante et oppressante : le danger imminent autant intérieur qu’extérieur (le mystérieux meurtrier, l’attente et le nouveau risque d’avalanche). La liberté offerte dans les premières scènes ne fait que renforcer le sentiment d’étroitesse que l’on ressent dans les scènes du train. La mise en scène de la découverte du corps est très réussie : le spectateur se retrouve dans la même position qu’un voyageur de l’Orient-Express, la caméra montrant seulement Hercules Poirot entrer dans la cabine, on ne sait pas de qui il s’agit ni comment il a été assassiné. Le sentiment de confinement est total. On ressent d’ailleurs l’hommage plus qu’assumé aux films d’Alfred Hitchcock.

L’enquête et la révélation finale sont en définitive très rapides, ce qui peut être décevant mais l’histoire étant si connue, elle laisse place à peu de suspense. Cependant la scène est intéressante et intense, traitée en noir et blanc (comme toutes les scènes de flashbacks du film) montrant l’implication de chaque personnage. Kenneth Branagh a d’ailleurs justifié ce manque de suspense par le fait qu’il ne voulait pas manipuler son audience et lui offrir un récit simple.

Un key casting

Il faut le dire, le film tient sa richesse par la présence des interprètes qu’il met en scène. Cela n’est pas étonnant puisqu’expert en adaptations théâtrales, le réalisateur apporte un soin particulier aux performances et aux personnages. Chose amusante, Judi Dench fut la première à être approchée lors du casting. Elle est apparue comme « key casting » (selon les mots de Kenneth Branagh) puisque les autres comédiens ont souhaité participé au film dès qu’ils ont été au courant de sa participation. Parmi cette jolie troupe, nous avons été marqués par la présence de Leslie Odom Jr, connu pour son rôle dans le musical Hamilton, Daisy Ridley, dans un rôle différent de celui qu’elle tient dans Star Wars. Ces deux derniers sont très élégants et touchants. Michelle Pfeiffer est magnifique, interprétant même de manière émouvante une chanson proche de l’agonie dans le générique de fin.  De son côté, Johnny Depp ne surjoue pas (pour une fois depuis des années). On regrettera l’absence de développement de certains personnages, celui de Pénélope Cruz en tête. Il est certes difficile de développer plus de 10 rôles au cours du film. Le réalisateur a d’ailleurs précisé qu’il avait évité les répétitions lors du tournage afin de générer plus de nervosité dans le jeu des comédiens.

Quant au rôle titre, Kenneth Branagh interprète le célèbre enquêteur belge Hercules Poirot, dont l’accent sera sans doute critiqué par certains. Ce dernier nous a d’ailleurs confié qu’il avait travaillé pendant 9 mois afin de parfaire son accent. Cet accent lui confère un aspect assez fantasque et original, à l’instar de sa moustache coupée au millimètre, qui le démarque assez des autres enquêteurs célèbres. Il est parfois à la limite de l’excentricité (la scène de lecture avant le crime) mais il propose une nouvelle dimension au personnage, davantage dans l’action physique, offrant aussi des moments assez comiques et développant des aspects de sa vie privée jusque là inconnus.

C’est d’ailleurs la problématique du jugement moral du détective qui est véritablement au cœur de l’intrigue et révèle l’enjeu principal : qu’est ce que la justice ? Quelle est la limite entre le bien et le mal ? On sent que Kenneth Branagh a souhaité mettre l’accent sur le conflit intérieur du héros. La phrase « The lost is still there, it still hurts » est assez lourde de sens et montre que peu importe le crime, ses conséquences et les agissements des personnages, ceux-ci sont marqués à jamais, la perte et la douleur ne disparaitront jamais.

Quant à une suite, la fin ouverte n’exclut rien mais seul le public décidera de l’avenir du personnage. De son côté, Kenneth Branagh ne nous a pas caché qu’il serait plus que ravi de reprendre le rôle.

En bref : Servi par de beaux interprètes, Le Crime de l’Orient-Express est un film sympathique et très divertissant qui tente de moderniser une œuvre ultra connue d’Agatha Christie. L’ambiance est réussie grâce à une belle mise en scène, les costumes et les décors sont travaillés. On regrettera cependant un peu la rapidité de la révélation finale et l’absence de développement de certains personnages qui aurait pu enrichir davantage le film. Typiquement le genre de film qu’on aime regarder avec un chocolat chaud quand il neige dehors, pour que l’expérience soit totale. 

Julie

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